« Mais alors, dit Alice, si le monde n'a aucun sens, qui nous empêche d'en inventer un ? » (Alice au pays des merveilles, Lewis Caroll)


Objet et motivations


Bientôt ce film va avoir 20 ans et, même si je n'aime pas cette trilogie, elle m'a toujours plu dans sa double lecture permanente des actions. Je ne suis pas très étonné du fait que ce film ait donné naissance à un livre comme "Matrix : machine philosophique". Je n'ai pas lu ce livre mais il ne faut pas être extralucide pour repérer quelques concepts fondamentaux et propédeutiques de la philosophie (un peu trop basiques diront les littéraires). Donc je ne sais absolument pas ce que dit le livre à ce sujet mais j'ai tenté d'articuler ma lecture de la réalité au travers de ce film comme à mon habitude.
Dans tous les cas de figure, le cinéphile que je suis se devait, à un moment donné, de passer par là, par ce film.


Je ne suis pas philosophe, je n'ai aucune autre aptitude pour cette discipline, aucune autre que ma tête. D'ailleurs, je n'ai pas eu la moyenne au bac ! Alors pourquoi me lire ? Parce que j'ai pris plaisir à mettre en forme ce que je pensais tout seul et ce que j'entends de Matrix depuis presque vingt ans. Je ne suis pas non plus un inconditionnel du film, mais chaque fois que je l'ai vu, j'ai pensé à un truc, j'ai assisté à un univers et à sa démonstration singulière. Et j'ai beau le voir dix, quinze fois, je sais que le propos du film est intarissable, même s'il est un peu bête. Une telle prédisposition est rare au cinéma, bien que je reconnaisse que Matrix, en tant que véritable métafilm, n'évoque plus grand chose aujourd'hui et qu'on ne le regarde plus dans la nouvelle génération.


Mais pourquoi cette analyse supplémentaire, alors que tant de choses ont déjà été dite au sujet de Matrix ? Bah... Sans doute que la philosophie, c'est comme le monde dans James Bond, ça ne suffit pas.


Matrix intervient dans le contexte dans une société qui se sert d'avatars pour s'exprimer, où le progrès conduit inexorablement à émanciper les humains des tâches les plus pénibles mais paradoxalement à les aliéner dans de nouvelles tâches, dans de nouvelles responsabilités, dans de nouvelles manières d'appréhender l'individualité (donc de nouveaux comportements, de nouveaux isolements) et dans le temps qu'il reste en dehors de ces tâches. Il s'adresse au monde occidental en en dressant une caricature d'homme aliéné désireux de sortir de cette condition faite de faux-semblant et de vacuité. Pour moi, on est dans la lignée d'un Koyaanisqatsi en terme de discours et de critique sociale : vision d'une société-ruche où le progrès scientifique a pris le pas sur certains besoins humains essentiels.


Le film intervient aussi dans un moment de l'histoire humaine où le capitalisme est total sur la planète suite à la chute d'un monde bipolaire Est-Ouest. Suite à des crises économiques mondiales à répétition, les populations occidentales désavouent les idéologies et n'ont globalement plus confiance en l'avenir et c'est un état global de résignation qui pèse depuis. De 1989 à 1999, le chômage et la précarité progressent de manière significative. Dans les élections du monde occidental, on ne parle guère plus que de sécurité et d'austérité suite aux dettes publiques. C'est aussi l'époque des grands plans de licenciement alors que les multinationales font des bénéfices. C'est l'époque du désinvestissement productif et de la financiarisation poussée par l'énorme potentiel de richesses du nouveau continent numérique. C'est ainsi que l'on voit des villes historiquement industrielles comme Detroit se vider progressivement de ses habitants parce que... Les capitaux ont foutu le camp ailleurs, dans d'autres pays, dans d'autres secteurs, sans se soucier du lendemain. Il me semble que, dans Matrix, il y a cet esprit contestataire et cette nécessité de se libérer des grands enjeux oppresseurs tout en dépassant les impasses politiques. C'est en tous cas un film qui incite au dévoilement, au sens liturgique du terme, c'est-à-dire à ce moment post-apocalyptique où pour se libérer des chaînes, il faut aller vers l'essentiel des besoins humains, l'instruction et une certaine harmonie avec la nature. Et c'est assez amusant de remarquer que le film fait une démonstration par l'absurde pour arriver à faire émerger des idées maîtresses et extrêmement politiques. Notons aussi que par la suite, le film a connu donc deux suites, ce qui me semble être dans la lignée des films de science-fiction en plusieurs volumes : les nouvelles odyssées de la société du spectacle.


Mon but, avec cette analyse, c'est toujours de livrer à nouveau, non pas une interrogation, mais une vision achevée d'une action ou d'une éventualité cohérente, matérielle et consciente des dominations. C'est de partager une leçon et une manière de décrypter Matrix comme étant une fenêtre sur l'actualité. Si tu n'es pas satisfait, je mets en garde : ne poursuis pas et n'apprécie pas ce billet sans doute trop "tl;dr" (1) pour toi.


La philosophie, dans sa marche, m'a toujours paru avoir de la difficulté à intégrer l'idée de l'action finale et, de mon point de vue, elle ne peut pas s'apparenter, de fait à un savoir-faire ou à un métier en l'absence d'action partisane. C'est ainsi que l'on trouve une belle scène de syndicalisme dans le volet 3 de Matrix - j'ai crié à la trahison ! La négociation brinquebalante de Neo face aux machines cachait forcément un rapport de force dont j'ignorais tout. On aurait cru que la CFDT négociait encore le poids des chaînes des esclaves. Je ne pouvais pas laisser passer ça ! Tu peux ricaner mais... la finalité de l’œuvre est là : les machines ne sont pas contre l'humanité (ou vice-versa). Le problème, c'est la manière et les intérêts que servent certaines consciences comme certaines machines. N'en déplaisent aux luddites (2) (qui existent toujours aujourd'hui, on les trouve dans les ZAD ou dans les locaux de la CNT).


(1) too long ; didn't read / trop long ; pas lu
(2) saboteurs technophobes, briseurs de machines ayant lutté en 1811-1812 en Angleterre, marquant ainsi les mouvements sociaux ouvriers et donnant naissance au chartisme, un courant syndical de grande importance historique.


Présentation et but du film


Matrix passe 45 minutes à installer son film - ce qui est chose rare alors que la Warner n'a pas décidé de produire les deux volets suivants. J'avais envie de commencer par ce fait parce que c'est assez rare pour un blockbuster et c'est assez long pour un film que de présenter son histoire, ses personnages, son/ses buts pendant 45 minutes. Il faut en avoir à dire pour maintenir la présentation aussi loin et de manière aussi poussée. La plupart des narrations classiques présentent leur situation initiale et leur élément perturbateur en 30 minutes maximum. Cela signifie que le film, le premier volet du moins, ne fait pas dans le remplissage des péripéties, et qu'il a beaucoup de choses à faire passer.


