La beauté d'une sirène, en musique

Yuasa est, à l'heure actuelle, un de mes réalisateurs d'animation préféré, tant il possède un style à part et une vision du média qui divise. En effet, loin de désirer rendre ses œuvres accessibles au plus grand nombre, il préfère souvent aller au bout de ses idées visuelles et scénaristiques plutôt que de conforter le spectateur.

Lou et L'île aux Sirènes reste dans cette continuité tout en étant finalement l'une des œuvres les plus soft de son répertoire, avec une idée de base classique et un schéma que l'on connaît déjà bien : l'adolescent mal dans sa peau après le divorce de ses parents, son envie d'explorer ses capacités musicales malgré les interdictions de son père, la peur d'un village et de ses habitants face aux sirènes qui habiteraient dans les profondeurs océaniques...

Et surtout un mélange entre contes, traditions,et modernité, thème récurrent dans l'animation japonaise. Pour autant, le film est loin de se reposer sur son socle confortable, et offre une nouvelle fois une approche inédite de l'animation, avec des corps à la physique élastique, voire même liquide, dans une fluidité impressionnante avec des décors pastel somptueux. C'est bel et bien la force de ce long métrage qui, couplé à une bande son agréable et électronique, fera osciller notre envie de sourire et de danser de nombreuses fois. Il y a aussi cette exploration du déplacement des décors en même temps que les personnages qui donne un dynamisme sans pareil à certaines séquences.

Si les trente dernières minutes deviennent un festival de non sens, c'est pourtant en adéquation avec un humour absurde qui jalonnent l'histoire, où les réactions des habitants de l'île face aux événements nous paraîtront souvent improbables.

En bref, Lou et L'île aux Sirènes réussit son pari d'être une belle création, pleine d'idées originales et confirmant une nouvelle fois le statut de Yuasa comme d'un intouchable de l'animation.