Comment fait le monde pour tourner sans Jean Yanne ?

Un film réalisé par Jean Yanne à la gloire de Jean Yanne, grande gueule qui aimait à se rire des cons et qui termina sa carrière en animant des émissions consensuelles d'humour pas drôles et en faisant de la publicité pour des placements boursiers.
Dans ce film trop long, quoique amusant dans la première heure, le trublion se fout de la gueule de tout le monde, sauf bien évidemment de la sienne. À cet égard, la scène de la princesse évanouie, enfin guérie du féminisme et de l'anticapitalisme par les baisers du flegmatique chevalier (d'industrie), est touchante de ridicule.
En tout cas, Jean Yanne bat tout le monde sur son propre terrain, et avec un talent insolent : les capitalistes, les syndicalistes, les féministes, l'AS St-Étienne. Grand prince, il veut même remettre en ses mains le sort de la classe ouvrière. Mais on ne le laisse pas faire. Non, car il est trop beau, trop fort, trop intelligent, trop flegmatique. Personne ne peut se passer de lui.
Mais il s'en fout. Il est libre, Jean Yanne, il a toujours raison, tout le monde est con sauf lui, tout le monde est hypocrite sauf lui, il emmerde tout le monde, un peu comme Depardieu aujourd'hui quand il va faire de la retape pour les dictateurs. D'ailleurs il vous emmerde si vous n'aimez pas son film, et moi aussi il m'emmerde.
Par contre moi, c'est au premier sens du terme : pendant la deuxième moitié du film, je me fais l'impression d'avoir subi un panégyrique de plus en plus pesant du leader solitaire face à la bêtise générale, avec en prime une mise en scène pas mal poussive. Une sorte d'adaptation franchouillarde d'"Atlas enchaîné" de la libertarienne Ayn Rand.
Mais il y a un public pour ce film : si vous pensez que tout le monde est con et hypocrite sauf vous, vous y trouverez votre bonheur.