Le but du film est pourtant simple et se résume à une phrase, comme dans tout bon film d'actions : il faut sauver Sion ou, plus exactement, émanciper Sion, et a fortiori l'humanité entière s'exprimant au travers d'une avant-garde éclairée, organisée, militarisée et consciente. L'humanité doit être libérée - socialisme ou barbarie titrait Rosa Luxembourg - du joug (de qui ? de quoi ? on le verra plus tard). Cela pourrait très bien être un film sur l'abolition de l'esclavage mais cela va bien au-delà qu'une conquête de l'autonomie puisqu'il s'agit aussi d'abolir des contradictions inhérentes. Cette abolition donnera lieu à une harmonie, une paix non falsifiée et réécrite.


Un exceptionnel normal


Très vite dans le film, on assiste à une foi dans le rapport des forces. La lutte s'avère inégale et perdue d'avance. La seule issue, c'est de croire à l'improbable, en l'occurrence à une prophétie : il existe un être, un "élu", qui permettra d'inverser un rapport de force voire de le renverser. Il n'y a rien de plus mystique comme conception de l'action. Thomas Anderson peut paraître bien sceptique à bien des égards mais il avance dans les pas de sa raison comme Saint-Thomas, connu pour être le jumeau de Jésus parmi les apôtres. Saint-Thomas est connu pour une petite formule que l'on connaît tous : « je crois que ce que je vois », une formule qui veut que la vérité triomphe dans sa démonstration et non comme une évidence implacable. C'est voir pour croire. Cela peut ressembler à une démarche sceptique mais on oublie souvent que l'histoire de Saint-Thomas est surtout celle d'un disciple qui peine à croire qu'il est élu par Jésus, fils de dieu ; il ne croit pas à son rôle de rédempteur. Le nom même d'Anderson est un éclair de compréhension puisqu'on peut lire « ander son », fils de l'Homme littéralement mais aussi référence au dernier disciple de Jésus, Saint-André. On notera au passage que pour voir et décupler l'éveil de ses sens, Saint-Thomas Anderson deviendra aveugle. Le nom réel de Thomas, Neo, est un anagramme de One, qui fait l'unité entre l'Homme et l'acte divin, qui fait la synthèse entre le normal et l'exception. Par son avatar et par le processus de vérité naturelle, Neo renaît et s'il renaît ailleurs, c'est la preuve incontestable d'une forme de préexistence de son être.
Mais la conception mystique dans Matrix – ou plutôt protomystique – ne s'arrête pas à de vagues allusions religieuses. Cette distinction entre l'avatar et l'acte exceptionnel est l'habituelle distinction entre ce qui relève du monde matériel et de la nature originelle. C'est sur cette distinction, vouée au culte de la puissance de la nature, que le salut, commun à toutes les religions, s'appuie pour élever son sujet car l'être humain fait le constat d'un cycle infernal auquel il ne peut échapper.

La première référence dont se servent les Wachowski reflète l'idée de ce cycle destruction/construction qui sème les douleurs dans les cœurs et partout dans le monde. Il s'agit de l'ouverture du Ramayama, un ensemble de textes védiques commençant par la plainte d'une Terre dévastée. Mais plus que cette plainte, nous assistons avec Matrix à la relève d'un monde où un cycle de destruction s'achève pour laisser place à une nouvelle source de création et de construction. C'est même l'une des règles principales de l'hindouisme que l'acceptation de ce cycle. Dans une seconde référence, le Bhagavad-Gita, il est écrit que la guerre est le moment où les peurs et les doutes s'expriment. La libération de la conscience demande un lâcher-prise et de se moquer des qu'en-dira-t-on ; elle suscite en nous la crainte du devenir, un effort pour se sortir de sa zone de confort, de sorte à parvenir à renaître transformé, plus ouvert, plus déterminé et meilleur. C'est une chose à laquelle on ne pense pas assez lorsqu'on évoque la soif de liberté individuelle ; la peur est un obstacle, un affront et un moteur dans son processus. Je vous laisse faire le lien avec l'évolution de Neo dans le film, notamment avec cette appréhension d'être élu. Saint-Thomas, tout ça tout ça.


Je dois reconnaître qu'il y a une chose dans les trois volets qui est problématique pour la poursuite de ce billet ; la permanence de la foi, de la croyance mais aussi de cette cité du nom de Sion, n'invitent pas à une représentation matérielle et réaliste d'un rapport de force. Sion, c'est quoi, sinon même pour les pastafariens incrédules, un lieu - une tour secrète et souterraine en l'occurrence, avec à son sommet un dôme militaire. D'ailleurs, l'architecture de cette tour détonne avec le reste de l'architecture du film : on est à la fois à la pointe du génie humain, digne d'une phalange de métal avec les caractéristiques d'un phalanstère, et à la fois dans une promiscuité, dans une misère générale et post-apocalyptique à travers laquelle on peine à imaginer comment ces habitants ont pu créer ce lieu tout en étant vêtu de guenilles médiévales. C'est peut-être encore là un élément de l'improbable omniprésence de dieu dans cette trilogie, oui, car Sion, c'est avant toute chose le signe de la présence incontestable de dieu. C'est le nom de la Jérusalem céleste. On ne voit aucun travailleur dans ce film, aucune maintenance ; toute l'énergie sort du néant, tout est déjà présent sans qu'on ne sache vraiment d'où cette technologie sort, quoiqu'on puisse reconnaître au génie humain de savoir trouver en permanence des ressources pour faire face à l'adversité. Cet aspect de la vie de Sion aurait pu être explicité car, même si on se situe dans un univers où l'intelligence artificielle est capable de se régénérer elle-même, cela n'explique pas comment dans l'autarcie la plus totale, avec des gens qui restent chez eux ou qui partent en mission (toujours un lexique religieux, n'est-ce pas), l'on arrive à des vaisseaux électromagnétiques, des engins de guerre ou même une architecture jamais-vu. A mon sens, c'est toujours important de savoir d'où viennent les choses, même dans un film, car cela combat l'idée fatale et l'idée de providence qui sont omniprésentes dans la conception religieuse, et... force est de constater que ces idées sont aussi très présentes dans Matrix.


Composants et fonctionnement


Si la conception religieuse est omniprésente, elle n'est cependant pas omnipotente car c'est plutôt une conception idéaliste qui l'emporte, conception très commune au cinéma et dans la science-fiction. En effet, tout au long des volets, et bien que poussé par une force instinctive irrésistible et une nature qu'il ne comprend pas tout à fait (selon les propos de Morpheus dans la fameuse scène de la pilule), Neo peut faire à tout moment des choix en connaissance, des choix fermés : oui ou non, ce qui est vrai, ce qui est faux, ce qui est illusion ou ce qui est authentique. C'est l'idée et la conscience de Neo qui déterminent l'action. C'est ainsi que se définit la conception idéaliste ; c'est une volonté qui défie le monde et qui affirme, au fond assez bêtement, que l'individu est maître, par delà ses déterminations. De plus, si la conscience individuelle est motrice des changements des opinons, elle est aussi motrice dans l'Histoire de l'humanité. C'est aussi cette conception qui prévaut en société, remarquez-le, dans le monde militant, et qui rend l'individu comme le responsable des maux qu'il engage par ses actions. Comme si... Comme si toutes les consciences étaient égales entre elles, sans jeux d'exploitation et de dominations multiples, sans rapport de force, et comme si toutes ces consciences agrégées formait la société, et que s'il n'y a point d'horizon pour la révolution sociale, c'est parce que nous ne sommes que des individus lâches. Autant dire que cette vision là, que ce soit de l'Elu Neo ou bien de Neo comme proue de l'avant-garde révolutionnaire, n'est guère à la mesure d'un réalisme particulier dans les bouleversements.


