Rappelez vous, c'était en 2001, Max Payne pointait le bout de ses berettas sur PC pour défourailler la vermine New-Yorkaise. Le jeu fût une vraie claque pour beaucoup tant en terme d'ambiance que de gameplay et déjà à l'époque des rumeurs circulaient à propos de l'arrivée du Hard Boiled Cop sur les toiles de nos cinéma favoris. 7 ans et une suite plus tard la rumeur devient une réalité sous l'égide de la Fox.
Quand on pense à la notion d'adaptation de jeux vidéo au cinéma on prend immédiatement peur. Il faut bien dire qu'en dehors des efforts louables, mais finalement vains, de Christophe Gans pour Silent Hill le médium n'est jamais sortit grandit de l'expérience. Mais Max Payne n'est pas un type comme les autres... du moins c'est ce que l'on croyait.


-Payne in the ass

Max Payne, le film reprend grosso modo l'histoire de Max Payne, le jeu; à savoir la croisade vengeresse d'un flic déclassé et seul contre tous à la poursuite des responsables de la mort de sa famille. Le film se pose d'emblée comme une série noire: action essentiellement nocturne, lumière très contrastée dans des tons bleus/gris et acteur principal qui tire la tronche parce qu'il porte un lourd fardeau. Quand un film porte le nom de son héros fatalement l'attention se focalise sur ce dernier et donc sur l'homme derrière le masque. Mark Wahlberg campe notre flic taciturne et triste avec une paresse qui fait peur, confondant personnage brisé et enclume inexpressive il n'apporte que peu de subtilité à son rôle préférant se réfugier ad nauseam dans le même froncement de sourcil vénère.
Lorsqu'il tente des changements d'expression il est également à côté de la plaque, il faut voir sa tronche d'ahuri, façon lapin pris dans les feux d'une voiture, lorsqu'il découvre la vérité sur Lupino ou le sourire de demeuré qu'il arbore lors des flash back. Bref l'entreprise part déjà du mauvais pied et si l'on a connu Wahlberg beaucoup plus inspiré par le passé il ne fait aucun doute qu'il n'est là que pour payer ses impôts.

Cependant le reste du casting est à l'avenant entre la très belle Olga Kurylenko qui sur-joue la poufiasse où l'incroyable erreur de casting qu'est Mila Kunis (Les fans de That 70's Show apprécieront) dans le rôle sous exploité de Mona Sax on ne cesse d'aller de déconfiture en déconfiture. A leur décharge les acteurs font certainement ce qu'ils peuvent avec des personnages très mal écrits et pour certains complètement incohérents : Mona Sax, encore elle, dont on ne comprend strictement rien à ses motivations et qui débarque tel un Deus Ex Machina dés que l'intrigue à besoin d'un coup de pouce pour rebondir. Jim Bavura dont on cherche encore les raisons qui l'ont poussé à soutenir Max Payne plutôt que de l'arrêter.


-Pourquoi se donner autant de Payne ?

Tout ce beau monde évolue dans un scénario tout à fait banal et usé jusqu'à l'os. Alors certes celui du jeu n'était pas franchement très original non plus mais il possédait une densité narrative que le métrage de John Moore peine à retrouver.
Le film n'est pas un gros film d'action basique. En effet la première scène d'action prend du temps à arriver, le film prenant presque une heure pour poser ses enjeux et ses personnages. Le problème qu'avec un script aussi nul et des personnages aussi vides on tourne très vite en rond et, disons le franchement, on s'emmerde. Inutilement long le début du film brasse beaucoup de vent et n'arrive pas à poser une/des ambiances vraiment marquantes pour autant. la réalisation comporte bien quelques bonnes idées telle l'intro du film aussi esthétique qu'intrigante ou encore des cadrages bien étudiés. Trop statique, la mise en scène semble se complaire dans sa propre inertie histoire de se donner un genre sérieux.

Le vernis craque lorsque le film se refuse systématiquement à aller au fond des choses. Histoire de ménager les spectateurs le film se veut malgré tout très gentil et poli, trop sage pour ce que son histoire est censé raconter. On ne ressent jamais véritablement d'empathie pour les personnages ni de peur ou d'angoisse dans la plupart des situations. Seuls les valkyries s'en sortent pas mal, l'idée de personnifier les effets de la drogue de la sorte est percutante. Malheureusement le réalisateur en abuse et en fait systématiquement le même usage histoire d'apporté une certaine profondeur à son histoire qui en a bien besoin, mais à la longue ça lasse plus qu'autre chose.

