"Une justice inspirée par la pitié porte préjudice aux victimes."

Lisbeth Salander, jeune hackeuse asociale et neuro-atypique (trouble du spectre autistique, probablement) au look gothique, est sans nul doute une des héroïnes les plus fascinantes de la littérature et du cinéma contemporains. Cette écorchée vive, qui malgré ses multiples traumatismes (internement psychiatrique arbitraire, maltraitances, viol etc...) a conservé une âme romantique, est devenue un personnage mythique.

L'adaptation cinématographique du premier tome de la saga Millenium a été confiée au Danois Niels Arden Oplev et date de 2009. Sorti deux ans plus tard et réalisé par David Fincher, "The Girl with the Dragon Tattoo" (en français "Millenium : les hommes qui n'aimaient pas les femmes) en est le remake. Et pour une fois, fait rarissime, la version étasunienne ne dénature pas l'original européen. Dans le rôle de Mikael Blomkvist, Daniel Craig est tout à fait crédible. Dans celui de Lisbeth Salander, Rooney Mara s'en sort honorablement mais n'égale pas Noomi Rapace qui incarnait l'héroïne gothique à la perfection. En revanche, la mise en scène de David Fincher surclasse celle de son prédécesseur, tant en terme de moyens que d'ambition esthétique. La scène d'ouverture, clip électro-punk à la beauté violente et lyrique, frappe durablement l'imagination du spectateur. Tout comme dans le livre de Stieg Larsson, la romance entre les deux protagonistes occupe une place importante et les dix dernières minutes du film sont bouleversantes : un vrai crève-coeur. Globalement, cette adaptation US de Millenium constitue une belle réussite _ mais avec Noomi Rapace dans le rôle de Lisbeth Salander, le résultat eût été meilleur.