N'y allons pas par quatre chemins, ce Meurtres sanglants est probablement l'un des représentants les plus feignants et désolants de la vague Neo-Slasher en tentant l'hommage aux ambiances "camp d'été horrifique" des 80's, mais avec la jeunesse chébran de la fin des 90's (voir l'utilisation assez appuyée du système des e-mails).


S'il est plus qu'évident que l'équipe aux commandes connaissait probablement ses classiques, saga Vendredi 13 en tête, on peut se demander qui estima être une bonne idée de partir dans une quasi-contrefaçon et, surtout, de s'enfermer là-dedans sans une once d'humour volontaire ou de second degrés, en commençant par nous présenter une bande de futurs monos aussi plate qu'interchangeable, tous d'allure semblable et quasiment égaux en terme de non-caractérisation, même pour un slasher, ce qui n'est pas faire honneur à la franchise sus-mentionnée (qui, pour sa part, a souvent su donner leur dose de fantaisie et de fun à ses personnages, chair à canon ou non: des punks, des hippies, des rednecks, des hardos, Crispin Glover...) tant le casting/bodycount en présence est probablement l'un des plus informes et inintéressant proposé par le genre au point que même l’actrice principale, Jessica Morris, campant une final girl générique au possible qui ne sera "développée" qu'au travers de séquences soap/guitare folk, ne se priva pas de tacler amèrement le métrage quelques années plus tard (et finir par officier chez Davis DeCoteau ou Charles Band...).


Pas davantage de soins concernant le traitement du tueur, le disgracieusement-nommé Trevor Moorehouse, légende locale discount et alibi du voisinage du camp Placid Pines, qui ne sera aucunement mis en valeur par une réalisation des plus avare en plans qui claquent, un peu comme le reste du film l'est, malgré la classification R qui lui est attribué, en terme hémoglobine (beaucoup de hors-champ dans la première partie et fort probablement un unique baril de faux sang dispatché pour l'heure restante) ou de nudité, pourtant deux composantes, souvent, essentielles au charme du cinéma ici plagié. Les séquences de meurtres sont, bien entendu, à l'avenant soit archi-pauvres en inventivité (la scène du tir à l'arc, tu as compris), même quand le décors pouvait permettre de donner quelque-chose de graphiquement sympathique (le tueur s'invite dans un parcours d'obstacle pour, au final, n'aboutir qu'à une éraflure au genou sortie d'une pub pour Hansaplast). En l'état, une suite de séquences potentiellement décevantes pour l'amateur du genre, gâchées par un manque flagrant de moyens et, pire, d'idées en plus de n'avoir rien à proposer à côté pour s'amuser un peu.


Si la banalité de l'histoire ne choquera pas le spectateur averti, la platitude des personnages couplée à un rythme mollasson ne peuvent jouer qu'en la défaveur de l'ensemble, d'autant plus que la gestion de la temporalité arrive à faire passer les premiers pour plus guignolos qu'ils ne le sont déjà: au moins deux jours sur un slasher se déroulant en un lieu unique (on ne bouge du camp que pour les scènes du commissariat local) et qui ne comprend que des victimes appartenant au groupe, ce qui est relativement ridicule tant ça devrait s'énerver pour trouver les disparus au plus vite (en même temps, on parle d'un directeur qui engage une mono ne sachant pas nager et un autre à qui il arrive de fuguer pour une dispute. Laisser la responsabilité d'enfants à de telles personnes...), mais on ne peut pas dire que cela jure avec cette fin où les survivants repartent pépère chez eux comme s'ils ne venaient pas de vivre le massacre de leurs potes.


Cependant, si un élément a pu me plaire dans tout ce merdier (d'où mon point en plus) c'est bien le look du tueur tel qu'on l'aperçoit dans l'intro. C'est un truc que l'on peut aussi bien percevoir comme une première preuve du je-m'en-foutisme à venir que comme une forme de clin d'oeil méta bien sympathique tant il s'agit ici de la plus pure représentation (aussi évidente que fantôme = drap blanc) du tueur de slasher tel qu'il demeure dans l'inconscient pop-culturel, basée sur une combinaison fictive très probablement issue d'un mix entre les fantasmes graphiques de fanas d'horreur et une croyance/connaissance collective du genre aussi vague qu'incorrect (Jason Voorhees n'usant pas plus de tronçonneuse que Thomas Hewitt ne porte de masque de hockey), prenant enfin vie à l'écran sur un ton non-parodique et, quelque-part (nostalgie aidant, aussi inexploité et nazebroque que le personnage soit dans le film), c'est hyper-plaisant.


Au moins ça.

Maybe-Life

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