Comme baptême du feu, on peut difficilement faire plus bourrin. Dev Patel voulait passer d'acteur à réalisateur, il aura connu la traversée d'un galérien. Porter quatre casquette (metteur en scène, producteur, co-scénariste et acteur bien sûr), il faut tenir le choc. Et on parle d'un film d'action ! À l'écran comme en dehors, Patel va être servi. Blessures au orteils et à la main, crise Covid qui menace le tournage, et décès d'un membre de l'équipe technique. Trois ans après cette expérience plus qu'extrême, Monkey Man sort du purgatoire. On le présente souvent comme un John Wick à Mumbai, il en joue aussi par quelques adresses plus ou moins amusantes (le chien, qui passe faire coucou). Mais Dev Patel tient à imprégner son histoire d'une culture hindou peu abordée hors de son continent, par le biais du mythe d'Hanuman ou des divinités Paravati/Shiva qui donnent d'autres couleurs à cette odyssée vengeresse. De manière plus terre-à-terre, l'intrigue surprend par une dimension sociale très accentuée quand il montre cette ville sans nom, théâtre des évènements, comme corps malade suintant l'inégalité par tous ses pores. Et qui est particulièrement mis en lumière avec le sort réservé aux Hijras, communauté transgenre persécutée en Inde, et qui deviennent ici alliés et figures d'une irrésistible rébellion. Autant d'éléments qui poussent à l'indulgence envers Monkey Man qui se révèle autrement plus maladroit dans sa mise en scène, son écriture et son rythme. Patel tente beaucoup et si certaines scènes de combat fonctionnent, il faut les attendre longtemps (avec supplément gore, s'il vous plait). La première heure est handicapée par une caméra à l'épaule un peu désagréable (à l'exception de certains transitions en plan subjectif). L'usage répété du flashback et de symbolique un peu pompière alourdit pas mal le visionnage. Enfin, l'utilisation et l'utilité de certains personnages secondaires laissent perplexe : la prostituée ou l'acolyte malgré lui, que le montage évacue et laisse aux rayons pertes et profits. Taillé un peu plus sec (15 minutes de moins) et on a un premier film plus fort. On ne peut cependant pas dire que Dev Patel y soit allé de main morte. Ce qui donne tout de même envie de l'encourager pour les prochaines fois.