Vision noire

Fincher se sert de ce scénario adapté de la saga noire de Stieg Larsson pour rejouer des partitions connues. Les deux flics de Se7en, un chien fou et un désabusé, laissent la place à un journaliste mis sur la touche et une hackeuse de haut niveau, totalement asociale. Ils vont comme leurs aînés devenir des rats de bibliothèque, mais avec les technologies qui ont évolué.

Comme souvent chez le réalisateur, les photos ont un rôle important. Et ici, tels les personnages de Blow Up (et du pendant Blow Out), la solution va passer par ce que nous cache un cliché. Le regard de la personne disparue sur cette photo va déclencher une accélération d'événements qui entraînent un maelstrom de violence.

Comme dans Zodiac, c'est moins la résolution de l'énigme que l'enquête qui est mise en valeur. Mais contrairement à la traque du tueur en série des 60's, ici les pièces du puzzle ne sont pas éparpillées entre plusieurs personnages (du moins parmi ceux qui enquêtent). Et le tueur n'est pas John Doe. Il souhaite que son oeuvre reste discrète.

Les couleurs alternent entre un froid clinique (lorsque Blomqvist ( épatant Daniel Craig, qui, bien avant les aventures de Benoit Blanc, s'amusait à casser son image bondienne) a l'impression de ne pas avancer dans l'intrigue, et une chaleur très tranchée quand il commence à s'approcher du bout du tunnel).

Les récits en parallèle des investigations de Blomqvist (très posées et réfléchies) et des péripéties atroces (plus dans l'instinct de surie, et emplies de bestialité) de Lisbeth (Rooney Mara), du viol (une des scènes les plus éprouvantes que Fincher nous livre dans sa filmo) à sa vengeance (d'une crudité tout aussi éprouvante), permet de prendre le temps (le film est long, mais jamais ennuyeux) de nous faire comprendre les personnages.

Un coup de poing qui marque même après avoir stoppé le visionnage.