Maria Rêve fait partie de ces films discrets, presque fragiles, qu’on pourrait facilement sous-estimer. Et pourtant, sous ses airs de comédie douce et modeste, il cache une vraie richesse humaine et une tendresse précieuse.
On y suit Maria, femme de ménage réservée, mariée depuis 25 ans, que tout semble vouer à la discrétion. Une "madame tout le monde", comme il en existe tant, qu’on croise sans vraiment la voir. Et c’est justement là que le film est fort : il choisit de poser sa caméra sur une héroïne du quotidien, invisible aux yeux des autres, mais dont la vie intérieure est faite de poésie, de maladresse, de rêveries muettes.
Ce qui bouleverse, c’est la manière dont Maria Rêve parle de l’éveil – pas brutal, pas spectaculaire, mais progressif, intime, tout en petites secousses. L’arrivée de Maria à l’École des Beaux-Arts, sa rencontre avec Hubert (gardien fantasque et attachant), tout cela devient un catalyseur pour sa transformation. Un univers où l’on crée, où l’on ose, où l’on vit autrement… et où elle va enfin oser s’autoriser à "être".
La mise en scène de Lauriane Escaffre et Yvo Muller est simple, sans prétention, mais toujours juste. Elle ne cherche pas l’effet, elle capte. Elle observe. Et c’est là que réside une grande partie de la beauté du film. Parfois, cette pudeur frôle la fadeur – on aurait aimé plus d’aspérités, un peu plus d’ambition narrative ou visuelle – mais elle reste cohérente avec le ton général.
Karin Viard est évidemment formidable. Elle incarne Maria avec une retenue rare, évitant les clichés, les effets, les excès. Son interprétation donne chair à cette femme trop longtemps effacée, et la rend profondément émouvante. Philippe Uchan, dans le rôle d’Hubert, apporte cette dose de légèreté douce et de fantaisie bienvenue.
En somme, Maria Rêve ne révolutionne rien, mais il nous rappelle quelque chose d’essentiel : qu’il n’est jamais trop tard pour changer, pour rêver, pour se reconnecter à soi-même. Et parfois, il suffit d’un lieu, d’une rencontre, d’un carnet à fleurs… pour se réveiller à la vie.