Joel Silver a du flair.



Au milieu des années 80, alors que le cinéma d'action Hollywoodien vient à péricliter, il va livrer successivement Predator, L'Arme Fatale, et Die Hard, qui vont dicter ce que sera le film de genre pour les dix années à venir...



Mais ce flair il ne l'a pas systématiquement, puisqu'au cours de ces dix mêmes années, il va lui-même verser dans la suite, la redite, ou l'insignifiant ( Fair Game en est le paroxysme ). Cela dit il fait un paquet de fric ( sauf Fair Game bien entendu, et aussi le fait qu'il décide de ne pas produire Die Hard 3, le plus grand succès mondial de '95... ) et a de quoi financer un petit bijou qui remettra tout le monde d'accord.




Au même moment, deux adolescents boutonneux au patronyme imprononçable voient Black Mask et Ghost in the Shell le même week end dans leur garage. Forts de cette expérience il vont se dire, entre deux perçages de boutons : " Whoa c'est trop cool -splurt- on aimerait trop faire pareil ! "

La success story des Frères Wachowski est née.



Forts de leur participation à l'indigent Assassins de Richard Donner avec Stallone, produit par Joel Silver, ils vont solliciter celui-ci pour financer leur rêve : le renouveau du cinéma d'action, pensent-ils.

Banco !



L'intrigue ?

Dans un futur post-apocalyptique, un putain de gros robot répondant au doux nom de "Matrice" a asservi l'humanité, en la confinant dans des cuvettes de chiottes king-size individuelles et en se nourrissant de l'énergie électrique que nous, humains, dégageons.
Pour les divertir, la matrice a créé un environnement onirique qui représente une époque lointaine pour l'humanité, où les Twin Towers tenaient encore debout, et les Yuppies étaient rois. Plongés dans ce faux-monde, les humains n'ont aucune idée de ce qui se trame...
Tous ? Non ! Une bande de cul-terreux a réussi l'impossible : ils se sont extraits de la matrice, et vivent dans des vaisseaux qui flottent dans des caves... Et leur leader, Morpheus, a dans l'idée que Neo, est l'élu.
L'élu !

Bon, moi j'ai pas voté pour lui, mais au demeurant j'aime bien Keanu Reeves, donc je vais voir le film un dimanche matin en avant première, et tout. Salle comble, grosse attente.


Et en fait bah le film est une sale bouse, hein.


Quiconque à lui aussi vu Black Mask et Ghost in the Shell dans son garage n'à rien à découvrir sur le plan esthétique, et si par dessus le marché on a lu une nouvelle de Philip K. Dick au hasard, tous les thèmes science-fictionnels sont du ressassé. Ne venez pas me parler de William Gibson et de son " influence " sur Matrix, je le considère déjà comme un sous-K-Dick dégénéré, et lui, il a fait à la littérature ce que Matrix a fait au cinéma. Un gloubiboulga de synthèse sans intelligence, ni aucun intérêt.



Donc du coup qu'est-ce que j'ai à me mettre sous la dent ?


Des scènes de bagarres absolument ridicules, car, contrairement à Jet Li, aucun des acteurs du film ne sait se battre. Ne venez pas me balancer les interviews propagande qui venaient clamer que Keanu et Carrie Ann Moss étaient devenu ceinture noire de Kung-Fu en 6 semaines, parce que déjà ça n'existe pas des ceintures au Kung Fu, qu'en plus le Kung Fu n'est pas un sport, et que toutes disciplines martiales confondues, aucun des participants ne mérite une ceinture.



On a aussi le fameux Bullet-Time, procédé qui trainait déjà ses guêtres dans le monde de la photo, puis sur MTV et dans la Pub depuis quelques années. Donc ne venait pas me certifier " c'est du jamais vu ! " comme on me l'a seriné à l'époque. De plus dans le cas de Matrix, il devient lent et explicatif : " regardez, il évite les balles. On va encore faire un tour pour les deux du fond qui suivent pas : il évite les balles. " ...
Et certainement pas beau.

Il faudra attendre Spider-Man pour que Sam Raimi parvienne à utiliser ce gadget à bon escient : quand le Spider-Sense se met en marche, Peter Parker "sent" son environnement jusqu'à savoir qu'un type s'apprête à lui éclater la tête par derrière ! Le temps figé, la caméra en apesanteur, là ça marche !

Dans Matrix j'attends juste que le temps passe et je me fais chier.



Alors, me demandez-vous, pourquoi tant de haine ? Jusqu'à présent , au vu de ma description, le film est dans le pire des cas chiant, et au mieux, insignifiant...



Eh bien pour deux raisons.


La première c'est que ce film est une sale parabole fasciste !



