« Et bien mon cadet, on a du boulot »
En effet Gilles Legrand, tu peux faire mieux !
Malabar Princess est le nom d'un avion qui s'est écrasé sur le Mont-Blanc en 1950 mais ce n'est pas vraiment de cela qu'il s'agit ici, même s'il en est bien sûr question dans le film. Non, c'est plutôt l'histoire d'un enfant de huit ans qui retrouve son grand-père maternel non loin du lieu de la disparition de sa mère, cinq ans plus tôt, dans le glacier du massif du Mont-Blanc. Son père n'a pas été capable de lui faire comprendre qu'elle était morte, et pas seulement disparue... L'enfant, forcément, s'accroche à cet espoir et va essayer de la retrouver.
Une histoire pas bien drôle, a priori. Mais il semble que les auteurs aient toutefois voulu réaliser une comédie, dramatique certes, mais une comédie tout de même, et je trouve pour ma part que ce n'est pas une réussite.
Bien sûr, il y a les répliques du petit, les réactions du grand-père, quelques scènes amusantes, quelques moments de folie sympas comme quand Villeret et son cadet descendent la montagne en bobsleigh. Mais on trouvera aussi dans le film des quiproquos langagiers plutôt pathétiques. Un exemple : le petit, apparemment perdu, est retrouvé par le gendarme qui lui demande s'il a perdu sa maman, ce qui amène un quiproquo, le gendarme voulant envoyer les secours à la recherche de sa mère puisque le petit affirme qu'elle a disparu... Les scénaristes ont peut-être cru que ce serait drôle, mais ça tombe à plat. Il y a plusieurs passages de ce type dans le film qui ne sont pas vraiment drôles et n'étaient manifestement pas indispensables. Il n'est pas toujours aisé de placer de l'humour sur un thème aussi délicat. En tout cas, les scénaristes du film n'ont pour moi pas toujours réussi à trouver l'humour juste.
Le film aborde en effet la question de la façon dont on essaie de gérer psychologiquement un enfant lorsqu'il perd un de ses parents, mais il ne fait que l'aborder, ne va pas au fond des choses et ne traite que des conséquences du fait qu'on a caché la vérité à l'enfant. On comprend juste qu'il faut en parler et pas occulter le fait, mais il me semble qu'on n'avait pas forcément besoin du film pour le comprendre. Et la détresse de l'enfant, si elle est assez bien montrée avec la bizarrerie de son mode de pensée, ne m'a pas plus touché que ça. Certes, il n'a pas froid aux yeux, il cherche à retrouver sa mère et à comprendre, mais le film n'aborde pas les moments où il va devoir apprivoiser la mort de sa mère, alors qu'il avait jusque là encore un espoir.
Il n'empêche que le petit (Jules Angelo-Bigarnet) joue très bien son rôle, de même que Jacques Villeret, dans un de ses derniers films, ou encore Claude Brasseur. Alors que j'ai été déçu par les prestations de Michèle Laroque et Clovis Cornillac. Ce dernier est fidèle à lui-même tandis Michèle Laroque est peu convaincante dans un rôle un peu caricatural et apparemment pas très bien défini. A noter d'ailleurs au niveau du scenario quelques trous qui sont utilement complétés par des scènes coupées seulement visibles dans le bonus du dvd, notamment une scène entre l'institutrice et le grand-père et une autre entre ce dernier et son beau-fils...
Pour le reste, les paysages sont assez jolis, en même temps, c'est quand même la montagne, et le Mont-Blanc, mais je n'ai pas été particulièrement subjugué par les images. A noter par ailleurs que le film met en scène le tramway du Mont-Blanc, dont le personnage joué par Villeret est le conducteur.
Bref, Malabar princess est pour moi un film décevant, vraiment décevant : le sujet aurait pu être intéressant s'il avait été traité à fond et pas seulement effleuré. Je n'ai pas été très touché par la situation de l'enfant, bien qu'il joue très bien son rôle. Et j'ai été beaucoup moins sensible à sa situation dans ce film qu'à celles des enfants de la bande dessinée La Montagne magique de Taniguchi que je viens justement de lire. Alors qu'a priori il semble plus facile de faire passer les émotions au cinéma. Non, décidément, ce film n'est pas une réussite, il est assez prévisible et doté d'un humour pas inintéressant mais pas vraiment adapté à l'histoire qu'on voulait nous raconter.
