May December
6.5
May December

Film de Todd Haynes (2023)

Alors certainement, que ça n'est pas un fait exprès.

Mais ce May December m'a fait beaucoup rire.

Tout le monde à souligner puis surligner le thème musical du film. Cependant, ces remarques m'ont semblé étonnamment très centrées autour du fait qu'il s'agit en France du générique de faite entrer l'accusé.

J'avoue n'ayant jamais regardé l'émission, pour moi, la question ne s'est pas posé.

La musique, elle-même, pas le souvenir de téléspectateur ; renvoi à un rapport très ironique avec l'image.

Même si la musique peut avoir un sens ou un autre dans tel ou tel autre pays, le résultat dans ce film, c'est que l'on a une super balance du ridicule de la musique grandiloquente qui appuie tout et n'importe quoi. Julian Moore, pleur parce que son mec sent le charbon, alors qu'il sent la fumée, parce qu'ils ont un barbecue qui fonctionne au gaz et que ce dernier la lui fait remarquer en restant dans le lit alors qu'elle lui dit qu'elle aurait préféré qu'il aille prendre une douche avant de la rejoindre.

Le coup du carton rempli de merde. Le daron sur le toit qui fume un joint pour la première fois de sa vie et qui se rend compte qu'il est super gênant à cet instant, mais qu'il n'y peut rien.

Je ne sais pas vous, mais je ne trouve pas tout cela méga mélo. Le film n'est juste pas du tout un drame. Même si l'on peut tout prendre comme une suite de symboles liés à leurs traumas personnels, enfin des choses que tout le monde connaît et qui n'ont pas une place très importante dans la mise en scène du réal.

Et de ce que je crois percevoir des réactions ; certains, on prit tout cela beaucoup trop au sérieux. Sachant que la balance se fait très bien. Je crois d'ailleurs ne pas me tromper en avançant le fait que Natalie Portman n'est qu'une excuse pour donner ce côté très cinématographique à une situation juste banale, quotidienne, un peu lisse qu'est la vie de nos contemporains.

On aurait pu se focaliser sur la boite à caca, montrer à quel point la vie en société ce n'est pas facile. À la place, on se concentrera davantage sur la relation Facebook que ce jeune père de famille entretient avec d'autres internautes fascinées par les papillons.


Mon interprétation se cantonnera à cela : tout peut devenir drôle si l'on prend les choses pour ce qu'elles sont. Elles ne sont jamais simplement drôles, bien sûr. Il ne s'agit pas de tomber dans quelconque forme de sarcasme. Ces situations ont aussi leur part de tristesse. Natalie Portman, jouant son propre rôle, se retrouve à la fin à s'être laissé bercer par l'idée qu'elle se faisait d'elle-même, elle a cru pouvoir se contrôler jusqu'au bout. Et pourtant elle s'est laissé manipulé par des individus dont elle était persuadé de comprendre la psyché.

La personne lui faisant comprendre cela, le dira d'ailleurs avec la phrase la plus débile possible.

Tout le monde est fou, tout le monde est fragile. Faire son film, c'est facile, regarder et s'arrêter de piailler ça l'est moins.


Je ne connais pas les autres films du réalisateur. Honnêtement, il ne m'intéresse pas spécialement.

En-tout-cas ce film a eu le mérite de me faire bien rigoler et donner une matière complexe à regarder. Il ne s'agit pas d'un film de cinéma bête et méchant à regarder avec un regard bridé de conception dramatique inutile ne flattant que notre connaissance des mythes soit disant fondateur de quelque chose de concret.

Assez aisément, on se rendra compte que le cinéma perpétue ce côté mélo que n'ont pas ces gens desquelles on peut s'inspirer. Ils n'ont rien de grand méchant, ni de grande figure de la complexité humaine. Ils sont eux, et ils ne font rien de particulier pour servir cet imaginaire plutôt artificiel qui n'explique pas grand-chose. La fille de Julian Moore, Charles Melton ; et même le personnage de Moore, l'arrêteront dans son délire d'actrice pour lui faire comprendre qu'au-delà d'être débile, c'est surtout malsain. Qu'il y a quelque chose d'autre derrière l'apparente évidence. Qu'il faut prendre les choses avec émotion pour les comprendre réellement. Qu'il ne faut pas tout calculer pour les comprendre. Et elle ne les comprendra jamais d'ailleurs, elle aura beau tourner autour du pot, il faut juste enlever la musique de faite entrer l'accusé, parce que cette émission est arrivée après que les gens aient des problèmes, aient des vies.

Propppane
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le 19 févr. 2024

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