Dans son quatrième film, Nicolas Bedos passe un cap, s'affirmant en tant qu'auteur. Monsieur et Madame Adelman était une ode à l'amour, ne se focalisant que sur ses deux personnages principaux et leur histoire. La belle époque, une déclaration d'amour au cinéma, créant un simili-plateau de tournage afin de narrer l'aventure de son héros. Difficile de compter Oss117 : alerte rouge en Afrique noire, commande où les thèmes du réalisateur n'étaient pas mis en exergue.
Avec Mascarade, Bedos expose son ambition de cinéaste dans une œuvre débordante, jusqu'auboutiste, au diapason de ses personnages. Ils sont quatre à articuler le récit, tous avec des enjeux distincts, chacun exprimant quelque chose dans la pensée du cinéaste et enrichissant le film. Adrien (Pierre Niney) est le héros, filmé, habillé et joué comme une star Hollywoodienne, charismatique, aimable mais non sans vice. Il convoque donc à la fois un certain cinéma et le réalisateur (des rapprochements se faisant sans mal). Margot (Marine Vacht) est la femme fatale par excellence, Intelligente, rusée, belle, menant le récit. De plus, son nom est le même que celui du personnage de Doria Tillier dans La belle époque, évoquant donc l'amour et le désir au sens symbolique. Simon (François Cluzet) est le plus "réel" d'entre eux, agent immobilier refusant de se salir les mains et se retrouvant dans quelque chose de trop grand pour lui causant inévitablement sa perte. Martha (Isabelle Adjani) est un hommage à celle qui l'interprète. Actrice déchue, cherchant à tromper l'ennui dans une bourgeoisie ridiculisante, et à la recherche de ses origines, donc de sa personne. On retrouve un propos sur le 7ème art, avec ces personnages méta-physiques donnant un double sens au film. Mais également l'amour, thème fétiche du cinéaste débordant dans toutes les scènes du film. Les autres thématiques abordées sont nombreuses : l'argent, les classes sociales, la parentalité, le féminisme, les magouilles, la fidélité etc... Nicolas Bedos répète souvent vouloir faire des films qu'il aurait envie de voir en tant que spectateur, et avec ce film, difficile de remettre en cause cela. La multiplicité des décors, des personnages, des enjeux, de la dramaturgie, le montage, la photo, les dialogues, tout déborde et transpire l'exaltation. C'est un film heureux ne serait-ce que d'exister. Infine, ce n'est peut-être pas aussi maîtrisé qu'Adelman ou La belle époque, mais chaque seconde de ce film remercie le cinéma et la vie, et cela fait plaisir à voir.

Salopardgang
8
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le 6 nov. 2022

Critique lue 30 fois

2 j'aime

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