Park Heung-sik propose du grand spectacle, pour un récit de vengeance.
Ce n’est pas nouveau, mais cela répond aux codes du genre.
A l’instar du film «Tigre et dragon» où les femmes sont à l’honneur ou encore «Le secret des poignards volants» où le film se dote de multiples combats aériens, ici le cinéaste réussi à mieux les doser et joue sur les chorégraphies rappelant le wu xia pian. Rien à voir avec les thrillers coréens, seules quelques scènes «sanglantes» par des coups de sabres rapides et tranchants, rappellent au genre, sachant intégrer une musique qui accompagne judicieusement toutes les actions, alliant les tambours aux sons plus subtils et doux d’instruments à corde, sans que celle-ci ne soit excessive.
Le metteur en scène décline son intrigue tranquillement la rendant plus complexe au fil de la narration, avec son suspense, et ses rebondissements.


Les films historiques coréens utilisent bien souvent pour cadre la Dynastie Joséon qui destitua celle de Goryeo, qui sera le cadre de l’intrigue (début Xe – XIVe siècle).
On retrouve les décors de beaux palais sobres et luxueux de «Masquerade» de Kim jee woon, sans la comédie, jouant sur de très belles couleurs, alternant des tons chauds à ceux plus sombres du palais pour marquer les ruptures, et bien sûr, les costumes, coiffes, robes amples et somptueuses, pour le plaisir des yeux. Comme toujours la beauté visuelle est un personnage à part entière.


Pour replacer le contexte, l’introduction nous présente trois rebelles Seol-rang (Jeon Do-yeon), Deok-Gi (Lee Byung Yun) et Poong-cheon (Bae Soo-bin) en lutte contre le pouvoir monarchique corrompu. Après une victoire et un kidnapping réussi, ils se retrouveront piégés, trahis par l’un deux, Deok-Gi, envieux d’une vie meilleure et de ses espérances de grandeur, se laissant fourvoyer.
Poong-Chun meurt. Seol-Rang quitte Deok-Ki et s'enfuit.


Plusieurs années plus tard, Hong-yi (Kim Go-eun), une jeune fille experte en arts martiaux, recherchera l’assassin de ses parents, aidée de Seol-rang, devenue aveugle, gardant enfouis ses secrets qui poussera Hong-yi à la vengeance. En filigrane, un complot visant à renverser le pouvoir, mené par Deok-gi, devenu le puissant général Yoo-baek, nous propose donc trois personnages en prise avec leur destinées respectives, leurs trahisons et leurs sentiments, pour finir par se retrouver. La narration oscille donc des uns aux autres, entre combats et calme relatif, entre flashback et présent.


L’émeute des paysans traitée par exemple dans le film «Kundo» (de Jong bin Yun) se prête à la même facilité à savoir de ne pas pousser le contexte historique sur la révolte du peuple, mais d’en faire seulement la trame pour justifier de l’intrigue. Et de la même manière l’oscillation entre dureté et détresse du général renvoie au prince-bâtard de «Kundo» avec un final qui peut décevoir.


Mais ce qui se perd dans les longueurs et d’un manque de profondeur narrative gagne en efficacité pour du pur divertissement techniquement abouti tout à fait adapté au film.
La mise en scène se révèle efficace et maîtrisée, dynamique et rythmée. Quelques ralentis lors de travellings, ou encore d’arrêts sur image, de combats sous la pluie, de grands chants de blés lumineux, panoramas naturels et grandioses, lui confèrent un aspect surréel des plus plaisants.
Quelques effets moins inspirés où la caméra joue de ces zooms avant et arrière pour un effet haché malvenu, mais Park Heung-sik se rattrape par la suite sur les duels le long des couloirs silencieux, nous amusant avec ses ombres chinoises et mettant en valeur la combativité de Hong-yi à la manière de Kill bill...


Un très bon moment mettant en avant la difficulté de la vengeance et de son bien-fondé.
La réussite vaut aussi par ses acteurs, Lee Byung-hun, toujours impressionnant jouant de ses expressions subtiles et Jeon Do-yeon excellente en vengeresse blessée et impitoyable, qui volent d’ailleurs la vedette aux deux jeunes acteurs Kim Go-eun et Lee Junho. Lee Kyeong-Yeong en vieux maître et allié de taille, que l’on verra peu mais toujours avec plaisir, nous emmène dans le domaine de la magie qui peut aussi être curieux puisque peu défini.


Reste une belle histoire.
Vu en VO sous titré anglais qui se suit sans problème.

limma
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le 29 juin 2017

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limma

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