Après le succès de Maniac Cop 2, les droits du film furent vendus dans leurs totalités à Overseas Filmgroup (un peu comme un coup en Bourse, donc où il faut revendre tant que l'action est dans le vent) et c'est donc First Look Pictures (nouvelle nomenclature d'Overseas au début des 90's) en association avec la boite de Joel Soisson, Neo Motion Pictures, qu'est décidé la mise en chantier d'un troisième Maniac Cop...
Tout d'abord, il est à noter que le scénario du film n'a PAS été écrit par Larry Cohen et ce, même si seul son son nom figure au générique.
Larry Cohen a écrit un script pour Maniac Cop 3 mais le producteur Joel Soisson et la clique de First Look Pictures (avouant n'avoir jamais vu les films précédents et voulant donc faire ce film pour ceux ne connaissant pas non plus les dits films) décidèrent de modifier progressivement le scénario de Cohen, pourtant avalisé par ces mêmes personnes...
Le script original du regretté Larry Cohen présentait un flic Noir enquêter sur le mythe du Vaudou et de la Santeria dans le quartier de Harlem et tombait alors nez à nez avec un Cordell revenu de l'au-delà.
Le problème principal de ce scénario induisait que le héros était...Noir !
Et comme les deux films précédents avaient eu un énorme impact commercial au Japon, que quelques investisseurs du Pays-Levant mirent quelques billes dans l'affaire et que le public-cible Japonais n'avait pas envie de voir un film avec un héros Noir, la messe était dès lors dite !
Lustig indiqua alors il y a 4 ans, qu'il avait approché un acteur Noir (vraisemblablement Stan Shaw ou peut-être Louis Gossett Jr, au vu de son manque de discernement car ayant oublié le nom de l'acteur en question, il parla de Daylight où figure Stan Shaw et Jaws 3D où Louis Gossett Jr est co-vedette) mais évidemment, en vain.
Bref, les producteurs demandèrent tellement de changements au script original que Cohen sortit de ses gonds: ainsi, il refusa de réécrire un nouveau scénario (car avec tous les changements, celui d'origine n'existait quasiment plus) ou alors, la production devait le payer à nouveau car Cohen estimait - à juste titre - que devoir tout recommencer à zéro, ça s'appelait un nouveau contrat !
Soisson et ses potes refusant de le payer à nouveau, Cohen quitta le projet avant même le début du tournage.
Donc, Cohen n'a rien à voir avec le scénario filmé, qu'on se le dise !
Ce bon vieux Larry parti, notre Lustig se retrouva alors avec un nouveau "scénario" (un bricolage recyclant quelques lignes du travail de Cohen dont le gimmick du vaudou + le nouveau personnage principal + une love-story inutile +...) de Joel Soisson n'excédant pas les 60 pages (pour info, 1 minute est - plus ou moins - égale à une page).
Ayant besoin d'une tête d'affiche connue du public amateur, il fut décidé de rappeler Robert Davi (son personnage n'existait pas dans le script originel de Maniac Cop 3) et ainsi, le film put enfin se monter.
Well, plus ou moins...
Le script évoluant au jour le jour, Lustig commença à être exaspérer et de fait, confia la quasi-totalité de la poursuite finale au second réalisateur, qui n'était autre que le coordinateur fou des cascades, Spiro Razatos (remember les cascades démentes du second film) !
Ainsi, pendant que le Grec sans peur slalommait pour filmer Cordell en feu poursuivant une ambulance (clin d'oeil à The Ambulance, le film de Larry Cohen sorti en même temps que Maniac Cop 2 ?), Lustig tentait de filmer son script bâtard du mieux qu'il le pouvait.
Mais à force de devoir tourner de nouvelles scènes venues de nulle part, Bill Lustig décida de quitter le tournage et au vu de la suite (il ne tourna qu'un film après ce Maniac Cop 3 - le pas terrible Uncle Sam - avant de se recycler dans l'édition vidéo avec le fameux label Blue Underground, qui réédite en DVD et Bluray des séries B comme Raw Meat, les Argento de la belle époque, quelques films de son ami Larry, Maniac, la trilogie Maniac Cop et autres Fulci...), on peut en déduire que cette expérience dégoûta fortement notre ami Bill du monde du cinéma..
