Mission Impossible : Retour sur le devant de la scène

Un quatrième opus ? Vraiment ? On pouvait vraiment se dire en voyant l'affiche et la campagne marketing de "Protocole fantôme" que c'était le film de trop, comme c'est souvent le cas, quand les producteurs tirent jusqu'au bout sur une franchise pour en tirer le plus de bénéfices possibles. Ici, on n'est pas tout à fait dans le même cas de figure : Tom Cruise, acteur en perdition depuis quelques années notamment à cause de son image de jeune scientologue convaincu veut revenir en utilisant ce qui lui revient de droit : la saga Mission Impossible.

Pourtant, si l'enjeu est clair et s'il nous fait douter jusqu'au bout, je n'ai pas pu m'empêcher d'aller voir le film au cinéma. Saga devenue mythique à mes yeux depuis mon enfance avec ce fameux chewing-gum explosif, qui sait faire stresser le spectateur comme il se doit, je me suis senti comme attiré, obligé de voir le résultat et le dernier film à ce jour d'une quadrilogie imparfaite certes, mais au charme indéniable. Car il est vrai que si le premier opus de 1995 adaptait fidèlement l'esprit de la série originale, les deux autres perdaient en puissance, sans pour autant succomber à la facilité du nanar hollywoodien qui plait plus par ses acteurs à la mode et ses effets spéciaux. Que pouvait-il résulter de ce dernier film donc ?

Et bien un résultat surprenant, dans le bon sens du terme. Tom Cruise revient, n'a pas pris une ride et s'est bel et bien approprié son personnage et tout l'univers qui va avec. Car le film ne fait que tourner autour de lui, d'un bout à l'autre. Il ne s'agit même plus de voir Ethan Hunt faire des cascades démentes pour réussir un projet complètement improbable mais bel et bien de montrer l'acteur sur le retour, qui se donne à fond pour redorer un blason souillé par les affres d'une secte/religion. Et même l'histoire donne à penser à un parallèle avec la situation récente du comédien : d'abord enfermé, il peut compter sur son équipe et sur ses compétences (comédien/agent secret de haut vol) pour sortir d'une prison de l'ex régime soviétique. Renié par tous (public/gouvernement), il va devoir se débrouiller seul en mettant en place un plan de dernière minute, complètement irréalisable (mission impossible/le quatrième film d'une saga qui commençait à s'essouffler) et le mener à bien (au vu des résultats du film critiques/sauvetage in extremis du monde). La renaissance d'un acteur là où on ne l'attendait pas, l'appropriation d'un univers et le retour sur le devant de la scène. Mission accomplie.

Comment a-t-on réussi ? Car il faut rappeler que c'est tout de même Brad Bird à la réalisation et qu'on pouvait plutôt s'attendre à une ribambelle d'effets spéciaux sans queue ni tête pour en mettre plein la vue au public plutôt qu'à un scénario étonnamment bien construit et à des ressorts comiques dont on se surprend à rire (merci Simon Pegg).

Il faut dire que l'équipe du film a réussi le tour de force de jouer avec les codes Mission Impossible, de rester sérieux dans un contexte de super espion planétaire en rendant le tout plus crédible : fini les gadgets high-tech qui sont prévus pour sauver le héros au dernier moment, fini l'extraction parfaitement planifiée et fini les renforts à base de satellites espions. Nos héros sont seuls, face au monde et doivent éviter une guerre nucléaire à l'aide d'objets pris dans un wagon et de leurs talents. Seulement voilà, tout ne fonctionne pas comme prévu : si dans les premiers films on pouvait voir Tom Cruise aux prises avec un grand méchant dont il devait se débarrasser coûte que coûte qui le roulait au début mais qui finissait par périr grâce à tel ou tel objet, improbable situation ou coup de chance total, ici on le voit galérer, faire face à des difficultés techniques et se dépatouiller dans tout ça pour sauver un monde qui ne croit plus en lui.

Et c'est là le réel point fort du film : revenir aux sources, du grand divertissement intelligent ; faire rêver le spectateur, lui faire croire à l'impossible en le poussant à bout, sentir l'adrénaline monter lorsqu'Ethan Hunt se jette d'une tour gigantesque et rire aux blagues qu'ils en font. Le danger est amusant même s'il est réel.

Mission accomplie, donc, pour un quatrième opus largement au dessus de nos espérances et qui méritera sa place dans mon Top 10 2011. Pour les amateurs, comme les non initiés, courrez le voir, ça en vaut véritablement la peine.
Carlit0
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le 11 janv. 2012

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