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Mise à mort du cerf sacré concentre tous les maux d'un cinéma d'auteur galvanisé par un nombrilisme démonstratif tout en véhiculant un message mystico-philosophique aussi vain que prétentieux. Le film part d'un dilemme amoral, enfermant très vite Colon Farrel dans un piège inextricable. L'humour noir, traversant le film, n’atteint jamais la puissance destructrice de la satire ou de la pochade tant le film maintient un dispositif clinique et muséal. La mise à mort mécanique et déterministe se déploie finement à coup de travelling, de plans zénithaux et de musique dissonante afin de mieux enfermer ses personnages dans la toile arachnéenne tissée par le réalisateur, finissant par les contraindre à la parfaite immobilité. Tous les coups sont permis, afin de mieux scruter et critiquer les faits et gestes de ce modèle type de la famille américaine. La position surplombante du réalisateur transforme vite les personnages en des êtres déshumanisés afin de servir d'illustration à la thèse énoncée par le film.
Comble de la fable, la critique de la bourgeoisie est opérée avec tous les codes d'un cinéma dit bourgeois et élitiste, appréciés des festivals huppés, à savoir un langage cinématographique jouant avec les codes de l'art contemporain, une hyper stylisation du cadre, symptôme du vide abyssal de la réflexion du film. Mais le plus choquant reste cette inadéquation, cette absence de conjonction entre la forme et le fond, empêchant tout ralliement à l'humour, tant chaque trait de la mise en scène ne cesse de rappeler le sérieux de l'entreprise. Comme tout dispositif, il s'agit de franchir chaque fois un nouveau pas dans l'abominable sans jamais contrarier la linéarité déterministe de cette marche funèbre. Le combat est déjà perdu avant même d'avoir eu lieu. Nous devenons les spectateurs d'un massacre dans lequel la puissance d'agir de tout être humain est niée.


Mise à mort du cerf sacré devient le parangon d'un cinéma dit de salauds. Il épouse le conformisme du film cannois prêt à être consommé. Bonne dégustation.

Zedicop
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le 29 mai 2017

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Zedicop

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