Adaptation au cinéma de la légendaire pièce de Shakespeare, elle nous raconte la descente aux enfers et vers la folie d'un couple rongé par le deuil et la culpabilité en pleine Ecosse du moyen age sur fond de guerre civile.
Justin Kurzel essaye au mieux d'adapter la pièce en format cinéma avec plus ou moins de réussite. Doté tout d'abord d'un casting impressionnant avec un Michael Fassbender impérial, rongé par le remord et le doute et une Marion Cotillard qui s'en tire excellemment bien dans le rôle de l'instigatrice fourbe et manipulatrice ( et avec en bonus 0% d'accent français ). Sans oublier les seconds rôles qui remplissent parfaitement bien leurs devoirs ce qui est assez rare pour être mentionné, aucun faux pas du coté du casting.
Visuellement une bombe, une claque, magnifique, viscéral, splendide, l'un des plus beaux films de cette dernière décennie : Des paysages écossais à couper le souffle, une atmosphère et une ambiance haletante et oppressante, parsemé d'hallucinations, de morts qui marchent, le tout teinté d'un rouge sanglant et coupable. La première scène du film, une bataille, nous y plonge en plein dedans avec des ralentis épique et des personnages immobiles au milieu du chaos ambiant, perdu dans leur pensée. Sans oublier des effets de lumière et une brume ambiante qui ne s'estompera qu'a de très rare moment et seulement pour laisser place à des scènes d’intérieur étouffante et intimiste.
Je n'ai pas la chance d'avoir lu la pièce de théâtre par conséquent je ne saurai dire si l’interprétation et le texte sont bon et en accord avec l'oeuvre original. Mais de ce que je viens tous juste de voir c'est, à l'image des plans du film, très beau et lyrique. Les personnages se prêtent à de long monologue et lancent leurs vers et leurs couplets au spectateur avec une force et une interprétation admirable. L'évolution de Macbeth, un courageux thane écossais, en loque sans repère et larmoyant s'opèrent des le début du film avec l'apparition de 3 sorcières qui lui promettent la couronne d'Ecosse, hésitant, renâclant, il franchira le pas de la damnation sous les injonctions de son épouse froide comme une lame depuis la mort de leur enfant, au tous début du film, puis qui se retrouvera elle même dépassé par le monstre qu'elle aura façonner.
De par son aspect froid, brutal et silencieux, ce film me fait beaucoup pensé à Valhalla rising de Nicolas Winding Refn qui avait choisi le même cadre pour son film à la différence qu'ici Macbeth y est beaucoup plus bavard. Et également beaucoup plus bruyant puisque la musique n'est pas en reste et donne un superbe rendu. Elle sait se faire à la fois murmurante et majestueuse, insidieuse et violente et colle toujours ou presque à la scène.
Assurément une curiosité à ne pas mettre entre toute les mains, ce film souffre malheureusement à l'image de Valhalla rising d'un rythme très lent, voir même soporifique par moment. En même temps devant de telle images carte postale il est difficile de ne pas fermer les yeux afin de se laisser emporter par la bande son et les magnifiques plans gravé sur notre rétine. La scène finale clôt quand à elle à merveille cette pièce porté à l'écran en y rassemblant tous les éléments qui font de ce film l'un des meilleurs de 2015.