De la révolution sociale, Matrix en parle pourtant beaucoup. Cela ne saute pas aux yeux de prime abord. D'ailleurs si l'on fait un sondage sur ce que le film raconte le plus, je ne suis pas certain que la révolution sociale soit désignée en premier alors que de nombreuses luttes ont lieu pour renverser les multiples rapports de force, à commencer par le premier, celui de la vie plan-plan de Thomas Anderson, une vie exploitée, réduite, cachée, frustrée, gâchée et extrêmement redondante au sein de Metacortex (1), entreprise de logiciels. Cette réalité est présentée dans les premières scènes par l'agent Smith qui nous dévoile l'alias virtuel de Thomas, le fameux Neo alors héros en devenir et héros central. La conception idéaliste du rêve de l'insoumission va de pair avec la construction de l'héroïsme. Le héros est l'individu ordinaire qui va se trouver face à un choix, devenir ce qu'il cache ou continuer son camouflage. Et du coup, quand je semble observer le peu de réalisme, il ne faut guère le voir comme une critique (politiquement, oui, mais narrativement, non) car en terme de construction héroïque et d'univers, rarement Hollywood n'a été aussi audacieuse. Conçu comme un blockbuster one-shot, personne ne croyait à cet univers un peu loufoque, en passe d'être un nanard. Du coup, le film a été réalisé d'abord avec très peu de moyens financiers, le choix des acteurs s'en ressent, mais fonds débloqués grâce au storyboard très développé de 219 scènes travaillées par un dessinateur reconnu dans l'univers des Comic books, Steve Skroce.


(1) Ce nom d'entreprise développant de nouvelles langues dans un monde infini utilise une notion qui appelle à dépasser le cerveau, à prendre intérêt pour tout ce qui le dépasse ou pour tout ce qui se trouve à sa périphérie.


L'univers des super-héros marque déjà l'empreinte du film, auquel s'ajoute de fortes influences, comme le fait que les soeurs Wachowski aient signé le scénario d'Assassins, univers directement emprunté au cinéma hong-kongais, le HK pour les intimes. Des scènes d'actions chorégraphiées, du kung-fu, des ralentis (avec le fameux effet "bullet time"), mais ce n'est pas tout ! Pour ce qui est, de l'histoire comme des décors et des costumes en passant pour le choix musical (Rage Against The Machine, avec le titre "Wake up"), là, on a clairement créé une grosse collision cyberpunk qui, d'ordinaire, ne fait jamais recette au cinéma. Preuve en est que Keanu Reeves, alors qu'il n'est pas voulu par les producteurs eux-mêmes, refuse dans un premier temps car il vient de se taper la honte avec un film cyberpunk aujourd'hui anecdotique, "Johnny Mnemonic". Reeves, avec son jeu de poulpe, ses capacités d'inexpressions dépassant Steven Seagall et Ryan Goslin réunis, devient aussi une marque de choix pour une série B assumée (Will Smith était mieux pressenti mais celui-ci a préféré Wild Wild West - ce qui est... tout à... son... euh... honneur).


Et puisqu'on est dans les références, on peut citer Dark City de Proyas, avec lequel Matrix a d'énormes points communs, au point d'en être troublant. On peut citer Le Monde sur un fil de Fassbinder mais aussi Alice au Pays des Merveilles. Et justement, je vous propose de "descendre dans le gouffre", comme dit Morpheus, "pour suivre le lapin blanc".


Ce qui, à mon avis, fait de Matrix un film imparable et générationnel, c'est justement cette foison d'éléments disparates et le fait qu'on peut en discuter à l'infini sans pour autant sombrer dans un mindfuck. C'est ce que j'apprécie personnellement ; bien que le film soit étonnant dans sa proposition et bien qu'il soit relativement simpliste, il recèle de nombreux concepts philosophiques ou fondements métaphysiques qui invitent à les rencontrer au-delà du film. Je ne dis pas que le film est propédeutique car il est plutôt élémentaire mais il parle d'un devenir humain où le choix va avoir de plus en plus d'importance face à la virtualité. Il coule de source que plus l'humanité va avancer plus la virtualité va se développer jusqu'à devenir notre première peau, car s'il y a une chose constante dans l'humanité et dans son progrès, c'est le combat contre la nature, ou plutôt contre les inégalités de la nature qui se dressent contre la liberté de l'esprit humain et de son imagination.


La cuillère n'existe pas.


Si Matrix est la longue histoire d'une métamorphose, le concept philosophique qui apparaît comme le plus prégnant est celui qui place le spectateur comme un tout omniscient et qui se situe par delà la caverne, la fameuse allégorie de la caverne que l'on trouve chez Platon. Et pour celles et ceux qui ne savent pas, en voici la description (source Wiki) : "Dans une demeure souterraine, en forme de caverne, des hommes sont enchaînés, aliénés, réduits. Ils n'ont jamais vu directement la lumière du jour, dont ils n'en connaissent que le faible rayonnement qui parvient à pénétrer jusqu'à eux. Des choses et d'eux-mêmes, ils ne connaissent que les ombres projetées sur les murs de leur caverne par un feu allumé derrière eux." Dans cette allégorie qui recouvre plusieurs aspects, de l'accès au réel, on évoque entre autres le défi, le défi de s'affranchir des idées reçues - l'esprit des humains étant naturellement enchaînés à l'ignorance. Quand on naît, on ne sait rien. Il faut apprendre, connaître, et parmi toutes les connaissances, reconnaître encore ce qui est véritable (ou du moins son sens). Les êtres humains doivent déconstruire certaines opinions sachant pertinemment que la lueur de la vérité les brûlera ; ils sauront que c'est une vérité quand ils la sauront. L'allégorie de la caverne est un sujet émancipateur pour la conscience humaine, un sujet peu étudié ailleurs que dans les films de science-fiction.


Qu'est-ce que la vérité ?


