Deux enfants entrent dans le merry-go-round rivettien. Ils tournent dans le manège parisien sans jamais pouvoir pénétrer dans la ville lumière. Le carrousel francilien tournera, présentant par le montage les événements futurs et les événements précédemment aperçu dans le film. Les participants se meuvent dans celui-ci, la caméra tournant autour d'eux, influencée dans ses tremblements pas la rotation du manège.


Merry-Go-Round est une grande chasse au trésor de 2h40. La banlieue parisienne complètement vide et abandonnée dans laquelle les personnages de Ben et Léo se déplacent, forme un immense terrain de jeu. La recherche de la personne disparue, de la personne revenue d'entre les morts et de son trésor, mènera à un jeu de piste chaotique débordant d'une quantité exagéré de faux semblants où chaque personnage possède plusieurs casquettes. Ce jeu, le spectateur en fait partie. Bien que loin de Paris, le paysage francilien est maculé de nuisances sonores de voiture et d'avion couvrant ainsi la voix des personnages. Nous devons nous frayer un chemin entre les bruits pour pouvoir suivre ce qu'il se dit et pouvoir continuer le jeu.


Le métrage présente une réflexion sur l'indépendance et sur un cocon familiale où la valeur de l'argent est plus forte que celle de la famille. Y découlera un conflit générationnel où les « enfants » se confronteront aux « parents », détruisant définitivement la fresque joyeuse – symbole d'une famille idéalisée – présente dans une des anciennes maison de Léo. Cette dernière et Ben sont les principales victimes et instigateurs de cette tragédie, eux dont l'enfance fut volée.
Léo et Ben sont les deux bambins choisis pour faire équipe lors de ce jeu de piste. N'entrant jamais dans Paris, ils errent dans les ruines des souvenirs de leur enfance. Les deux se retrouveront dans des séquences chimériques qui adviendront le long du film. Alors que dans la diégèse les deux personnages arborent un jeu monolithique, dans ces « rêves » ils se déchaînent par le biais de l'imagination. Les deux enfants se chassent dans des lieux désertiques propices à la fantaisie (la foret et la plage), usant de fusils et d'arcs, et faisant appel à des chiens et à un chevalier. Ils jouent. Les amusements disparaîtront partiellement dans de longs fondus au noirs synonyme de réveil. Partiellement car la réalisation se veut enfantine, notamment dans les combats ou lors du kidnapping de Lisa, où les coups portés et les bruitages sont plus que fallacieux.
En dehors du monde des songes et de la diégèse, les compagnons seront personnifiés par deux musiciens. Ces derniers formeront l'unique piste sonore du film. Leurs liens à Léo et Ben est prouvé par le montage alterné entre la séquence du dîner où Ben tente de séduire une Léo cigarette en bouche, et un des musiciens jouant de son instrument en regardant l'autre qui fume. A l'image de ces deux solistes, les deux enfants parfois sont en désaccords, et parfois jouent en cœur.
Finalement, ils se retrouveront dans leur monde, assis face à face, le sourire aux lèvres malgré la tragédie.


Regarder Merry-Go-Round est comme jouer avec un enfant qui redéfinit sans cesse les règles du jeu. Le rythme bâtard du film, possédant en son sein un ventre mou, ne permet de profiter de l'attraction. En effet, un tour de manège est appréciable seulement lorsqu'il est court.

Flave
5
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le 9 janv. 2022

Critique lue 80 fois

Flave

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