Le plus fou des Hitchcock qui commence sur la découverte d'un cadavre que les protagonistes
pensent avoir tué et que les autres personnages pillent ou ignorent.
Ce que ce film du Maître du suspens a de bon, c'est qu'il ne cherche pas à faire peur mais à faire rire.
Mais avec les rouages et astuces qui font frissonner et stresser dans les autres Psychose, Les Oiseaux et autres merveilles haletantes.
De sorte que nous suivons le parcours des pseudos meurtriers qui découvrent chacun à leur tout leur innocence pour une résolution finale délicieusement ridicule. S'ajoute à tout cela un air de marivaudage qui rapproche dans un contexte de meurtre des couples qui s'improvisent et finissent en mariage.
Même la victime, Harry, joue un rôle: son corps encombrant devient un accessoire grotesque en ce qu'il fait rire et grimacer. Mort, on lui parle néanmoins; on le réprimande, lui accorde des excuses et vite, une porte qui s'ouvre au premier vent devient son fantôme prêt à surprendre sa femme, l'un des pseudo meurtriers, avec son complice et nouvel amant, un artiste peintre qui cherche à cacher le cadavre. C'est à peine si l'on s'attend à entre la jeune femme s'écrier: "Ciel! Mon mari!" devant cette porte qui claque.
L'image a un grand rôle: on trouve dans ce Mais qui a tué Harry un des meilleurs plans recherchés et originaux d'Alfred Hitchcock, un plan en contre plongée du cadavre d'Harry qui semble ne faire qu'un avec le buste de l'enfant qui le découvre par une inquiétante anamorphose.
La musique joue beaucoup dans cette comédie flegmatique et grinçante, accompagnant la naïveté ou l'indifférence marquée des personnages face aux événements ou la tension qui s'empare d'eux à des moments cruciaux de l'intrigue.
Intrigue portée par des acteurs et actrices hauts en couleur et au style très british, notamment John Forsythe (le fameux Charlie des Drôles de dames, également agent secret de L'Eteau d'Hitchcock), Edmund Gwenn (alias le Père Noël du Miracle sur la 24e et qu'on retrouve ici en brave vieillard) ou encore Shirley Maclaine ( qui passe pour la première fois au cinéma avant de s'engager dans des rôles de princesses et de vieilles sorcières). Un casting de rêve pourtant humble qui galvanise littéralement ce chef- d'oeuvre autour de répliques des plus piquantes: (à propos d'Harry) "il a toujours été identique, excepté qu'avant il était vertical!", "Le mariage est une agréable façon de passer l'hiver"
Le seul bémol réside dans une demande secrète du personnage de Forsythe au milliardaire qui lui achète ses tableaux qui aurait pu demeurer secrète en fin de film et qui est pourtant dévoilé pour une ultime grivoiserie.
Un film à aller voir pour voir un Hitchcock complet: drôle, stressant, parfois inquiétant, où musique, images et répliques se mêlent pour le plus grand plaisir du spectateur.