Lustig envolé, c'est Joel Soisson qui doit réparer les vases cassés et il fait n'importe quoi, en suivant son propre script écrit n'importe comment, cela va de soi.
Suivant cette logique illogique, Jay Chattaway n'est pas rappelé pour composer la musique dans la continuité des films précédents et c'est le fiston de Jerry Goldsmith qui s'y colle...et c'est pas terrible !
Non seulement Goldsmith Jr. n'a pas l'oreille ni le talent de son père mais ici, il décide de s'écarter du genre mélodie inquiétante et ritournelles enfantines pour plonger dans le démonstratif totalement outré.
Ainsi tout l'univers des deux films précédents est violé dans tous les sens et achève de rendre l'entreprise totalement vaine...
Il est à noter que le trio Lustig/Cohen et Soisson se sont tous accordés à dire que ce film était un foutoir total !
Il en résulte que non seulement William Lustig a fait retirer son nom du générique final, mais que même Soisson ne figure pas dans les crédits en tant que co-réalisateur (sauf dans le générique final, mais de manière discrète).
Alan Smithee a donc encore frappé !
Qu'en est-il du film, me direz-vous ?
Force est de constater que le second film bouclait la boucle, puisque Cordell avait occis tous les responsables de son calvaire et l'image ultime présentant sa main jaillissant du cercueil, n'était qu'un clin d'oeil attendu pour les afficionados des péloches d'horreur, car tout avait déjà été dit.
Mais voilà, ce 3 existe bel et bien...
Alors, ce n'est pas la pire suite que j'ai vu (Alien Covenant, Terminator Dark Fate ou The Hidden 2 se posant là en mètre-étalon de la nullité abyssale) car quelques scènes restent intéressantes malgré tout (bon, ça sera rapide):
-il y a cette séquence surréaliste
où Cordell est planté devant l'hôpital où se trouve Maniac Kate et soudain, un p'tit con venu de nulle part vient faire le malin derrière lui en pérorant sur les flics, blah, et Cordell de littéralement le jeter dans les airs avant de le cribler de balles comme au ball-trap avant que le p'tit con ne touche le sol
,
-la scène où le Dr Powell (Robert Foster)
se la joue cool-attitude dans une salle pleine de blessés
,
-la brève
fusillade dans l'hôpital lors de l'évasion de Frank Jessup
et ses potes,
-et enfin, la **poursuite
finale où un Cordell en flamme poursuit en voiture l'ambulance où se trouve McKinney et la love interest**
random de celui-ci.
Le reste...ben le reste, c'est:
-un zeste de The Bride of Frankeinstein,
-Voodoo for Dummies,
-mais aussi une romance largement inutile, peu crédible et mortellement ennuyeuse,
-une Maniac Kate sensée remplacer le Maniac Cop dans les esprits (alors que nous ne savons quasiment rien sur celle-ci et que son interprète est assez mauvaise actrice),
- quelques scènes repiquées à Maniac Cop 2 comme:
-l'éternelle condamnation et l'arrivée de Cordell au pénitencier,
-l'amorce de Cordell Vs le commissariat (au milieu du film),
-un condensé du commissariat dans le générique de début avec en voix-off du charabia vaudou,
-la scène finale au cimetière (aussi dans le générique de début),
-et enfin le climax final du film lorsque Cordell et Turkell passent au travers du mur de la prison et s'écrasent sur le bus.
A vue d'oeil, je pense que ça doit faire entre 5 et 10 minutes de films recyclées + les 51 minutes tournées par Lustig avant son départ = 20 ou 30 minutes de scènes aditionnelles tournées par Soisson.
En fait, le film lui-même ressemble à la créature de Frankestein: couturé de partout (oui, du verbe couturer, bande d'ignares !)...
En résumé, c'est le bordel mais surnage quand même quelques scènes ou plans très "Lustigien".