Love Letter par Gewurztraminer
Où l'on se rappelle que la Nikkatsu sait aussi livrer des portraits de femme très conventionnels comme dans ce Love Letter, roman-porno 'de luxe' produit à l'occasion des 10 ans du concept. Evocation de la vie sentimentale du poète Kaneko Mitsuharu, célèbre pour son opposition aux régimes établis et son ouverture sur l'Occident. A travers le portrait de sa maîtresse, Love Letter illustre un schéma sociétal rétrograde où la femme recluse n'existe que par le biais de son homme. Ainsi le tournant dramatique assimile un flirt de l'amante délaissée à une trahison envers un homme ne s'embarrassant pas de telles considérations. Le portrait s'attachant à montrer l'ennui et la oisiveté d'une femme cloîtrée et dépendante. Après deux beaux film pour le compte de l'ATG (Third et La vie n'est plus facile), Yoichi Higashi déçoit et fait montre d'un traitement psychologique très académique et superficiel, s'attachant sur les moments creux exaspérés. Sauf que le cinéaste n'a manifestement pas grand chose à dire à l'image des plans récurrents de la maîtresse en larme devant les déchets de pastèques lancés par des voisins ivres et heureux de vivres. La composante poétique reste cantonnée à de plates discussions romantiques ; l'acteur principal optant par instants pour un ton cabotin des plus déplacé. Projet grand-public, l'élément érotique peu présent n'appuie aucunement la composition passionnelle fondamentale du propos, se contentant d'ellipses d'ébats et de corps dénudés au repos. Récit sur la passion et le malentendu, Love Letter renie l'énergie vitale de ces portraits sensibles et s'abîme dans un académisme désincarné qu'une mise en scène plate n'arrange en rien.