Michael Kohlhaas par lagomar
C'est un film assez étrange, assez silencieux bien que les dialogues ne soient pas en sous effectif. Mads Mikkelsen sort de son classique rôle de méchant pour être un homme qui a été lésé et qui demande justice, tiraillé entre sa conscience, sa douleur et les enjeux qui viennent prendre le dessus sur les raisons de sa croisade. Un homme dépassé.
C'est le genre de film-pari que l'on adore ou que l'on déteste. De l'ambition, donc, pour Arnaud des Pallières, qui offre une production sobre, simple, mais qui rayonne par ses acteurs, la direction de la photographie, et les choix de costumes, de dialogues.
C'est un film français, joué en grande partie par des français, mais on est étonné de retrouver le personnage principal et son valet qui au milieu des étendues françaises ont un fort accent. Des étrangers au monde, qui sortent du classique paysan du XVIe pour n'être qu'un humain. Les dialogues sortent aussi de l'ordinaire et du registre réellement utilisé à l'époque, pour adopter un dialecte beaucoup plus contemporain. Un choix qui rapproche cette histoire de nous.
Par cette utilisation de la parole, et par les costumes, qui restent très simples et peu apprêtés, on s'éloigne d'une fidélité historique, ce que certains pourront reprocher au réalisateur. Pourtant, j'ai trouvé ce choix très judicieux, même intelligent, le regard n'est pas complètement mobilisé par les fringues des types, juste par leurs gueules (parce que des gueules, il n'y a que ça), leur visage.
Ce film s'illustre aussi pour ses magnifiques plans dans les forêts, sur les collines, dans les étendues, les lumières prises la nuit, au crépuscule, en pleine journée ou à l'aube sont splendides.
Une sobriété qui sert le propos, on se désintéresse plus ou moins du contexte pour se reporter sur les personnalités des personnages, sur leurs expressions, leurs combat intérieur.
Des images magnifiques, et un film réussi, atypique pour ce qu'on a l'habitude de voir pour des films qui se déroulent à cette époque.