Michael Kohlhaas par Hugo Harnois
La justice est l'une des plus vieilles notions au monde. Des millions de personnes se sont battus à travers les siècles et ont donné leur vie pour pouvoir la préserver. Les morts ne comptent pas quand il s'agit de rétablir un certain équilibre. C'est en tout cas comme cela que Michael Kohlhaas l'entend, un marchand s'étant fait voler deux de ses plus beaux chevaux. Après que sa plainte ait été refusée, ce père de famille décide de se venger lui-même.
Des Pallières vise avec son œuvre une dimension mythique de par des paysages impressionnants et habités par une brume quasi surréaliste, mais aussi par son interprète principal (Mikkelsen) qui n'a plus besoin de prouver que les rôles flirtant entre l'homme sage et la bête lui vont comme un gant (Le Guerrier Silencieux de Refn). Malgré cette ambiance bien présente et une photographie travaillée, on se lasse vite de ce Michael Kohlhaas. L'ensemble est lent, peu attractif et indigeste. Certaines scènes auraient méritées d'être plus creusées alors que d'autres au contraire pouvaient ne pas apparaître.
Il faudra attendre l'apparition de Denis Lavant (Les Amants du Pont-Neuf, Holy Motors) pour que le film s'élève là où il aurait directement dû aller. La discussion entre le théologien et Kohlhaas, en plus d'être intéressante, ajoute à ce film un dynamisme qui en avait bien besoin et que nous n'attendions plus. Avec des dialogues pertinents, éclairés et visant au cœur le problème de l'antihéros, on se rend compte que cet homme est perdu, habité par des démons intérieurs le poussant à mettre la terre à feu et à sang pour rétablir ce qu'il croit être juste.
Michael Kohlhaas, doté d'une ambition esthétique et ayant un certain goût pour le western, nous dépasse. D'abord ébahis par tant de froideur à l'écran, le spectateur décrochera de cette quête, et finira même par se moquer du problème central qui est évoqué : la vie de tant d'individus vaut-elle la peine d'être sacrifiée pour cette noble cause ?