C'est donc par une démarche sceptique, de remise en cause de ce qui nous apparaît comme non-pensé par nous-mêmes, que s'engage un processus de clairvoyance pour sortir de cette pénombre et de cet enchaînement. Dans Matrix, il y a deux mouvements : celui de Thomas qui apprend qu'il est Neo (littéralement, Nouveau – ce qui induit une transformation en cours), que la réalité à laquelle il croyait vraie n'est qu'une vaste illusion destinée à maintenir en vie les corps humains dont se repaissent les machines du vrai monde ; et l'autre mouvement, c'est le mouvement maïeutique (1) que fait Morpheus en lui dévoilant ce que Thomas pense savoir déjà, à savoir que rien n'est réel. Il se décroche lentement de ses doutes comme le fruit mûr de l'arbre et, à compter de ce moment, évidemment, une fois que l'être humain sait, il s'applique à lui-même ce savoir nouveau ; il est destiné à se transformer de manière irréversible. Autrement dit, il détruit les préconçus dès le moment de l'assimilation d'un enseignement essentiel et améliore, affine en conséquence les connaissances et/ou il en découvre de nouvelles et/ou il associe un savoir avec une nouvelle connaissance afin de déduire, par logique, une hypothèse, une probabilité ou une vérité. C'est ainsi que l'être humain est un champ d'expériences qui ne cesse de détruire pour explorer ailleurs avec, très souvent des ensembles de pré-acquis dont il n'a même pas conscience et qui sont apparus bien avant sa conception.


(1) Méthode suscitant la mise en forme des pensées confuses, par le dialogue (source Wikipédia). Faculté d'accoucher les esprits.


◘ champs d'humain : utilisation aliénante de l'humain https://setahundifakfak.files.wordpress.com/2015/11/powerplant_fields2560-1600-178.jpg
◘ techniques de maintien des humains dans l'illusion de leurs croyances : http://img.phonandroid.com/2018/03/matrix.jpg


L'être humain est destiné à se transformer de manière irréversible, à moins d'un événement indépendant de sa volonté, un déclin ou un accident. Non seulement, il appelle à détruire ce qu'il pensait pour vrai par son expérience ou sa croyance, mais il n'y a également pas moyen de revenir à un état précédent une vérité. Ce caractère irréversible de la vérité se contemple dans une sorte de peine métaphysique ; la vérité est une transformation de gré ou de force ; elle nourrit des réflexions se vouant à découvrir ce qui se cache par delà. C'est aussi une course sans fin à laquelle la lutte pour l'harmonie et la paix devient un remède. Il y a dans ce film une succession de nécessités, une marche obligée, qui force à aller de cause en effet, de preuves en actions. Pour autant, dans ce film, les ignorants sont bénis car ils ne tentent pas de jouer les Icare, eux. Seuls ceux qui tentent de gagner en clairvoyance, qui tentent d'agir, avancent sans lendemain, comme des punks en latex, comme de la chair à canon, afin de marcher vers la vérité complète, totale.


Il me semble qu'on reconnaît une vérité parce qu'elle est indépendante de sa propre conscience, qu'elle lie les consciences entre elles et qu'elle est authentique, probable, fake ou hoax comme on dit aujourd'hui. Mais une chose vraie peut exister en dehors de ma conscience mais aussi de toutes les consciences. Je veux dire que la chose vraie, je saurai qu'elle est vraie quand j'y aurai accès, mais, elle, pendant, ce temps, elle existe. C'est seulement lorsque je vais à sa rencontre que la lumière jaillit et prend place au sein des constellations de vérités. Et il me semble que l'un des aspects de Matrix est de justement évoquer ce long accès, périlleux, incertain, de ce qui est vrai et des doutes que l'on peut avoir à ce sujet tant l'invraisemblable matrice apparaît comme un complot contre l'humain. D'ailleurs arrêtons-nous deux minutes sur cette matrice. Je pense la matrice comme le produit collectif de l'intelligence des machines donc elle est une sorte de dépassement collectif et elle échappe en partie à leur conscience. Si cette matrice n'est pas l'objet du film, elle est sa particularité, sa transcendance et son titre. C'est comme si on avait titré « Mensonge ». Comme si le film parlait en fait d'un effort, de l'effort qu'il faut effectuer pour s'extraire du mensonge, du faux, de l'illusion pour parvenir à la vérité. Cet effort de la vérité, parfois salvateur, parfois douloureux, mais toujours bénéfique, tue littéralement le mensonge matricielle, ce simulacre de la vie, mais plutôt que de tuer le simulacre, l'on tue les conditions du simulacre. Tout ce qui ne fait pas sens humainement est systématiquement combattu avec les armes de la vérité, et ce jusqu'à la fin de l'agent Smith. Néo le combat mais au final, c'est par la vérité qu'il s'autodétruit. Mais si c'est par la découverte volontaire de la vérité que l'on érode les conditions de tout ce qui n'est pas vrai, les conditions de cet écran matriciel qui s'impose à la vue dès la naissance, il convient de se poser une question annexe : quelle est l'origine de la vérité ? Comment que c'est que ça se fait qu'on en a pu en arriver là ? Sur ce point, le film dit très peu de choses : il semblerait que la surface terrestre soit impropre à la vie et que les machines se soient naturellement rebellées contre un parasite. Cela semblerait logique mais ce n'est pas très important dans le film. Cette non-importance est tellement flagrante que les auteurs ont préféré ne rien en dire explicitement. D'habitude, n'importe quelle dystopie ou science-fiction pose le décor dans un résumé préalable. C'est presqu'un cliché. Mais pas là. C'est laissé de côté. Voyons quand même ce qu'on peut en dire.


Il paraît qu'un préquel de Matrix verra le jour en s'intéressant au personnage de Morpheus. C'est logique quand on sait l'importance de ce thème – de l'origine de la vérité – dans Matrix. Dans le film, l'on dit à ce propos que l'origine de la vérité naît d'une conscience qui a "reçu la capacité de modifier, de remodeler la matrice selon ses souhaits et c'est lui qui a libéré le premier d'entre nous". A partir de cette déclaration un peu floue, peut-on dire que le "premier" est une sorte de lanceur d'alerte ? Un messie ? Nana Mouskouri ? Un virus ? Et pourquoi pas un hacker dont le job clandestin est justement de vérifier, de remettre en question des états de fait ? Mais pour le matérialiste, la vérité est un fait qui évolue ; on ne peut délier le fait réel du temps car l'on remarque que c'est surtout l'ordre social qui ordonne ce qui vrai et bon de savoir, et qui organise l'éveil de certains ou l'opium instrumentalisé du grand nombre. Et de ce fait, Néo est juste n'importe qui. Un lambda qui voit ses intérêts propres et le rôle qu'il peut jouer. Et je trouve que le film remplit bien cette part du marché car à de nombreux moment, on voit un Thomas qui n'est qu'un anonyme dans la foule et on voit un Néo qui ne comprend pas tout à fait tout ce qui se passe... Et c'est fou comme Keanu Reeves a le charisme idéal (celui d'une huître) pour induire cette impression de vide sidéral.


