Que peut-il y a voir de plus beau comme cadeau de retraite qu'un film qui immortalise quelques moments d'une dernière année de carrière ? Oui 2, 3...10 ou 20 années de métier, c'est sûr que ça aurait été encore plus grandiose, mais c'est déjà pas si mal...
Durant 4 saisons qui découpent son film, Emilie Thérond, ancienne élève de Jean-Michel Burel, rend hommage à cet homme emblématique de St Just-et-Vacquières, un petit village dans lequel on aurait tous aimé grandir vu que cet enseignant y est aussi maire et que les enfants qui y apprennent la vie et la grammaire ont l'air d'être entre de très bonnes mains.
1h22 plus tard, j'étais conquis, la gorge serrée, les yeux mouillés, je fais partie de ceux qui se sont laissés émouvoir par la tranche de vie de cet homme vieillissant (qui parvient tout de même à gravir les marches de la Tour Eiffel !) si important localement et de ses élèves qui le sont tout autant pour lui. Un enseignant qui a su contourner quelques règles pour mieux servir ses valeurs, un programme à suivre ça ne fait pas tout, il s'agit aussi de former des êtres responsables, capables de tomber pour mieux se relever. Il n'est donc pas surprenant par exemple de croiser dans sa classe au beau milieu de tous ses bambins, Lionel, 26 ans, un éternel élève dont le handicap ne lui a sans doute jamais permis de rejoindre le collège malgré de très nombreuses années de primaire (on se demande d'ailleurs si l'institutrice qui prendra la relève acceptera de l'intégrer encore quand elle prendra ses fonctions).
Avec ça c'est une école ouverte 7 jours sur 7, un lieu d'accueil en permanence afin que chacun puisse s'y et se retrouver quand bon lui semble.
A l'image de ce documentaire qui n'en a pas vraiment l'air, quand elle est menée avec autant de coeur, de passion et de valeurs issues d'une expérience qui a sans doute contribué à bonifier la pédagogie de "Bubu", une carrière de prof doit passer extrêmement vite et les adieux sont douloureux (presque toute la salle est restée assise jusqu'à la fin du générique). Et si en 1h22 j'ai pu m'attacher à cet homme, je n'ose pas imaginer ce que cela puisse être que de pouvoir partager plusieurs années de sa vie. Je ne suis donc pas étonné qu'une ancienne élève ait pu lui faire cet hommage, que cet homme ait pu enseigner à la fois aux enfants qu'on voit à l'écran et à leurs parents il y a 30 ou 40 en arrière...Quand une institution comme l'école et celle de la famille ne font pratiquement qu'un, le résultat est là. Ce n'est pas un simple fonctionnaire qui doit quitter la classe, symboliquement, c'est la branche sur laquelle on s'est appuyé pour se hisser jusqu'au sommet de l'arbre de ses possibilités qu'il va falloir scier. Peut-être que le chêne qui apparaît en fin de générique et qui rassemble tous les protagonistes de cette belle histoire est là pour justement le rappeler : des racines, un énorme tronc, des branches qui donnent elles-même naissance à d'autres branches, de la sève en guise de larmes...Tout ça a pris des années et on ne veut pas l'oublier, on aimerait qu'il fasse toujours partie de notre paysage.
Mon maître d'école m'a rendu nostalgique, j'ai pensé à l'homme qui me faisait dessiner au CP (qui comme Monsieur Burel était à la fois instituteur et maire), à cette école dans un village qui m'a elle aussi accueillie quand j'étais en CM2 et qui présentait des similitudes avec celle qu'on voit dans le film puisqu'il s'agissait aussi d'une classe unique à plusieurs niveaux. Je me rappelais de ces années scolaires, d'automne à été, qui sont à jamais derrière moi et qui ne reviendront qu'en pensées tant qu'il y aura quelques feuilles tombées d'un arbre, sur mon chemin, comme ce joli témoignage qui a illuminé ma journée.

Sebabastien
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le 17 janv. 2016

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Sebabastien

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