Après un second film assez affligeant, Barry Sonnenfeld rectifie le tir!

On ne va pas mentir: la saga MIB est un sacré gâchis, d'autant plus regrettable qu'elle partait sur des chapeaux de roue. Avec un premier volet plus que concluant, parvenant à conquérir même les plus aigris, par son inventivité dans l'écriture et dans la mise en scène, par son coté rétro assumé et par ses thématiques sérieuses et en phase avec son époque (et encore bien davantage avec le monde actuel). Bref, comme souvent, le miracle tenait en un alignement parfait des planètes, parvenant à lier œuvre de divertissement et comédie de science fiction grandiose et cynique. La preuve que parfois faire des efforts peut être une entreprise payante, même à Hollywood!

... Efforts réduits en morceau par une suite opportuniste, fainéante et boursoufflée dans le mauvais sens du terme. Film dans lequel surnage la pauvre Rosario Dawson, de même que la partition assez sympathique de Danny Elfman, qui aura eu de quoi s'occuper, cette année-là, avec ce film et Spider-Man. L'humour (amusant cinq minutes) et l'abus de CGI prenaient définitivement le pas sur l'intrigue, au point de ridiculiser totalement son sujet. Ajoutez à cela les caméo et les références au premier film, et on frôlait l'indigestion! Bref, MIB 2 constituait l'exemple typique d'une suite ratée, d'un rendez-vous manqué, 5 ans à peine après le premier opus.

Alors, il fallut attendre pas moins de 10 ans (!) avant que ne sorte un troisième et dernier (?) opus en salle. Sachant qu'à l'époque, Hollywood n'avait pas encore inventé le schéma des "suites tardives/films doudous/retour en arrière"- pour ça il fallait encore attendre deux ans. Ainsi, le public accueillit cette proposition avec curiosité, d'autant que les projets cinématographiques les plus attendus de cette période était l'opus final d'une autre trilogie(: "The Dark Knight Rise) et le lancement de celle du Hobbit.

Et le moins qu'on puisse dire est que le début a de quoi rassurer sur le ton choisi. Loin du coté ultra parodique du précédent, le film joue sur l'introduction d'une menace intimidante et sur un humour nettement proche de l'original. Antagoniste confiné dans la prison la plus sécurisée de l'Univers, cela n'empêche pas Boris de se faire la malle après quelques bonnes punch lines bien senties et une démonstrations de ses capacités. Barry Sonnenfeld gave aussi cette intro de "foreshadowing" (littéralement: élément faisant écho à ce qui se passera plus tard), terme utilisé un peu trop ad nauseam ces dernières années mais qui convient pour l'exemple, étant donné que c'est précisément le rôle de la séquence en elle-même!

On retrouve ensuite nos agent du MIB favoris... Et c'est là que l'équilibre de la comédie devient chancelant. En effet, le metteur en scène revient en l'espace de quelques scènes à ce qui pouvait énerver: la relation de mentor/ élève qui n'a plus de raison d'être entre Tommy Lee Jones et Will Smith qui commence aussi, mine de rien, à devenir "grabataire". Ensuite, l'abus du CGI qui sont une fois de plus très limites. Enfin, le fait de combler chaque moment sérieux par des blagues. A ce niveau, Emma Thompson fait fort; on a parfois l'impression que les réalisateurs lui laissent un peu trop de marge de manœuvre!

Fort heureusement, le film reste assez peu de temps au présent, ce qui réduit de moitié l'agacement que pourra ressentir le spectateur. En vérité, MIB 3 est avant une comédie de voyage dans le temps, qui va jouer de son coté désuet. Non pas, dieu merci, en passant des heures sur Smith qui ne comprend rien aux mœurs des années 60 ( un peu mais c'est digeste). A la place, on assiste au questionnement d'une époque en proie aux divers changements liés à la modernité et aux voies alternatives, à un monde qui se cherche par tous les moyens. Sonnenfeld profite de l'incursion de l'homme en noir dans le passé pour rendre un hommage ému à une époque où tout semblait encore possible. Là où c'est réussi, c'est que le film évite de tomber dans la référence lourdingue comme, mettons: Indy 4 et Dark Shadows. Ici, tout est fait de manière à servir la double intrigue: sauver K et arrêter Boris. De même, ce film est probablement celui qui aura permis à Josh Brolin, avec Old boy US, d'asseoir une réputation d'homme de terrain acharné et jusqu'au boutiste. Un rôle qui lui collera à la peau, par la suite.

Malgré tout, le film a quelques petits défauts, qui l'empêchent d'être plus qu'un divertissement de bonne facture: j'ai déjà abordé les effets spéciaux qui pour certains manquent de finition. Par ailleurs, le concept de voyage dans le temps aurait pu être nettement plus poussé, avec des retournements de situations tarabiscotés, qui auraient donné du grain à moudre. C'est pas mauvais en soi, mais ça met un peu l'eau à bouche avant une résolution tout à fait conventionnelle. Parlons de la résolution justement. SPOILER: rien n'a de sens!

Si on part du principe que K savait déjà qui était J avant de l'engager, pourquoi le premier film donne l'impression qu'ils se rencontrent pour la première fois? Mieux: comment ce dernier n'a-t-il jamais fait d'enquête permettant d'établir un lien de corrélation entre la menace Boglodyte et sa perte de mémoire, plus tôt? Toute cette révélation de fin sort d'un chapeau, et pose mille et une question sur ce que montraient les anciens film. Mais soit, comme tout le reste, disons que K est un agent hors du commun (façon polie de dire "deus ex machina") et qu'il est parvenu à brouiller toutes les pistes.

Bref, un opus sympa, avec un petit vent de fraicheur (surtout Josh Brolin) mais qui ne parvient pas à être plus qu'un divertissement réussi!

Aegus
5
Écrit par

Créée

le 8 déc. 2023

Critique lue 35 fois

6 j'aime

3 commentaires

Aegus

Écrit par

Critique lue 35 fois

6
3

D'autres avis sur Men in Black 3

Men in Black 3
Jackal
6

Mieux vaut tard que jamais

Un extraterrestre barbu, dentu et cracheur d'épines du nom de Boris l'Animal s'évade d'un pénitencier lunaire et remonte le temps jusqu'en 1969 pour se venger de K, qu'il réussit à faire disparaître...

le 23 mai 2012

48 j'aime

19

Men in Black 3
Mob_Borane
7

Oui, oui, oui !

Ils l'ont fait ! Malgré toutes les crises endurées durant la production, Men in Black 3 est un bon Men in Black. Un bon film ? Non, certainement pas. Les non-fans de la franchise peuvent tout de...

le 27 mai 2012

33 j'aime

Du même critique

GoldenEye
Aegus
8

Pour l'Angleterre, James?

Quiconque lutte contre des monstres devrait prendre garde, dans le combat, à ne pas devenir monstre lui-même. Et quant à celui qui scrute le fond de l'abysse, l'abysse le scrute à son tour. ...

le 6 déc. 2023

15 j'aime

3

Taram et le Chaudron magique
Aegus
6

Le chaudron de la mort qui tue

Dans la petite ferme de l'enchanteur Dalben, Taram, un jeune valet de ferme, souhaite devenir guerrier. Dalben apprend grâce au don divinatoire de la truie Tirelire que le Seigneur des Ténèbres...

le 27 janv. 2024

12 j'aime

13