Ryan Gosling et Kirsten Dunst dans un film inédit en salles, mais heureusement rattrapable ici, car ce thriller familial est fort, tendu, et ses interprètes sont parfaits, surtout Ryan, en mec très perturbé. Un film qui bénéficie du charme de ses acteurs et d'un travail intéressant sur la psychologie des personnages. Cela compense une intrigue qui n'est pas des plus originales.

Clin D'œil :

Inspiré d'une affaire criminelle qui passionna l'Amérique des années 80 :

Le meurtre de Susan Berman arrive très peu de temps avant que celle-ci ne doive être entendue par la police, dans le dossier tout juste réouvert de la disparition de Kathleen McCormack Durst. À l'époque, Susan Berman passait pour être la confidente, voire la complice, de Robert Durst. Fâcheuse coïncidence pour celle qui aurait été sur le point de tout révéler. Après la découverte du corps de Berman chez elle, la police interroge Robert Durst, mais le relâche.

L'affaire Morris Black et le déroulement du procès sont encore plus incroyables. Durst, qui tente, au choix, d'échapper à sa famille ou aux accusations de meurtre, se réfugie au Texas, au début des années 2000. Il vit à Galveston dans un petit appartement à 300 dollars le mois, travesti en femme muette. Le corps de son voisin est retrouvé démembré : une partie dans une valise, l'autre dans des sacs-poubelle flottant dans la baie.

Peu de temps après, Durst est arrêté en Pennsylvanie pour vol à l'étalage (un sandwich au poulet), malgré une valise remplie de billets dans sa voiture. Il est à nouveau entendu par la police, mais paye sa caution. Au cours du procès, en 2003, on lui diagnostique le syndrôme d'Asperger, une forme d'autisme. Même si Durst avoue avoir découpé durant une nuit entière le corps de Morris Black, ses avocats, malins, plaident la légitime défense (Black aurait attaqué Durst) et justifient le carnage du corps de Black par une sorte de délire post-traumatique de Durst. Le jury l'acquitte sous prétexte qu'un « doute raisonnable existe ». Le milliardaire s'en sort encore, même si certains actes commis durant sa cavale et avant son arrestation, lui valent quelques mois de prison. C'est à ce moment que le réalisateur Andrew Jarecki reprend l'enquête.

Un film, un documentaire, une arrestation :

L'acquittement pour meurtre de Robert Durst n'a satisfait personne, surtout pas Andrew Jarecki, qui se lance dans une enquête de plus de dix ans sur le milliardaire. En 2010, il sort le film Love and Secrets, une fiction où Ryan Gosling joue un rôle inspiré de Durst et Kristen Dunst celui de Kathy McCormack. Le long-métrage, qui s'attache à la relation entre le milliardaire et la dentiste, puis le délitement de leur relation et la violence de Marks, se termine sans vraie résolution. Bien que Jarecki ait sa propre idée de la vérité.

Ryan Gosling l'a aussi. Interrogé à la suite des révélations de HBO, l'acteur indique avoir voulu « raconter cette histoire, mais, évidemment, ne pas prétendre connaître la véritable personne qui se cache dans cet homme ». « Nous n'avons pas essayé de le juger. (...) Mais c'est un homme très compliqué. »

Après avoir vu le film, c'est Robert Durst lui-même qui contacte le cinéaste et lui propose de tourner un documentaire sur sa vie, afin de donner sa version. Jarecki reprend l'enquête, interroge les proches, les ennemis, la famille, les enquêteurs, les avocats. Tous ont leur opinion. Non-coupable et grand malchanceux pour certains, responsable et en cavale depuis trop longtemps pour d'autres.

Au fil de son enquête, retracée dans six épisodes diffusés entre le 8 février et le 15 mars 2015 sur HBO, Jarecki creuse les zones d'ombre. Si tout semble l'accuser, aucune preuve tangible n'existe. D'où, sans doute, l'arrogance de Durst à commander un documentaire sur ses affaires.

Dans l'avant-dernier épisode, le journaliste semble avoir trouvé le lien entre Robert Durst et le meurtre de Susan Berman, en 2000 : une lettre retrouvée dans les affaires de Durst, adressée à Berman et dont l'écriture correspond à celle de Durst. Deux jours après la diffusion de l'épisode 5, dimanche 8 mars, la police de Los Angeles rouvre l'enquête sur le meurtre de Berman.

Tout s'accélère dramatiquement avec l'épisode 6 final. Durst, confronté à la lettre, nie. L'interview se termine, mais les caméras et son micro tournent toujours. Le milliardaire s'isole aux toilettes, grommelle des phrases sans trop de sens et lâche : « Il avait raison. J'ai eu tort, murmure-t-il. Qu'est-ce que j'ai foutu ? Je les ai tous tués, bien sûr. » Jarecki a expliqué au New York Times que ce bout de phrase est passé totalement inaperçu durant deux années, avant que le journaliste ne tombe dessus et l'intègre au montage, la transformant en moment incroyable de télévision.

Dans un timing hollywoodien, peu de temps avant la diffusion du finale, la police annonce l'arrestation de Durst à la Nouvelle-Orléans dans l'enquête sur l'exécution de Susan Bernan, dans laquelle il risque la peine capitale s'il est reconnu coupable. Kathleen McComarck, sa femme disparue en 1982, reste, elle, toujours introuvable.

M.à.J : Après son arrestation en Nouvelle-Orléans en octobre 2015, la juge refuse de libérer sous caution en raison du fait qu'il possédait du cannabis et une arme à feu lorsqu'il a été interpellé. Plus de six ans après ses aveux accidentels, Robert Durst a été condamné à la prison à la perpétuité par le tribunal de Los Angeles pour le meurtre de Susan Berman. Aucune liberté conditionnelle ne lui a été accordée. Les soucis de santé se multiplient par la suite. Hospitalisé deux jours après sa condamnation, il contracte le Covid-19 à l'automne dernier et fait une crise cardiaque lors d'une batterie de tests à l'hôpital de San Joaquin. Robert Durst est décédé à l'âge de 78 ans ce lundi 10 janvier. (Source : Vanity Fair)




Créée

le 28 mars 2024

Modifiée

le 28 mars 2024

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