◘ sur la vérité
https://askfrance.me/q/Que-faisaient-vraiment-les-machines-avec-les-humains-dans-matrix-ferm-34449695963


Digression à propos de la vérité dans l'art


Je joins deux œuvres sur le thème de la vérité :


("La légende raconte qu'un jour la vérité et le Mensonge se sont croisés.
- Bonjour, a dit le Mensonge.
- Bonjour, a dit la Vérité.
- Belle journée, a continué le Mensonge.
Alors la Vérité est allée voir si c'était vrai. Ça l'était.
- Belle journée, a alors répondu la vérité.
- Le lac est encore plus beau, a dit le mensonge avec un joli sourire.
Alors la Vérité a regardé vers le lac et a vu que le mensonge disait la vérité et a hoché la tête.
Le Mensonge a couru vers l'eau et a lancé...
- L'eau est encore plus belle et tiède. Allons nager !
La vérité a touché l'eau avec ses doigts et elle était vraiment belle et tiède. Alors la Vérité a fait confiance au mensonge. Les deux ont enlevé leurs vêtements et ont nagé tranquillement.
Un peu plus tard, le mensonge est sorti, il s'est habillé avec les vêtements de la vérité et il est parti.
La vérité, incapable de porter les habits du mensonge a commencé à marcher sans vêtements et tout le monde s'est éloigné en la voyant nue. Attristée, abandonnée, la Vérité se réfugia au fond d'un puits. C'est ainsi que depuis lors les gens préfèrent accepter le Mensonge déguisé en vérité que la Vérité nue." in La vérité sortant du puits, de Jean-Léon Gérôme, 1896).


Autre oeuvre : une sculpture de Jules Cavelier


La vérité dénudée tend un miroir en hauteur, tel un triomphe et le reflet du monde pour qui veut bien le voir. La beauté se trouve dans le regard de celui qui la voit, c'est bien connu ! La vérité aussi. Cette statue se trouve au Palais des Beaux-Arts de Lille, après avoir été exposée au début du siècle dernier dans le jardin des Tuileries, à Paris. Le marbre de la vérité, commandé par l'état français, s'inscrit parfaitement dans le courant de pensées rationalistes du XIXème siècle.


Des abscisses et des ordonnées dans le plan


Pour approfondir ce concept de l'utilisation sans détour de la caverne platonicienne, j'ai aussi noté que la conscience, en tant que vie émergente n'est pas que, en elle-même, la somme de toutes les parties la constituant ; la conscience est en réalité constituée de voiles, de peaux qui muent ; que cette conscience a des degrés verticaux (de la matrice à Sion en passant par la vie merdique de Thomas), un sentiment d'élévation qui se prouve tous les jours. Elle a aussi des degrés horizontaux qu'on pourrait appeler expérimentation/formation, avec un effet de verticalité, chaque expérimentation venant se greffer à chaque niveau « d'élévation ». Autrement dit, on s'élève dans la connaissance et l'expérience, et la connaissance de soi ou du monde viennent renforcer, multiplier, découvrir d'autres faits, des invitations au voyage intérieur que seul l'être animé peut éprouver. A chaque étape de la mue de Néo qui, rappelons-le, ne revient jamais en arrière (oui il doute, il questionne mais ne regrette jamais), Néo apprend à se servir de la matrice. C'est sans doute la partie la moins intéressante du film et en même temps, c'est celle qui démultiplie les possibles jusqu'à l'infini. Dans son apprentissage, Néo télécharge des savoirs et les intègre à sa conscience, ce qui fait qu'il devient toujours plus qu'une suite de programmes ajoutés. Et cette appropriation confine aux capacités de l'imagination où les pouvoirs extraordinaires sont en réalité des illusions arrangées, des codes réécrits un peu comme on remplace un génome par une autre information. Une autre évolution. Et cette notion de degrés au sein de la conscience humaine nous renseigne sur la qualité humaine, cette différence ou cette faiblesse qui a la capacité plastique de renverser des montagnes, d'apprendre des écueils, de se débarrasser des aliénations ou d'être résilient et de tout guérir. D'ailleurs, le film conclut par le fait de penser la mort comme une déficience mathématique qu'il est possible de truquer.


◘ pluie de codes numériques : https://www.youtube.com/watch?time_continue=6&v=kqUR3KtWbTk (qui ne sont en fait que des recettes de sushi comme chacun sait)


Gnothi seauton


[Pub] Mmm, des gnocchis à poêler ! Des gnogno ! Des kikis ! [fin de la pub]
Hum. Pardon, je suis payé par une célèbre firme pour pondre ce papier - en fait c'est surtout que je n'ai pas pu m'empêcher quand j'ai appris comment le célèbre "Connais-toi toi-même" était reconnu chez les intellos. Gnothi seauton... On dirait un nom de méchant dans le Seigneur des anneaux.


Il s'agit par cette formule, de Socrate encore une fois, de percevoir dans quelle mesure le lever du voile sur la réalité, c'est-à-dire d'observer en quoi la destruction du simulacre du réel, serait un révélateur de la nécessité de connaître, voire je dirais même mieux, de se connaître soi. A chaque visionnage de Matrix, j'ai observé que Néo ne cessait de se connaître pour parvenir à contrôler sa vie et que c'était là la source première de toute action car, par extrapolation, si chacun se connaît lui-même et que chacun apprend à défier ses aliénations, l'humanité entière se possédera elle-même. Ce sera l'heure d'une nouvelle organisation, d'une nouvelle évolution, et ça, c'est pour tout le monde et au-delà de tous. De mon point de vue, c'est une vision quelque peu erronée d'une vision matérialiste qui va penser d'abord que la liberté des autres induit les conditions de sa propre connaissance et donc précède nécessairement l'état de se connaître soi. Sans doute peut-on imaginer cette perspective par delà le final de la matrice mais c'est une pure spéculation.


Morpheus dit qu'il faut distinguer la connaissance du chemin et le fait de l'arpenter. Il apprend par là même la différence entre l'existence d'une chose que l'on sait et son expérimentation, ce qui représente ici la somme des expériences du vécu et du savoir intérieur. La tempérance et l'humilité sont par conséquent des ressources nécessaires pour que l'humain qui est en nous soit moins un étranger, un dieu et un sommet d'orgueil qu'un être sage, heureux et émancipé. Et il me semble qu'il faut au moins cette sagesse pour commencer à agir au-delà de soi.


Très souvent, la connaissance de soi nous vient des autres - et j'ai le sentiment d'ailleurs que, pour commencer à déployer une connaissance de soi satisfaisante - la critique, même peu acceptée, reflète ce dont il est bon de se défaire, même injustement. Tout au long des films, Thomas, puis Néo, apprend de lui-même, de ses capacités hors-norme, de son amour, des possibilités qui lui tendent les bras pour affronter l'adversité des machines. Mais la critique la plus cinglante, elle vient de l'agent Smith devant Morpheus. Juste avant sa libération. Il lui assène un monologue essentialiste sur l'espèce humaine : "Je souhaiterais vous faire part d'une révélation surprenante. J'ai longtemps observé les humains. Et ce qui m'est apparu quand j'ai tenté de qualifier votre espèce, c'est que... Vous n'étiez pas réellement des mammifères. Tous les mammifères de cette planète ont contribué au développement naturel d'un équilibre avec le reste de leur environnement. Mais vous, les humains, vous êtes différents. Vous vous installez quelque part et vous vous multipliez. Vous vous multipliez jusqu'à ce que toutes vos ressources naturelles soient épuisées. Et votre seul espoir de réussir à survivre, c'est de vous déplacer jusqu'à un autre endroit. Il y a d'autres organismes qui ont adopté cette méthode. Vous savez lesquels ? Les virus... Les humains de cette planète sont une maladie contagieuse, le cancer de cette planète, vous êtes... la peste et nous, nous sommes l'antidote". Normalement là, Morpheus aurait du se mettre en PLS tellement l'agent Smith humilie cette humanité qui ne vaut pas le coup et qui vit en parasite sur le dos du monde. Morpheus ne peut que désapprouver étant donné sa nature mais, par le biais de cette connaissance critique de lui-même, il observe les injustices autour de lui-même, les plaintes, les peines ; il emporte avec lui l'empathie, cette empathie qui s'exprime ouvertement, sans détour, tandis que l'autre, sans tempérance et humilité, croit tout savoir de l'autre mais ignore tout de lui-même et donc de la « clef » de son émancipation. Toujours est-il qu'on en arrive à un point essentiel du film : l'action.