Côté baston, car avouons le si on aime Max Payne c'est aussi pour ses gunfights épiques et violents, là aussi on ne pourra que rester sur sa faim, tournés sans génie ,expurgé de sang (Les amateurs apprécieront la scène ou Max défonce la tronche d'un mec pendant une bonne minute et lorsqu'il s'arrête pour parler la victime saigne à peine du nez) et accumulant les aberrations (des types qui attendent leur tour pour tirer, 20 flics d'élite dans une pièce de 20 mètres carrés qui ratent un homme seul, Max qui spawn dans le décor sans qu'on comprenne comment il a pu y être caché, etc... ) elles sont surtout de grands moments de frustrations.
Bref Max Payne est un film qui à le cul entre trois chaises: celle du film de studio propre sur lui, celle du polar noir et désabusé et celle du film d'action couillu. Manque de bol jamais le réalisateur ne pas prend la peine d'en choisir une pour de bon et le soufflé retombe inévitablement.


-Pas la Payne d'insister

Vous l'aurez donc compris Max Payne est donc un film raté qui viendra rejoindre la longue liste des projets opportunistes cherchant surtout à exploiter un nom de licence vite fait plutôt qu'à faire un vrai film.
Si la volonté d'aborder l'adaptation sous l'angle sérieux est louable (on est quand même bien loin des conneries pour adolescents qui peuplent la franchise ciné de Resident Evil) on ne peut que regretter qu'un tel projet soit une nouvelle fois tombé dans les mains d'un Yes-man Kleenex se pliant aux impératifs souvent absurde des producteurs :"tu nous fait un film violent mais pour les enfants quand même, avec des drogués qui prennent de la drogue proprement et surtout va pas trop loin dans le côté psychologique car on y comprendrait plus rien". Mauvais film, mauvaise adaptation; Max Payne ne contentera personne. Si on le prend dans le genre bien précis du film adapté d'un jeu vidéo il est pourtant très loin d'être le pire... C'est dire le chemin qu'il reste à parcourir! Pour un peu on va finir par trouver ça triste.
Vnr-Herzog
3
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Cinéma et Jeu vidéo, la grande désillusion et Les pires films adaptés d'un jeu vidéo

Créée

le 16 mai 2010

Critique lue 2K fois

39 j'aime

4 commentaires

Critique lue 2K fois

39
4

D'autres avis sur Max Payne

Max Payne
Ezhaac
3

Max Payne in the ass

Belle direction photo, une volonté manifeste de respecter l'esthétique de la série et quelques plans visuellement enthousiasmant sont tout ce qui sauve Max Payne du naufrage total. Je voulais...

le 28 mars 2011

7 j'aime

Max Payne
Nicool
6

Jolie atmosphère

Comme souvent, je vais me faire l'avocat du diable ou plutôt le défenseur d'un film mal aimé, aujourd'hui: Max Payne. Bien que je sois gamer, je n'ai jamais touché à un jeu de cette franchise, donc...

le 12 oct. 2016

6 j'aime

Max Payne
Lonewolf
2

Peine Maximale [Petits spoils]

John Moore, je te hais, je te conchie, je comprends pas comment on a pu oser te confier un Die Hard après une telle purge !!! Pour moi, Max Payne, c'est l'alliance parfaite du film noir et du cinéma...

le 21 juil. 2013

5 j'aime

Du même critique

Le Bon, la Brute et le Truand
Vnr-Herzog
10

Citizen Kane ? Mon Cul !

Pourquoi ce titre provocateur ? Tout simplement parce que le film de Welles arrive systématiquement en tête de n'importe quel classement des meilleurs films de l'histoire du Cinéma lorsqu'ils sont...

le 12 déc. 2010

503 j'aime

86

Cowboy Bebop
Vnr-Herzog
10

Doux, dur et dingue

Oubliez tout ce que vous savez sur la japanimation (surtout si vous vous appelez Éric Zemmour), oubliez tout ce que vous savez des dessins-animés en général car "Cowboy Bebop" est une série tout à...

le 9 janv. 2011

407 j'aime

37