À sa sortie, j'ai apprécié Mission Impossible comme un bon film d'action plein d'énergie et de cascades spectaculaires. J'étais loin d'imaginer qu'on irait encore voir MI au cinéma 30 ans plus tard, et que Tom Cruise semblerait avoir à peu près le même âge. À l'époque, ce n'était pas encore un épisode, mais la résurrection d'une vieille série d'espionnage commencée dans les années 60.


En le revoyant aujourd'hui, j'apprécie toujours le rythme et l'énergie du film, qui file, tambour battant, pendant deux petites heures denses et finement ciselées. Ce sont des qualités que j'apprécie d'autant plus après les débordements de Dead Reckoning qui raconte la même chose avec une heure de trop.


Côté cascade, le style est bien plus épuré que ce qu'on connait aujourd'hui, mais on n'en retient pas moins son souffle en voyant Tom suspendu à l'horizontal, accroché par un câble aux biceps de Jean Reno. Pas besoin d'avions, de chutes libres à moto ou de Lucha Libre en parachute. On revient aux fondamentaux, et on découvre que cette escalade de cascades toujours plus vertigineuse sert plus le marketing que le spectateur.


o o o


En le revoyant aujourd'hui avec un oeil plus critique, je note 3 autres choses :


■ L'histoire est simple, mais finement écrite et brillamment mise en scène. Je pense à la scène de révélation où Ethan revit les évènements de l'introduction, et comprend le fin mot de l'histoire. Les images, les dialogues et les échanges de regards racontent trois histoires différentes qui s'entrechoquent et établissent les enjeux de la dernière partie du film.


■ Le film est d'une étonnante beauté plastique avec notamment des éclairages magnifiques, de très beaux plans et quelques envolées de style qui me font toujours autant d'effet. Il montre plus qu'il ne dit par ses jeux d'ombre et de cadrages et a ainsi singulièrement bien vieilli, si on lui pardonne un peu d'image de synthèse vraiment dégueulasse dans ses dernières minutes.


■ Tom Cruise et Jon Voight, c'est toujours oui, et leurs rares scènes communes sont fantastiques. En revanche, Emmanuelle Beart et Jean Reno jouent comme des casseroles, surtout Reno dans le dernier acte qui se transforme en méchant de cartoon et fait des grimaces dans son hélicoptère.


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Mission: Impossible est certainement l'opus le plus 'respectable' d'un point de vue doctement cinématographique. Et ça ne m'empêche nullement d'apprécier les épisodes modernes, mais ça ne joue pas dans la même cour, et rien d'étonnant quand on sait qu'à la barre se tient le semi-respectable "Brian de Palma" auquel on doit quelques grands films ainsi que l'exécrable Mission To Mars (désolé, j'ai la rancune solide).


Danny Elfman nous sert une bande originale dans son style singulier et quelques très beaux moments, comme ces trois minutes qui m'ont hanté longtemps après le film :

https://www.youtube.com/watch?v=ZPpPFOAn0us

Ezhaac
8
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Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Jean Reno est un tueur blasé ou un flic (ripou)

Créée

le 7 avr. 2024

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Ezhaac

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