https://www.youtube.com/watch?v=nwOdi5nfWLU


Il y a d'ailleurs quelque chose de grotesque dans Matrix à proposer une trajectoire d'une connaissance de soi-même mais pourvu d'éléments visuels aussi disparates. C'est tout de même une atmosphère anxiogène, intranquille. D'avoir choisi l'influence asiatique et l'univers cybernétique me fait penser qu'il s'agit là d'une démonstration par l'absurde que seule une guerre fraticide peut promettre, la démonstration du besoin d'une humanité plus authentique, une humanité qui se prend en main et qui est digne d'être puisqu'elle agit en connaissance de cause. Je peux comprendre qu'il peut paraître surprenant d'évoquer l'hindouisme en cette occasion mais je vais faire en sorte que ce soit un peu moins abrupte. Si l'on évoque le mysticisme omniprésent dans les trois volets de Matrix, j'estime qu'il faut y voir l'empreinte, l'intérêt des autrices pour la philosophie religieuse hindouiste. Celles-ci aujourd'hui réincarnées ne sont pas moins avares d'imposer quelques notions phares dans leurs différentes œuvres : sur la libération de l'âme/sortir du Samsara pour aller vers le Nirvana, sur la connaissance comme remède et discipline de l'esprit et des sens, sur la non-violence et le respect des adversaires. J'en ai un peu parlé au début. Selon beaucoup d'hindous, l'amour est une source intarissable de création. Le plaisir et le désir sont des moteurs par lesquels on va prendre conscience de l'état d'exception que représente le fait d'être un humain et qu'il ne faut pas gaspiller ni son énergie ni son temps pour ainsi jouir de la conquête d'une liberté absolue. Et comme le plaisir et le désir sont aussi générateurs de troubles et d'agitation, toutes les voies sont possibles pour s'en sortir mais tout ce qui attrait à la discipline de l'esprit et des sens par la connaissance participent à l'éveil est salutaire. Matrix devient donc un manifeste de combat contre les ignorances et présente celles-ci comme un problème majeur dans le désordre. Le désordre corrompt les mentalités et ne respecte pas la nature originelle, notamment celle des femmes (qui doivent se contenir) et celles des castes (hors de question de forniquer avec différentes naissances, c'est le bazar après). Selon certains hindous, il est estimé que la technologie est fonction de ce désordre, qu'elle contredit la sérénité nécessaire pour sortir du Samsara. De même l'accumulation de richesses (donc de technologies, de savoirs techniques) doit faire l'objet d'un enseignement pour le détenteur sinon il repart pour un cycle de 8 400 000 renaissances. C'est précis dis donc. Grosso merdo, faut pas gâcher sa vie en allant sur Snapchat, c'est une occasion unique, mais il faut pouvoir sécuriser le devenir de sa famille avant d'en partir. Sur la technologie, il y a deux poids, deux mesures donc. Il y a d'un côté le besoin de paraître (notamment en achetant une voiture) mais d'un autre côté, ce besoin est tempéré par le fait de voir sa sérénité bouleversée, et donc réticence pour tout ce qui est le besoin et l'utilité de la technologie (d'où le fait d'acheter une voiture, oui mais dépouillée d'artifices, donc une Tata Nano – mais bon les mentalités sont en train de changer en Inde).


Autre source à lire, non utilisée pour cette critique : Le gnosticisme et le bouddhisme dans Matrix


Révolution ou réformisme ?


Je viens de dire que toutes les voies étaient possibles dans la recherche du salut. Cette recherche ne passe pas forcément par le fait électif ou le sentiment d'une élection. Cela signifie aussi qu'il existe plusieurs apparences de la vérité et que de ce fait, puisque les apparences sont multiples, son esprit doit pouvoir rester ouvert et, de ce fait, tolérer ce que peut dire un adversaire, ne pas en préjuger, et même apprécier son point de vue. Moi, j'appelle ça se faire empapaouter - coucou Stromae. Cette tolérance pour la vérité de l'autre dissimule la non-violence qu'on associe vulgairement aux hindous. Cette pluralité de la vérité des apparences forge l'idée que les vivants et les morts ne sont pas ce qu'ils semblent être. Les nombreux morts dans Matrix sont des machines (osef c'est de la technologie) et des avatars, sachant que la notion même d'avatar est très présent dans la représentation des divinités hindoues sur Terre. C'est ainsi qu'à l'approche d'une guerre fraticide, le Bhagavad-Gita – un récit épique hindou – l'on justifie qu'une guerre peut tuer des membres d'une même famille, parce que les morts ne sont ce qu'ils paraissent et que ceux-ci réapparaîtront sous d'autres formes car, dans l'hindouisme comme la formule de Lavoisier, tout se transforme. Tout ceci détermine assez fidèlement, à mon sens, la volonté et l'action de Neo face aux machines tant sur le rapport à la technologie et tant sur la non-violence - coucou Zaz.


Dans tous les cas, de toutes les voies du possible, la libération est le fruit d'une action. Cette vision écrite dans le Bhagavad-Gita est toute entière hindouiste dans la mesure où « l'être ne cesse jamais d'être ». En d'autres termes, ne pas agir est considéré comme néfaste car perturbant le caractère immuable de l'être et parce que la non-action ne peut venir que d'une ignorance. Or, je le rappelle, la connaissance, de soi notamment, est le point d'ancrage de l'extinction de toutes les douleurs dues à l'ignorance, le point d'ancrage de la libération du cycle de cette sempiternelle douleur, un point que l'on nomme Nirvana. Seule la connaissance permet de calmer les douleurs.


