Michael Kohlhaas par Selene_
L'esthétique du film, à elle seule, mérite cinq points : il est plutôt rare qu'un cinéaste, en n'usant que de décors naturels et de comédiens excellents (Mads Mikkelsen, je te salue), réussise à faire passer des émotions à travers un seul plan parfaitement cadré. La musique est aussi pour beaucoup dans l'ambiance austère et grave du film, mais ces images, ces perspectives, lui donnent une envergure tant réelle qu'artistique.
Du côté du scénario, j'en savais déjà les contours à cause de la nouvelle dont le film est tiré, mais l'écriture est intelligente et sert encore une fois le réalisme. Les détails de l'intrigue ne sont pas divulgués, le spectateur doit d'abord émettre des hypothèses, et plus tard dans le film vient l'explication, le plus naturellement du monde. Ainsi, les dialogues sont naturels //////////SPOIL\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\ (personnellement j'ai cru que Judith avait été tuée par les hommes du seigneur après sa visite, pas au palais... Mais peut-être suis-je un peu idiote).
Venons en à ce qui a coûté deux points à ma note (quand même généreuse, mais c'est de l'affectif) : la longueeeeur de certaaaaineeees sscèèèèèèènes. Il y a des moments où c'est parfaitement approprié : la mort de Judith ou l'attente funèbre de Kohlhaas sur l'échaufaud, grand - et magnifique - point final du film. Mais à d'autres, non, c'est trop... Je n'ai pas d'exemple précis en tête, mais ce sentiment de longueur, de lenteur un peu vaine.
C'est un très beau long-métrage, filmé d'un oeil sensible, magistralement interprété, et d'une grande force - le genre qui hante l'esprit pendant un certain temps. N'ayez pas peur de la longueur, il vaut vraiment la peine d'être vu.