La critique complète : http://cinecinephile.com/mobile-homes-realise-par-vladimir-de-fontenay-sortie-de-seance-cinema/
[...] Comme dans la tradition du cinéma d’auteurs américain indépendant, il est question du foyer familial, obsession récurrente chez des cinéastes comme Steven Spielberg ou plus récemment Jeff Nichols (Take Shelter, Mud…). Comme dans ce cinéma américain, Vladimir de Fontenay filme l’instabilité d’un foyer constamment en mouvement, ainsi que son explosion à partir de l’intérieur du foyer et d’un couple qui apprennent à devenir des parents, tout en refusant de faire parti de la société et de ses règles, à l’image de cette scène où le jeune père Evan incite l’enfant à voler comme s’il s’agissait d’un jeu, celui de courir et de sauter dans le van, le foyer en l’occurrence, pour partir sans payer l’addition dans un restaurant drive-in. Le cinéaste Vladimir de Fontenay filme des personnages de marginaux de la société, des laissés pour compte à qui le cinéma américain indépendant donne la parole, dans une Amérique profonde caractérisée par la figure de la route sur laquelle les personnages roulent sans arrêt, fuyant l’immobilité, une stabilité qui prend des résonances sociales et politiques dans ce cinéma à l’américaine. Le réalisateur filme ses personnages avec une certaine frontalité, presque avec une approche documentaire, caméra embarquée à l’épaule, filmant l’itinérance de cette mère et de son fils durant les différentes saisons, sur les routes.
[...] Sans juger ces personnages, le cinéaste construit un portrait de mère forte, portée par la très bonne performance de l’actrice Imogen Poots, aperçue chez Terrence Malick (Knight of Cups, The Tree of Life…). Encore un lien avec un cinéma américain indépendant qui s’auto inspire, que ce soit entre Terrence Malick et Jeff Nichols, et tant d’autres. L’aspect road-trip ancre le film dans un genre très américain, avec une photographie soignée, vacillant entre le réalisme documentaire et la contemplation Malickienne. Mobile Homes est un road-movie plaisant et dépaysant, qui ne réinvente pas le genre et n’évite pas certains clichés dans son scénario. Mais il y a une véritable sincérité et une croyance envers des personnages d’écorchés vifs attachants et poignant, et un portrait social proche du cinéma-vérité dans sa mise en scène, qui font que ce Mobile Homes vaut le détour.