Sortir "Michael Kohlhaas" cette semaine du 15 août est futé car cela lui permet d'occuper un espace médiatique important dans une semaine pas encore très chargé au niveau des sorties. Présenté en une sélection officielle du dernier festival de Cannes, de nombreuses interviews de l'acteur principal et de son réalisateur ont paru dans la presse qui fait l'opinion. Si les entretiens avec Mads Mikkelsen peuvent être porteuses d'élan pour acheter son billet , ceux d'Arnaud de Pallières versent beaucoup dans un intellectualisme verbeux et laissent penser que l'oeuvre en question est plus proche du pensum soporifique miteux que de la folle aventure passionnante.
Nonobstant quelques doutes, j'ai passé plus de deux heures à chevaucher les montagnes arides des Cévennes, où, Michael Kohlhaas, obstiné, veut obtenir réparation pour le vol de deux chevaux et l'assassinat de son épouse. L'intrigue est simple mais le dispositif pour la conter l'est un peu moins. Je ne sais pas si c'est pour pallier au manque évident de moyens financiers ou pour donner un style original au projet, mais le réalisateur utilise quelques parti-pris un peu déroutants. Faisant fi des lieux, des distances, voire des saisons, les personnages, assez taiseux dans l'ensemble, évoluent dans la nature, au milieu des rochers, des prairies et quelques fois dans quelques ruines photogéniques. C'est un peu déstabilisant, enlevant de la crédibilité à l'histoire même si l'on sent bien que le réalisateur cherche surtout à élever le propos vers une réflexion philosophique autour du droit et de la justice. La caméra est souvent fixée sur les visage des acteurs balayés par le vent ou caressés par quelque soleil pâle. C'est esthétiquement bien filmé, résolument froid.
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