Appels en absence

Le film ne mérite pas un tel bashing, genre "pire film Netflix de l'année".

En effet, le rythme ronronnant de cette épopée sur deux environnements tout aussi dangereux pourra déstabiliser. Clooney ne se cache pas de mettre l'humain en avant avec des envies se rapprochant davantage du cinéma d'auteur que de celui du blockbuster. Epure de l'image, longueur des plans jusqu'au premier rôle mutique et dépressif incarné par tonton Georges himself.

Je pense que le roman adapté pour ce film est un tout petit peu maigre en contenu pour faire un long métrage de près de deux heures. C'est davantage un drame intimiste qu'une épopée post-apo. Le grand public ne pourra qu'en sortir frustré. D'autant plus que l'aventure terrienne se révèle assez décevante lors de certaines embûches tout en CGI assez baveux. Honteux pour un film à 100M$.

Cependant, j'ai apprécié être aux côtés de cet équipage chevronné rentrant de mission. La routine installée entre eux après plus de deux ans est palpable. Des liens se sont crées. Et je pense que j'aurais encore préféré le film s'il ne s'était concentré que sur eux. Alors les péripéties n'ont rien d'innovantes et l'on peut deviner la suite des évènements. Mais je retiens tout de même cette sortie dans l'espace avec une caméra flottante en plan séquence, une chanson et puis l'accident. Sans atteindre la maestria visuelle d'Alfonso Cuaron, Clooney s'en tire avec les honneurs. Très belle idée que de découvrir une blessure en deux temps. J'aime également le design du vaisseau assez original bien que très peu fonctionnel sur le papier il me semble.

La conclusion, bien que prévisible et amenée au forceps via des flashbacks relou, demeure assez belle et parfaitement intégrée au récit. La traversée polaire introspective de Georges Clooney prenant alors tout son sens. Je comprends que l'on puisse s'ennuyer. Ce n'était pas mon cas. Mais bien que terriblement imparfait et hélas oubliable, il me semble que l'on a déjà vu bien pire sur la plateforme avec le grand N. Néanmoins, pour le réalisateur de Good Night and Good Luck, Les Marches du Pouvoir ou encore Confessions d'un homme dangereux, c'est assez décevant et hélas dans le prolongement de sa carrière.