Le cinéma dans le jeu vidéo et le jeu vidéo dans le cinéma

Depuis sa création, le jeu vidéo n’a cessé de puiser son inspiration dans le cinéma. Souvent décrié comme un produit industriel fabriqué à la chaîne pour une jeunesse en manque de vie sociale, le 10ᵉ art s’est hissé, par son évolution technique et artistique, comme le médium culturel le plus influent de ce siècle. Il était donc évident que des cinéastes ayant joué toute leur vie s’inspirent à leur tour du jeu vidéo pour créer leurs films (la matrice de cette mouvance étant Scott Pilgrim d’Edgar Wright).


Love and Monsters raconte l’histoire de Joël, jeune homme mal dans sa peau, qui décide, sur un coup de tête, de partir rejoindre son ancienne petite amie Aimee qu’il n’a pas vu depuis sept ans. Le hic c’est que la terre est maintenant dominée par des insectes mutants après que l’Homme aient eu la bonne idée d’envoyer des missiles atomiques sur une météorite. Pour ne pas arranger les choses, notre protagoniste est aussi pétochard qu’incapable, pour ne pas dire insupportable. Accompagné de son chien “Boy”, Joël devra parcourir une centaine de kilomètres dans un environnement où la moindre bestiole auparavant inoffensive est devenue un engin de mort. Voilà le pitch du film qui se veut, selon son producteur, comme un mélange entre Mad Max et Zombieland auquel on aurait accolé une histoire d’amour John Huguesque. Cependant le gamer averti aura déjà reconnu à quels jeux font références les noms des protagonistes ou la présence d’un chien dans un univers post-apocalyptique.


Aussi horrible que soit la retraduction du titre (à l’origine Monster Problems), il faut reconnaître qu’elle résume parfaitement le film : une comédie romantique parsemée de gros monstres. Mais ce sont ces gros monstres qui font toute la différence. Il y a ici une véritable envie de créer un univers bariolé et foisonnant. La générosité avec laquelle sont présentées les créatures qui peuplent ce nouveau monde devient rapidement un plaisir de tous les instants. On s’amuse des détails de leur design et on a qu’une hâte : voir le prochain. Joël, aussi émerveillé et effrayé que le spectateur, les dessinera régulièrement dans un carnet (qui prendra une importance thématique à la fin), au même titre que les héros de beaucoup de jeux modernes. L’influence vidéoludique se distille ainsi dans les combats où l’on retrouve des tropes typique du médium comme le lancer d’objet pour distraire l’ennemi, la grenade dans le chebou de la grosse bête qui veut nous manger tout cru ou les moments quasiment QTE. Il est d’ailleurs intéressant de voir qu’une des scènes finales repose sur un choix à deux possibilités réalisée exactement comme dans un jeu vidéo.


Malheureusement, le film souffre d’un scénario convenu et prévisible alourdit par l’écriture Young Adult des personnages bien trop conscients de leur utilité dans le récit : le héros maladroit, la love interest, les mentors, le méchant beau gosse… Et ne parlons pas de l’acteur principal Dylan O'Brien (déjà vétéran du genre avec la saga Le Labyrinthe) dont les couinements ont le don d’anéantir la patience de tout être normalement constitué. Le film connaît ses défauts et joue avec, ce qui lui donne un côté attachant mais nous laisse avec cette question amère : pourquoi ne pas avoir amélioré le récit plutôt que de se cacher derrière cette façade post-moderniste ? Le ponpon étant cette morale finale où l’on nous exhorte à sortir de notre zone de confort pour découvrir à quel point le monde du dehors est beau. Pourquoi pas mais on ne peut plus sortir justement. Arrête de jouer avec nos sentiments, film !


Malgré ses défauts, on se saurait qu’être indulgent face aux bonnes intentions de ses créateurs. Love And Monsters se veut avant tout comme un film d’aventure avec un grand A et c’est assez rare pour le souligner.


Un Quick Time Event (abrégé QTE) est, dans le jeu vidéo, un élément de gameplay de type action contextuelle consistant en une phase particulière où l'exécution des indications affichées à l'écran dans un temps imparti conditionne une issue pré-calculée.


Critique originale : https://www.lecroqueshow.com/post/critique-love-and-monsters-le-cin%C3%A9ma-dans-le-jeu-vid%C3%A9o-et-le-jeu-vid%C3%A9o-dans-le-cin%C3%A9ma

mangaone15
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le 6 mars 2021

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