Le résumé de Lou et l’île aux sirènes de Masaaki Yuasa peut rappeler Ponyo sur la Falaise, de Hayao Miyazaki, autre grand nom de l’animation japonaise.
Pourtant et bien que les deux films présentent quelques similitudes, notamment au niveau des personnages qu’ils mettent en scène, ils se distinguent par de nombreux aspects. En effet, les deux films tournent autour de la rencontre entre un garçon et une sirène, mais on pourrait presque considérer que la comparaison s’arrête là.


Lou et l’île aux Sirènes est un véritable tsunami de fraîcheur qui emporte tout sur son passage. Dès les premiers instants, on est immergés, émerveillés, dans ce monde merveilleux peuplé de personnages originaux et de créatures fantastiques et invraisemblables, qui amusent et étonnent : Des sirènes-vampires (l’idée première de Yuasa était d’ailleurs de réaliser un film de vampires) chanteuses, un roi-requin, des squelettes de poissons vivants, des chiens-sirènes, des poissons-poulpes et autre Mamy Poulpi…
Le tout dans un univers psychédélique bariolé qui participe au sentiment de bonheur que crée le film.


L’animation est également très réussie et très vive; certaines transformations et métamorphoses impressionnent véritablement, de même que les scènes de danses et des jeux avec l’eau. Les formes et couleurs s’étirent, se croisent et se modifient pour donner naissance à des nouvelles formes étonnantes.


Tout en partant dans de nombreuses directions et en présentant des personnages haut en couleur, le film parvient à trouver un certain équilibre. Chaque scène semble être « dosée » par rapport aux autres, pour ne jamais tomber dans des extrêmes, et le film parvient ainsi à éviter l'indigestion.


On pourrait lui reprocher son histoire, pas tellement originale.
On pourrait lui reprocher ses « méchants », pas tellement originaux.
On pourrait lui reprocher son humour, pas toujours très recherché.
On pourrait même lui reprocher sa morale, assez évidente, qui pourrait se résumer par : « les méchants c’est pas très bien, l’entraide et l’amitié c’est mieux ».
Tout cela peut lui donner un côté un peu « enfantin », qui pourrait déplaire.


Mais…est-ce vraiment important ? il semble pourtant très facile de passer outre, tant le film a à offrir. On sait que les méchants ne le sont pas vraiment, que rien de tragique n’arrivera. Tout est (trop) beau, coloré, joyeux, avec des musiques qui donnent envie de se trémousser sur son siège, cédant au chant de la sirène.
C'est un véritable feel good movie qui nous parle des différences, de l’altérité, du respect, de différentes générations, des difficultés d’être ado et adulte… et qui fait un bien fou au moral.


Il est toutefois possible de ne pas accrocher du tout à cet univers totalement fou, souvent absurde, de considérer tout de même que tout va trop loin, que tout est trop coloré, ou encore d’être agacé par les musiques presque omniprésentes, ou par les voix parfois criardes des personnages. En un sens, le film demande de laisser certains a priori de côté, pour pouvoir l'apprécier pleinement. Et j’ai préféré me laisser porter par ces vagues sans trop me poser de questions, parfois ça fait du bien.
Comment rester de glace face à Lou et à ce torrent de couleurs et de joie ?

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le 16 févr. 2018

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Anyore

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