Mommy par Esteban P.

Spoiler.

J'ai tout d'abord bloqué sur ce film, les accents prononcés, les discussions incompréhensibles. Ce film m'a donné des difficultés à m'y attaché. Hors de ce dernier, son visionnage à été long, une certaine forme de souffrance. Les cris, les colères sont au début difficiles à comprendre, à saisir mais rapidement quand on porte attention à ce qui se cache derrière les dialogues, on apprend à s'attacher. Ce film se voit avec le cœur et aucune autre sorte de réflexion ; il se vit, il s'apprécie ainsi. Dans cette tendresse, ces personnages qui sont tous très travaillés, on peut évidemment voir le reflet de Dolan dans le personnage attachant de Steve. De désillusion en attachement, de coup pris de pleine face. Des difficultés de ce jeune homme au caractère spécial mais qui fini par tous nous séduire.

Le cadrage de ce film est incroyable ; les personnages sont enfermés dans ce carré. Ils sont à la fois libres de toute menace, ils sont retenus par leurs émotions. Le resserrage, le desserrage est profond de signification. Il est simple à comprendre mais donne le charme si touchant de ce film, la réalisation est précieuse d’autant plus en tenant compte de l’âge de Dolan.Tous sont au bord de l'explosion et ce film reflète toute l'émotion et la construction émotionnelle dans cette ligne difficile. La musique est choisie excellemment et rend chaque moment tendre et attachant.

Ce film est une ode aux sentiments, à la difficulté de profondes émotions enfouies en moi. La sensibilité inscrite est d'une complexité sidérante ; je suis parfois sans mot pour définir ce qui me traverse, c'est davantage une longue séance plaisante qui à remué mon cœur et mes entrailles. Un drame qui au début m'a rebuté, m'a séduit par son atmosphère à la fois profondément ancrée dans le présent dans la brutalité d'un monde insaisissable et dans le monde de l'image qui s'agite pleine de sentiments hors du commun.

Steve est un personnage à qui on s'attache rapidement, il est fait au début pour nous provoquer, nous offusquer du traitement qu'on lui fait. Puis sous les mots tendres de Kyla, il apprend à être qui il est. Ce film est l'histoire d'une longue maîtrise des émotions. Suzanne Clément et Anne Dorval font une prestation incroyable et c'est une maladresse de confondre les deux rôles qui sont tous si importants dans le déroulement d'un personnage principal mis au second plan tant les 2 protagonistes féminines. Puissante déclaration d'amour matrimoniale, je trouve dans ce film un féministe lyrique et magnifique. Ce dernier nous montre une femme forte qui lutte contre les difficulté d'une vie, qui prend la place importante de porter une famille sur ses épaules. Sans tomber dans les clichés masculinistes. Cette mère de famille qui malheureusement n’existe plus qu’à travers son dévouement à son fils, qui SURVIT constamment. Sans savoir comment VIVRE. La vie est questionnée constamment, l’entaille, les veines tranchées, la douleur qu’on ressent au visionnage, la souffrance, les cris.

Ce film est à mes yeux une leçon de morale toute entière sur le sujet de la famille, de la féminité, des sentiments et de la difficulté à faire face à un système. Les disputes et les explosions récurrentes mettent un rythme constant à ce film puissant.

L'amour n'a pas tout le temps besoin d'être souhaité par un "je t'aime". Ce sont les mots arrachés, les violences qui montrent l'attachement. Tout l'amour d'une mère, la douleur de subir le comportement abrasif, se brûler jusqu'à tout perdre ?

Xavier Dolan marque les esprits avec ce film qui est désormais un classique qui peux parler à tous. Il est moderne et profondément intelligent sur de nombreuses de ces facettes.

Il est idiot de s'identitfier autant à un personnage tant différent comme Steve. J'y trouve tant de timidité, de brutalité qu'on refoule et qui éclate dans une brutalité amoureuse. Sentimentalement compliqué à voir, ce film me fait autant vibrer qu'il me rend fou, j'ai eu du mal à le voir, l'angoisse constante, et la difficulté à observer ce film.

Il faudrait d'ailleurs dédié un passage entier à la BO de Mommy qui m'a donné des frissons dans chacun de ses choix, remarquablement sentimentale, profonde et classique, elle m'a séduit profondément.

Ce film me donne envie de rêver d’avenir, de joie, de rédemption et d’amour. Le moment où Steve est livré à la loi S-14 m’a brisé. Profondément blessé ; rares sont les scènes de film qui m’ont autant touché et ému mais celle-ci a fait passer ce film dans une autre dimension. Les scènes après cette dernière sont profondes, difficiles, la fin de ce film m’a touchée.

PS : La scène de fin qui se finit sur “Born to Die” de Lana Del Rey laisse ce petite ange volé à tout jamais.

10/10