Une critique pour l'ensemble de cette saga qui a marqué l'Histoire du cinéma.


Matrix (1999) nous fait redécouvrir Laurence Fishburne dans un rôle qui reste son meilleur, Carrie-Ann Moss dont l'éclectisme affolant n'est plus à démontrer et nous fait découvrir deux génies Hugo Weaving et Keanu Reeves.
C'est un peu de la philosophie pour les masses bien que cela cache de nombreux traits plus subtils. C'est beaucoup d'action folle à lier mais cela fait montre d'une innovation devenue un classique du genre. C'est aussi une ambiance unique, des références de Platon à Baum en passant par la Bible, les mythes greco-romains, Kafka, le Docteur who et Carroll. Unique fait de la saga, d'excellents effets fantastiques liés au fait que l'on découvre l'irréalité de la Matrice. Une perle pas toujours appréciée à sa juste valeur, suspectée de prétention philosophique déplacée en inutrition vomitive.
10/10


Matrix Reloaded (2003) initie un diptyque qui transforme un film unique en trilogie. Souvent considérée comme mal venue et l'exploitation d'un bon filon financier, cette suite se justifie d'elle-même, rejoignant la tragédie et son dilemme. On pense ce que l'on veut de la mutation de Smith, des jumeaux blanchâtres, de Seraphin le shaolin: ce sont de nouvelles rencontres élargissant l'univers. On rit ou l'on hurle devant le duo franco-italien très vieille Europe à la fois saugrenu, inattendu et délectable Lambert (en quasi french Landa avant l'heure) - Bellucci (décidément jumelle de Sophie Marceau). On reste interloqué devant le personnage de nouveau pilote de Perrineau ou celui de Pinket-Smith en grand Amour impossible de Morpheus.
Restent des scènes inoubliables: la rencontre avec l'Architecte, la tirade d'insultes so french du Mérovingien ou l'anthologique scène sur l'autoroute (une auto-route inaugurée avec ce film).
Son défaut: il s'achève sur le début du troisième opus dont il ne se distingue plus bien que de tonalité très opposée.
7/10


Matrix Revolutions (2003) est souvent le moins apprécié. J'avoue le regarder pour les scènes narrant le parcours christique de Neo et la montée effroyable de Smith. Le reste, bien que possédant la patine Matrix, n'est que guerre futuriste contre les machines, semblable à beaucoup trop d'autres films et romans de science-fiction.
Et tant que paix il y a, bureaucratie post-apocalyptique il y a aussi. L'occasion de créer un rival en amour pour le très chaste Morpheus - inutile donc - et de donner plus d'importance à Anthony Zerbe, seul acteur old-generation célèbre de cet ensemble jeuniste d'époque, transfuge de James Bond (Permis de tuer) et Columbo (Il y a toujours un truc)
6/10


                                                                   ***

Maintenant, observons cette saga dans son ensemble, si vous le voulez bien.


Pour moi, le triptyque, bien que non prévu, subissant des changements de casting de dernières minutes, ajoutant des personnages interchangeables et des personnages prétextes à des jeux vidéos dérivés, est tout à fait cohérent:
Matrix, c'est la naissance et l'enfance: Neo "arrive au monde", découvre son potentiel, ses limites.
Matrix reloaded, c'est la vie: Neo fait de nouvelles rencontres, en apprend plus sur le monde, prend conscience de sa finalité mortelle (montée de Smith) et de l'héritage des âges qui l'ont précédé (le Mérovingien). Zion et la Matrice apparaissent respectivement comme les premier- second et troisième lieux de Ray Oldenbourg.
Mais surtout, Neo fait un choix qui impacte toute sa vie.
Matrix Revolutions, c'est la vieillesse et la mort: Neo pense karma, devient plus sage, plus savant mais aussi aveugle et fatigué. Il meurt dans une lutte ultime contre Smith qui détruit tout ce qu'il a connu, c'est à dire dans une lutte contre sa mort.
Le triptyque est donc assez classique.


                                                              ***

Le parcours de Neo, l'Elu, est aussi un parcours christique à l'instar de ceux célèbres d'Hercule, Superman et plus insoupçonné Pinocchio.
Je remercie Hypérion pour sa critique sur Matrix Revolutions qui apporte matière à mieux intégrer cet aspect des films et même à repenser l'ensemble du triptyque: http://www.senscritique.com/film/Matrix_Revolutions/critique/2136950 (ce qui me fait changer le 6 en 7, l'idée étant brillante mais mise en scène de manière trop complexe et occulte pour être appréciée de tous)

Frenhofer
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes ça a débuté comme ça (version films) et Sagas

Créée

le 1 avr. 2016

Critique lue 287 fois

2 j'aime

Frenhofer

Écrit par

Critique lue 287 fois

2

D'autres avis sur Matrix Revolutions

Matrix Revolutions
Gilraen
8

La Matrice qui cache la forêt

Blockbuster hollywoodien d’une intelligence rare, la trilogie Matrix aura fait date dans l’histoire du cinéma. Pourtant, l’accueil critique relativement mitigé de ses deux derniers opus — rapidement...

le 6 sept. 2019

44 j'aime

9

Matrix Revolutions
0eil
4

AAAAAAAAAH ! TATATATATA ! AAAAAAAAH ! TATATATATA !

... j'imite bien la scène de bataille, non ? J'avoue, j'aime la théâtralité. Ca vient tard, ce genre de vice. Ca vient quand on a digéré les films d'action, qu'on les a aimé et qu'on se dit "tiens,...

Par

le 26 déc. 2010

33 j'aime

3

Du même critique

Les Tontons flingueurs
Frenhofer
10

Un sacré bourre-pif!

Nous connaissons tous, même de loin, les Lautner, Audiard et leur valse de vedettes habituelles. Tout univers a sa bible, son opus ultime, inégalable. On a longtemps retenu le film fou furieux qui...

le 22 août 2014

43 j'aime

16

Full Metal Jacket
Frenhofer
5

Un excellent court-métrage noyé dans un long-métrage inutile.

Full Metal Jacket est le fils raté, à mon sens, du Dr Folamour. Si je reste très mitigé quant à ce film, c'est surtout parce qu'il est indéniablement trop long. Trop long car son début est excellent;...

le 5 déc. 2015

33 j'aime

2

Le Misanthrope
Frenhofer
10

"J'accuse les Hommes d'être bêtes et méchants, de ne pas être des Hommes tout simplement" M. Sardou

On rit avec Molière des radins, des curés, des cocus, des hypocondriaques, des pédants et l'on rit car le grand Jean-Baptiste Poquelin raille des caractères, des personnes en particulier dont on ne...

le 30 juin 2015

29 j'aime

10