Morpheus dit à Neo que, tant que la matrice existe, l'espèce humaine ne sera jamais libre. Bien que les intérêts entre humains et intelligences artificielles soient antagonistes, avec d'un côté les esclaves et de l'autre tous ceux qui peuvent se permettre d'avoir des esclaves, remarquons toutefois que Matrix va plus loin que l'option de la résistance, qui consiste à se défendre (notamment pour être perçu dans le camp des gentils = action légitime ; donc action illégitime pour les ennemis !). La plupart du temps, Matrix montre des scènes de défense, de poursuite pour échapper à l'agent Smith, ce programme sensible qui, pourvu d'une intelligence semblable à l'intelligence humaine, semble lui aussi prisonnier des desiderata des machines. Agir pour résister mais agir pour en finir avec une situation mortifère. A aucun moment, il est insinué qu'il faut renverser le pouvoir des machines mais il est simplement déclaré que les humains veulent la paix sur Sion de sorte qu'il puisse y avoir une harmonie. La condition à remplir est que tous les humains puissent avoir accès à la vérité – celle de l'existence et de l'expérience de la matrice. C'est ce qu'on pourrait appeler un pacte faustien. Cette vision de l'action politique au sein de Matrix est d'avance condamnée à l'impasse rien que pour son mysticisme du respect de la vérité de l'autre. En revanche, ce qui est plus intéressant, c'est l'abandon de tous pourparlers entre les machines et les humains : c'est soit l'armistice ou rien et cela résonne en moi comme une volonté d'expier toutes les douleurs. Avec ses monologues univoques où le libre-arbitre de chacun des personnages ne donne lieu qu'à des actions tranchées, Matrix écarte d'emblée l'idée de la défense collective des humains car le dialogue semble impossible. Par cette manière d'écarter cette possibilité, il est posé dès lors le constat accablant des intérêts fondamentalement antagonistes entre machines et humains, comme le souhaite d'ailleurs l'hindouisme rien que par sa technophobie.


Dans cet antagonisme, Matrix suggère en réalité un miroir des deux ennemis ; chacun cherchant à se libérer de l'autre (être autonome pour l'agent Smith) et chacun se disant prisonnier. Une théorie affirme que Matrix serait la bataille pour la réécriture de la matrice, inéluctable selon la prophétie. Dans ce miroir adversaire, l'agent Smith avoue lui aussi qu'il est esclave et qu'il n'a guère d'autre choix que de combattre pour survivre. Cette empathie pour l'ennemi, là encore assez caractéristique de la conception mystique de l'action humaine développée un peu plus haut, participe à l'idée que le combat n'est pas une fin en soi, et je ne peux, hélas, qu'approuver cette vision. A maintes reprises, l'histoire de Matrix nous montre que résister ne peut pas suffire pour modifier le rapport de force. Mais les attaques ne sont pas frontales et les moyens humains très réduits conduisent Neo et comparses à des attaques-clés ciblées, à des duels qui ne seront paradoxalement jamais destinées qu'à convaincre les machines d'en finir avec ces simulacres pour tous... Or les forces dominantes sont tellement puissantes du côté des machines qu'on ne peut pas considérer que tout le monde est dans le même bateau et ces scènes sont destinées à croire dans les chances de Neo de l'emporter et donc à nous faire croire que les forces deviennent équivalentes. Matrix veut jouer alors sur deux tableaux : convaincre mais sans asservir / être libérée du joug mais dans l'harmonie.


A partir de cette ambition double, qui contredit la parole de Morpheus, Matrix tisse dans le gras de trois conceptions de l'action politique tout en avançant avec une idée qui une fois partagée entre tous sera infaillible : une fois que l'humain saura, après réécriture de la matrice, ce qu'il est fait de lui, les machines ne pourront plus faire comme avant. Il y a donc besoin de résister mais aussi d'envisager un désir nouveau, une réorganisation sociale. Par ailleurs, au moment de la négociation machines vs Neo dans le volet 3, les machines demeurent très puissantes et leur acceptation facile vers une réécriture de la matrice par Neo apparaît mystérieuse et périlleuse. Or il est raisonnable de penser que la proposition de Neo est un moindre mal pour le devenir des machines depuis que l'agent Smith leur échappait. La réécriture matricielle vue par Neo n'est pas vraiment dangereuse pour le devenir des machines et ne remet en cause leur pouvoir que dans les marges, que pour les humains qui auront suffisamment de clairvoyance pour sortir de la caverne. C'est une proposition qui a le reflet d'un processus extrêmement lent et sans garantie pour l'ensemble de l'humanité. Mais Neo sait que la précédente version de la matrice – un Eden à ce qu'il paraît – ne fonctionnait pas selon les machines. Matrix avance avec cette envie de voir progresser une idée contre laquelle on ne peut rien, l'envie de voir infuser ce besoin de croire en une espérance nouvelle mais ambivalente et qui nous conduit inexorablement à surpasser l'état d'indignation mais aussi l'état de résistance. Cela reste une révolution, un peu étrange de mon point de vue, mais une révolution tout de même ; la société nouvelle ne bénéficiera pas d'un renversement total mais un renversement au cas par cas – ce qui dans notre réalité est toujours la preuve d'une trahison à moyen terme tandis qu'une telle mesure apparaît comme consensuelle et salutaire.


Ni destin, ni idéal ?


J'ai exposé les trois conceptions de la pensée humaine qui animent, de manière très inégale certes, l'histoire de Matrix : mysticisme, idéalisme et matérialisme. Nous y revenons.


L'histoire nous suggère, telle une véritable Odyssée, d'aller par delà ses conceptions parfois contradictoires pour aller se demander si, métaphysiquement (textuellement, par-delà la physique), l'humanité n'a pas un chemin résolu, et si... elle ne poursuit pas un but unique. Par exemple, on est en droit de se demander comment on est arrivée à une situation où les machines mécaniques à l'ère du numérique ont réussi à coder une matrice de sorte à maintenir l'esprit des humains dans un rêve prolongé. C'est bien du fait de l'être humain si ces machines ont pu voir le jour, non ? Et, s'il y a bien un fait dans l'histoire où le film a bien raison, c'est dans la survenue de toutes choses ressemblant, simulant l'humanité, et ce jusqu'à la confusion de la simulation et du réel. Les soeurs Wachowski ont défini l'intelligence artificielle comme se retournant contre l'humanité - ce qui, à mon sens, est une vision certes dystopique mais correspondant à une technophobie. Pas étonnant quand on sait ce que les hindouistes pensent des technologies en général. Mais laissons ce caractère maudit de côté.