Dans une scène " anthologique ", Keanu et Carrie Ann, vont sauver Larry Fishburne des griffes de Hugo Weaving dans un gratte-ciel sur-gardé. Comme ils sont dans la matrice, ils peuvent faire ce qu'ils veulent. Ils pourraient se mettre à la taille d'un microbe et grimper dans les conduits d'aération. Ils pourraient se changer un mécha-dinosaure-géant, et couper l'immeuble en deux pour sortir Larry. Mille autre idées encore. Mais non. Les frères Wachovski n'ont pas d'idées. Ils ont celles des autres... Alors les deux héros prennent les armes, et vont exécuter tous les gardes qui passent à leur portée. même ceux qui se rendent, en pleurant ! Alors que si on a deux neurones, on a saisi que, si on meurt dans la matrice, alors on meurt dans la cuvette de chiottes aussi. Donc là ils sont en train de tuer des pauvres humains qui ont pour METIER de garder un méchant building. Mais ils n'ont aucune idée de la trame qui les dépasse ! Et ils sont sacrifiés pour ça. Moralité de l'histoire : " Connais ce qu'on connait, partage notre point de vue, OU TU ES BON POUR LA MORT ! "


Quand on parle de plaisir "coupable" on est coupable de quoi ? On n'a rien fait mal, nous !
 Dans They Live de john Carpenter, le héros fait face à de vilains aliens qui veulent régner sur le monde, certains se faisant passer pour des humains... Après en avoir tué certains, il croise un flic, humain pour de bon, qui pourrait représenter une menace pour lui... Eh bah c'est bien simple : il le laisse vivre !



Parce que si, pour sauver l'humanité de la matrice, on a le droit de buter tout le monde, c'est simple : y'a qu'à aller dans la matrice, déposer une quizaine de bombes H, ou 75000 tonnes de Gaz VX, ou Chuck Norris, et exterminer le monde entier ! Les pauvres humains mourront dans leurs cuvettes de chiottes et la matrice n'aura plus de jus ! Hop là ! Affaire suivante...


Ceci dit, après mure réflexion, je me suis dit que les frères Wachowski n'étaient pas assez intelligents pour être fascistes. Ils sont juste des adolescents attardés.



Une courte scène en témoigne, car même si je devais accepter toutes les infamies visuelles et fascisantes, y'a quand même du lourd...

Conversation téléphonique entre Morpheus et Neo : ( je paraphrase, car je ne l'ai pas vu depuis plus de 10 ans... )

" On ne peut pas se parler, car il y a un spyware en toi ! Alors rendez-vous sous le pont Isaac Newton à 18H30 précises ! "

Et là j'imagine la matrice qui regarde son spyware : " Aww, maintenant on ne saura JAMAIS ce qu'il voulait lui dire !! "

Putain, si c'est pas de la connerie en barre, ça !?



La deuxième raison qui me fait haïr le film jusqu'au bout des ongles-des-pieds, c'est que cette saloperie a fait école...
Comme les héros d'action des années 80 étaient mythiques et inaccessibles ( grands, forts, charismatiques... ) les geeks ont créé un héros qui leur correspond. Asexué, frêle, geignard...

Et ils le balancent dans un univers dénué de toute inventivité pour qu'il aille se battre ( mal ) contre des ennemis sans valeur...
Ça vous rappelle rien ? BOURNE ! Mais oui ! la série de films d'action la plus inepte des années 2000 ! Eh bien c'est grâce à Matrix !


Donc, on peut remercier Joel Silver, hein... Il a du flair !



Et il faudra attendre qu'un vieux de la vielle reprenne les armes pour livrer un film d'action qui vaut enfin quelque chose... J'ai nommé Sylvester Stallone, avec son John Rambo de premier ordre. Un héros puissant charismatique, et mal rasé.


J'ai oublié de parler du seul et unique moment du film qui me plait.

Quand Larry Fishburne saute du building à l'hélicoptère et qu'il y a cette grosse explosion dans le building, là... J'aime bien la " bulle de distortion " qui précède l'explosion. Ça rend bien : c'est comme si la matrice avait du mal à computer tout ça, et je trouve l'effet en adéquation avec l'univers décrit. Voilà, c'est le seul.


Donc, Ok, je peux aller jusqu'à admettre que quelqu'un qui n'en a rien à foutre peut aimer regarder Matrix en éteignant son cerveau. 
Dans la même catégorie ( " réunir en un film tout ce qui était clinquant et cooool " ) je pense même préférer Le Cinquième Elément, qui, s'il est d'une mièvrerie confondante et d'une connerie abyssale, ne véhicule pas d'idées complètement foireuses et néfastes à l'homme, en imposant une pseudo-philosophie moderne. Cela dit, quand on ne véhicule AUCUNE idée, on ne peut pas se planter...


Je voudrais terminer cet article en citant ma maman. Je sais que c'est contre les règles, mais elle a su, avec une économie de mots qui me fait défaut, expédier Matrix ad patres...

Après vision, elle a dit : " Matrix... J'ai préféré TRON. "




Paow !


mikeopuvty
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes FLOP 50 depuis que je fréquente les salles obscures, 1999 - FLOP 10 et Le Top de la Gerbe

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le 1 oct. 2011

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Mike Öpuvty

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