Quoique l’on pense de Tom Cruise, on ne peut qu’admirer son culot magnifique de cascadeur, badass ultime du cinéma d’action. Dans Mission: Impossible Ghost Protocol (2011), il escaladait le Burk Khalifa, la tour la plus haute du monde. Cette fois-ci, il s’accroche au fuselage d’un avion en vol réel. C’est génial, ça frise la folie, c’est grandiose. On est scotchés à notre siège (les assureurs aussi), tout sourires, parce qu’il n’y a pas beaucoup d’acteurs qui nous offrent des moments de cinéma pareils. Du pur divertissement, dans le sens noble du terme. Il ne se fout pas de nous, Tom Cruise, il s’implique corps et âme dans son projet et nous montre que tout est encore possimpible ("the place where the possible and the impossible meet" , Barney Stinson). C’est cool.
Cependant, désolé M. Hunt, mais la vedette vous est volée dans ce film par un autre agent: la mystérieuse Ilsa Faust. Elle est jouée par la suédoise Rebecca Ferguson, actrice magnétique aux faux airs d’Ingrid Bergman. Ferguson allie à la perfection grâce et athlétisme, charme et détermination, aura et discrétion. Ses yeux bleus, si expressifs, distille une mélancolie subtilement nourrie par le leitmotiv musical Nussan Dorma de Puccini. Ilsa Faust n’est pas un rôle féminin habituel. Elle n’est pas là pour jouer les séductrices. Il n’est pas question de séduction ici. Il n’y a pas une seule scène romantique dans le film, et, d’ailleurs, ce n’est pas ce que l’on attend de cette relation. C’est le double de Hunt, son alter-ego. C’est elle qui sauve Ethan par deux fois au cours de l’histoire. C’est elle la véritable héroïne de ce 5ème opus. Et le mystère reste entier, on n’apprend finalement rien d’elle (qui est-elle vraiment? D’où vient-elle? Pourquoi protéger Hunt à tout prix, au péril de sa propre vie?).
Rogue Nation ne nous a pas autant emballés que Ghost Protocol. Certes, l’intrigue reste honorable (les scénaristes parviennent encore à nous surprendre ça et là, ce qui demeure un exploit au vu de tout ce qu’on peut ingurgiter en matière de suspense et de twists improbables au cinéma, comme à la télé) mais il lui manque un véritable méchant d’envergure, ainsi qu’un petit supplément d’âme.