L'intelligence artificielle n'est pas une rationalité en soi. Sans doute à court terme mais à plus long terme, elle sera invariablement le miroir complexe de la conscience humaine idéale avec sans doute ce que l'Homme n'a pas réussi à imposer que dans le chaos économique et sociale, par ses frontières, ses concurrences de propriétaires et sa loi du profit ; l'heure de l'intelligence artificielle sera l'heure de ce que Teilhard de Chardin appelait la noosphère. Brièvement, la noosphère est, par delà l'interconnexion des subjectivités, le produit historique et harmonieux qui aboutit à un état du "nous", du "nous" en tant qu'être humain, à un état des connaissances et des consciences globales et liées. Cela a d'autant plus d'impact que la vitesse à laquelle les consciences sont liées est de plus en plus rapide, en plus d'être mondialisée. Dans Matrix, on pourrait penser que l'on parle de cyberespace, d'interfaces reliées à des illusions de clones, à des représentations fausses de soi, mais finalement cet état du "nous" est complètement un chaos du côté des humains. L'idée qui me vient en premier pour exprimer la capacité organisationnelle des machines contre les humains via une interface est celle d'un système d'exploitation, au sens matériel et informatique du terme. Si cette organisation n'est pas possible du côté humain, c'est un souhait impossible que seule la foi en l'élu Néo pourrait faire émerger mais ce n'est pas du tout le cas. Non seulement il y a une discorde au sujet de la Foi entre les païens et les stratèges de la cité Sion, mais cette discorde est appuyée (non démontrée) par l'Oracle (donc par la Foi elle-même). Cela est pour les forces résistantes qui sont absolument marginales. Pour le reste de l'humanité, c'est surtout la question de l'éveil qui se pose et d'un point de vue matérialiste, l'idée de l'éveil ou de sortir de la caverne ne peut pas suffire dans la construction du « nous ». Il faut un intérêt majeur et vital pour cet effort. Sans cet intérêt, l'éveil est réduit à un pur idéalisme, pour la beauté du geste, car, et dans l'ensemble, l'humanité est incapable de voir le joug. Dans Matrix, l'état de noosphère est surtout représentée par l'harmonie qui réside entre les machines sous formes de pieuvres mécaniques. Leur communion et la division des tâches sont telles qu'il est quasiment inconcevable d'être leurs égaux et, par conséquent, si on en revient à analyser l'historique des rapports de force, l'humanité est asservie, donc le rapport aux machines est celui d'esclaves face à leurs maîtres.


L'avenir de l'humanité est un point d'interrogation du fait de sa désorganisation des consciences aux conceptions disparates et de ce statut d'inférieur par rapport aux machines. Mais comme toute intelligence artificielle, qui rappelons-le brise ici, une fois de plus je dirais, les trois lois de la robotique selon Asimov - interdiction de tuer un humain, obéir à l'humain, se protéger sauf en cas où un humain est en danger - l'intelligence artificielle a besoin de lutter pour sa survie ; elle doit nécessairement cultiver les êtres humains pour maintenir son autonomie. Pour lutter pour sa survie, elle assied une violence symbolique par une illusion collective et pacifique (envers elles s'entend). Lorsqu'on s'en prend directement à elles ou que l'humain éveillé échappe à leur surveillance, cette violence légitime se concrétise physiquement, notamment via un antivirus intelligent sous les traits de l'agent Smith. C'est même à ce genre de violence que l'on repère les champs limites des libertés qui se muent en rapport de force explicite. Cette violence symbolique, la matrice, peut alors être perçue comme la résultante émergente, au sens philosophique du terme, du dépassement de la conscience humaine telle qu'elle est vécue dans le film, c'est-à-dire séparée de toute idée d'un "nous" possible. Pour reprendre l'allégorie de la caverne, l'existence d'une matrice mondiale, mathématique, nous oblige à penser que le bon et le mauvais sont confondus, que le vrai et le faux ne sont pas ce qu'ils paraissent être et que l'accession à un devenir est aussi illusoire que le système binaire. Et c'est en cela que le film se révèle, à mes yeux, passionnant, parce qu'il oblige à sortir du piège des manichéismes. Il y parvient esthétiquement. Même certaines scènes d'actions où il y a un nombre important de morts innocentes (enfin, qu'on pourrait qualifier d'innocentes) rend confus le statut de chaque partie mais la nécessité oblige à transcender les statuts de gentils et de méchants. Mais globalement, Matrix ne sera jamais plus qu'une équipe plutôt bienveillante pour l'humanité et qui combat les affres illusoires d'un monde en perdition. Sur l'ensemble des trois volets, le verdict est plus accablant, puisque tout ce qui n'est pas autour de Néo est considéré comme définitivement pourri. Cet intérêt et cette perspective-là, matérialiste, perdent tout leur sens. Toutefois, reconnaissons que, au fil du film, apparaît une chose assez peu commune : la conscience de Néo et donc ses actions ne sont pas du tout au centre de tous les enjeux ; elles ont un impact réel mais ce ne sont pas les choix de Néo qui déterminent les rapports de force. Il est l'incarnation du sauveur seulement parce qu'il a été voulu mais son humilité et ses doutes font qu'il ne l'est pas. Il est un porte-parole tout au mieux. Neo fait en revanche un seul choix qui prévaut juste parce qu'il est un choix causal, il est celui qui engendre tous les autres. C'est celui de la scène de la pilule. Cette scène est présentée comme un choix mais il apparaît tout de même comme très contraint (binarité du choix, démonstration, désir de vérité et de sortir de l'aliénation). Dans cette scène culte, il choisit surtout qu'il a un rôle à jouer par delà lui-même, guidé par un maïeuticien Morpheus et l'amour révélé en la personne de Trinity. Cet amour est non seulement le moteur du dépassement, de tous les dépassements, mais il est aussi la transcendance qui vient projeter ses lueurs contre les parois de la caverne et chauffer ainsi les visages du Père Morpheus et du fils de l'Homme, Neo.


Un nouveau livre


En attendant que cette trinité s'accomplisse, c'est la fin de cette critique-analyse en l'honneur du 20ème anniversaire de Matrix. Enfin... C'est surtout une critique telle que je l'ai souhaitée avec ma lecture de la réalité (ou plutôt « dans le désert de la réalité »). On pense souvent qu'il n'y a pas de révolution sans nouvelle religion et Matrix n'échappe pas à cette règle. On trouve, au travers des conceptions de l'action des différents protagonistes, des points de convergence entre les trois conceptions susdites mais aussi leurs limites comme j'ai essayé de les exposer et de les étayer. Ce film à la fois accessible et complexe propose une œuvre rare et rare aussi est cette considération envers lui de nos jours. J'en veux pour preuve que, parmi mes éclaireurs, personne n'a songé critiqué ce film et que je n'ai, à ma connaissance, rien lu de très développé à ce sujet sur Sens Critique. Alors oui, je pars loin, mais ce divertissement physique et intellectuel nous invite à nous évader. N'est-ce pas le but de la science-fiction ? Nous évader d'une dystopie ? Autrement dit, l'invitation à repenser le monde, loin des dérives de la science et des technologies.


Tout ce que j'ai écrit ici, je l'ai pensé tout cela devant le film, sans le revoir, juste en m'instruisant de mes visionnages passés et en lisant des choses annexes concernant mes réflexions. Rien que pour cela, ce papier est une manière de lui rendre hommage. Hommage à un film grand public qui ouvre l'esprit plus qu'il n'enferme. Il y a là dedans une félicité, celle de parler de la philosophie de manière non détournée, et de la base de la base de la philo, le tout dans une œuvre divertissante mélangeant de nombreuses influences. Rien à jeter, rien de laissé au hasard dans le premier volet. L'on découvre beaucoup de choses encore au-delà du film lui-même – ce qui est la marque des grandes œuvres. Populaires de surcroît. Je n'aurai soumis que quelques lectures, par delà nos minuscules consciences au milieu du capharnaüm du monde.

Andy Capet

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