Allie est une jeune trentenaire habitant depuis près de six ans à Brooklyn lorsqu'un soir, elle se fait agresser par deux hommes en pleine rue. Traumatisée et ne se sentant plus en sécurité à New York, elle décide alors de fuir ses problèmes en entamant un road trip américain avec des amis musiciens qui vont l'amener à Austin, Texas. Mais cette nouvelle destination ne va faire que croître son besoin de sécurité et va la pousser à franchir une étape symbolique pour tout texan : acheter une arme. Une descente aux enfers déguisée...

Loves Her Gun est un petit film américain sans prétention, avec au casting une actrice qui commence à faire ses preuves dans le milieu du cinéma indé et sur quelques séries (vous l'avez peut-être aperçu dans Banshee), la belle et talentueuse Trieste Kelly Dunn. Elle campe ici la victime d'une agression qui va retrouver refuge dans l'hyperviolence des armes.

Sans en être une réelle critique fondée (rappelons quand même que le port d'armes pour les citoyens est un fléau aux Etats-Unis, tuant chaque année des centaines de victimes innocentes), le film s'emploie à démontrer que, dès lors qu'une personne invoque le Second Amendement et son droit à porter une arme pour se protéger, c'est lui qui peut devenir un danger pour les autres.
Il y a notamment cette scène très parlante, où Allie vient à peine d'acquérir son arme à feu, et va menacer son voisin qui est en train de battre sa femme. La projection de la jeune femme dans la victime battue est alors pleine de sens, mais elle ne réalise pas que dans le faits, les rôles sont désormais inversés et qu'elle se retrouve dans la position qu'elle a fuit et dont elle a voulu se protéger.

Trieste Kelly Dunn est ainsi très convaincante dans son rôle de femme un peu perdue dans la vie, sans réelle attaches à New York, et brisée depuis son agression. Son œil au beurre-noir, trace physique évidente de cet événement est là pour lui rappeler sans cesse ce tragique soir, et si la marque s'estompe doucement tout au long du film, telle une cicatrice qui met du temps à se refermer, la guérison marquera l'étape ultime de cette inexorable descente aux enfers. La dernière scène est hautement symbolique, puisque sans aucune parole mais tout en regards et en gestes, elle arrive à montrer au spectateur qu'une arme n'est en aucun cas une solution pour régler un dommage, et qu'au contraire elle peut en créer davantage.

Malgré cela, le film pêche dans de nombreux domaines: le film souffre ainsi de nombreuses longueurs qui alourdissent le film (alors qu'il ne dure que 90 minutes, durée moyenne d'un film indé américain), censées montrer la lente évolution d'Allie mais qui en réalité ne sont juste là que pour remplir les blancs. Le cheminement psychologique et son besoin inépuisable de sécurité n'est souvent qu'implicite, ou alors trop explicite (les gestes ne suivent la parole qu'à partir de la fin). De plus, alors que le sujet des armes à feu devait être le sujet principal de cette oeuvre, il se retrouve relégué au second plan et n’apparaît réellement qu'à partir de la seconde moitié du film.
Enfin, le casting n'est pas exceptionnel, et mis à part l’héroïne principale, le reste des acteurs ne sortent pas vraiment du lot et sont d'une fadeur regrettable.

Loves Her Gun est donc un film certes dispensable, mais qui peut être considéré comme apportant une autre vision, moins conventionnelle et populiste que nombres de débats aux Etats-Unis, sur le port d'une arme et ses dérives au sein de la population.Il ne révolutionne en rien quelconque idéologie, mais a le mérite de montrer sans aucun trucages ou artifices les ravages qu'une agression peut avoir sur une victime, et sur sa guérison qui prend en réalité le chemin complètement opposé.
Thibaulte
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le 3 nov. 2014

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