Installée depuis 10 ans dans en France, Elena est à la recherche de son passé. Entre tentatives de reconstruction et volonté d’aller de l’avant, elle est sans cesse rattrapée par ses vieux démons...
Madre de Rodrigo Sorogoyen est un film qui sait prendre le spectateur à contrepied. Après les 15 premières minutes d’ouverture, surement les plus intenses que vous verrez cette année sur vos écrans, le réalisateur d’El Reino, propulse son personnage principal 10 ans après une introduction haletante dont on ne demande qu’à connaître la suite des événements.
Alors, certes nous allons découvrir ce qu’il se passe après ce magnifique plan séquence tourné au grand angle, mais pas exactement sous la forme attendue. Madre aurait pu être un thriller noir sur une enquête policière internationale où auraient été relatés des éléments de l’histoire à rebours. En soi un mélange entre la saison 1 de True Detective à la patte Sorogoyen, à savoir des scènes de tension filmées de manière magistrale et qui implique le spectateur. Au lieu de ça, on a droit à un drame social classique sur la reconstruction post-traumatique.Changement d’ambiance.
Rodrigo Sorogoyen a pour réputation de manier la caméra comme peu de réalisateurs savent le faire. Et Madre en est une nouvelle fois la preuve. Plan séquence à rallonge, grand angle sur les plages landaises pour écraser son personnage dans le décor, changement de cadre en fonction de l’action, tout y est. Seulement, au contraire d’El Reino, ici la réalisation ne sert pas le scénario. Non pas que ces effets de style sont inutiles, mais le scénario et les différentes phases de l’histoire ne permettent pas au réalisateur de s’exprimer à sa juste valeur.
Pourtant, c’est ce dernier, accompagné d’Isabel Peña qui signent l’écriture du film. Son personnage principal, interprété par une Marta Nieto envahie par le rôle, est tout aussi perdu dans sa vie que dans sa tête. Elle multiplie les prises de décision, sans trop savoir au final ce qu’elle veut. Film sur le deuil ? Sur la rédemption ? Sur le fait de ne jamais abandonner sa quête ?
Au final, on ne sait pas quoi penser de la conclusion de ce long métrage qui aurait pu (ou dû) être celui de la consécration pour Rodrigo Sorogoyen, ce n’est que partie remise tant le réalisateur espagnol a du talent.