brigitte macron - le biopic

J'aime beaucoup le cadre du film, dont Haynes profite pleinement avec plein de séquences où la lumière du jour est dorée, rosée, orangée, il filme aussi tout un tas de végétaux, quelques animaux dont le personnage principal s'occupe, tout ça donne un peu de personnalité.

Là-dessus il déroule son histoire avec comme principale force de proposer de la nuance. Ce qu'a fait Gracie est globalement reconnu comme immoral par la plupart des personnes qui en parlent, mais en même temps elle reste relativement inséré dans la vie de sa communauté, puis on apprend que pas tant que ça, puis elle garde des relations avec son ex-mari et ses enfants du premier mariage, mais pas si bonnes que ça, puis elle a une vie de famille qui au premier abord semble bien, puis finalement pas tant que ça... C'est bien, tout ne nous est pas donné dès le départ, et tout n'est pas blanc ou noir.

D'ailleurs le personnage de Gracie est pas mal réussi, elle a ce truc extrêmement froid et malsain, et en même temps très fragile. Joe aussi est intéressant de par le contraste entre son physique massif, beau gosse, et son espèce de passivité, son attitude très immature. S'ajoute le personnage de Natalie Portman qui elle aussi est chelou et met parfois très mal à l'aise (la scène dans réserve de l'animalerie, ses réponses déplacées aux questions des lycéens). Sans parler de la relation entre Gracie et Elizabeth, leurs scènes communes étant le comble du malaise et d'une espèce de tension semi-assumée, que Haynes filme super bien, notamment dans la scène où elles accompagnent une des fille se choisir une robe. Les deux se regardent uniquement à travers le miroir que l'on nous montre, alors qu'elles sont assises côte à côte face à ce miroir. Le plan parle très bien.

La musique très grandiloquent m'a plutôt convaincu, c'était un choix risqué, ça aurait pu faire trop, mais je crois que ce qui fonctionne c'est le contraste avec le cadre très ensoleillé et paisible dont je parlais plus tôt.

En revanche, on aurait pu nous en montrer moins, ne pas faire tellement avancer les choses, ne pas apporter de "réponse" ou de "dénouement". Aux deux tiers du film, je me suis dit que j'aurais même adoré une coupe soudaine, brutale, que le film s'arrête comme ça sans que rien n'ait été accompli, juste en nous ayant montré les choses, posé des questions et remué les personnages et leurs relations. Ce n'est pas tout à fait pareil mais Just Philippot m'avait donné ce sentiment dans Acide, en coupant sans avoir rien vraiment réglé dans son histoire, en laissant les choses plus indécises que jamais.

Là, je trouve que la fin alourdit un peu le film. Heureusement le réal ne donne pas de dialogues trop explicites aux personnages et personnellement je ne suis pas sûr de bien comprendre ce que chacun se dit, ce que chacun fera, et tant mieux. Mais malgré tout j'aurais aimé une non-fin, quelque chose de plus radical