"Marco, l'énigme d'une vie" choisit de raconter l’imposture, mais oublie de raconter l’Histoire. Les véritables victimes espagnoles de la déportation, elles, sont totalement absentes. Leurs noms ne sont pas cités, leurs récits ignorés. À vouloir dénoncer une “fake news”, le film tombe dans un piège : il recentre l’attention sur l’imposteur. Pire encore, aucune tentative réelle n’est faite pour comprendre les motivations profondes de Marco. Pourquoi ce besoin de se forger une histoire ? Quel vide social ou quelle mémoire nationale abîmée aurait pu expliquer ce comportement ? Le film ne répond jamais, et reste figé dans un traitement plat, presque complaisant.
À l’heure où les derniers témoins espagnols des camps s’éteignent, et alors même que leur reconnaissance en tant que victimes est arrivée bien plus tard que dans d’autres pays européens, ce silence résonne comme une seconde disparition. En fin de compte, ce film semble offrir à Marco ce qu’il a toujours cherché : la scène, le rôle principal, l’attention. Et c’est bien là tout le problème.