Montana

Après "Coroner Creek" (1948), "les chevaliers du Texas" (1949), "Kansas en feu" (1950), voici le dernier opus de ma petite série Ray Enright, "Montana" (1950).

"Montana", c'est le seul Enright que j'avais vu (avec le brillant "The spoilers" mais que je n'ai pas pu revoir pour ma petite revue). Le re visionnage de "Montana" met en évidence qu'il sera inférieur aux trois premiers ci-dessus. Même que ça va être difficile de bien le vendre …

L'idée du scénario est très classique et a été moult fois traitée dans les westerns passés et à venir. Il s'agit de la lutte entre les éleveurs de bétail et les bergers de troupeaux de moutons.

Mais ça reste quand même intéressant, ici, car on y met en évidence quelques critères économiques qui justifient la nécessité de développer l'élevage de moutons au détriment de l'élevage de bovins, surabondants et peu rentables à cause, entre autres, du marché de la laine… Au Montana, dans les années 1870, on était irréductiblement opposé à ce que les moutons viennent cohabiter avec les vaches. Toute l'astuce du scénario sera de trouver le biais pour justifier l'entrée des moutons au Montana.

Au niveau de la distribution, les acteurs principaux sont Errol Flynn et Alexis Smith. Les deux acteurs ont joué plusieurs fois ensemble dont en particulier dans "Gentleman Jim".

Errol Flynn endosse le rôle du berger chargé de conduire ses moutons au Montana. Ce n'est plus tout-à-fait le fringant acteur qu'on a tous connu. Cependant, il y a quand même de beaux restes dont en particulier le sourire charmeur et le caractère un peu intrépide … Quant à Alexis Smith, elle est un des gros propriétaires de bétail qui va avoir à se battre contre Errol Flynn. Soupe au lait et s'emportant pour un rien, elle (ou sa libido, je ne sais pas) ne saura pas résister ni au sourire ni au charme de son ennemi. A moins que ce soit le costume bleu flashy de Flynn qui la désarçonne. Ou encore la guitare (d'occasion) qu'il lui offre dans une scène qui se termine par la superbe chanson "Reckon I'm in love" chantée à l'unisson par nos deux acteurs. Bon d'accord, on est un peu loin de la bagarre entre les bœufs et les moutons. Mais c'est beau !

Parmi les autres seconds rôles, on note Douglas Kennedy dans le rôle d'un autre gros proprio qui est intéressé par une alliance avec Alexis Smith et surtout un Paul E. Burns dans le rôle truculent d'un petit éleveur (de bœufs) ruiné.

Tout ceci va à peu près bien, bon an, mal an …

Là où ça se gâte un peu, c'est la mise en scène qui n'est pas terrible. Certes, le budget ne devait pas être là. Mais quand même. Les images de poursuite de bovins et de moutons qui sont le clou du spectacle, sont visiblement des collages où les cow-boys sautillent sur leur "cheval" en studio tandis qu'en arrière-plan, les bœufs galopent. Le problème, c'est que ça se voit un peu trop. Et puis des personnages apparaissent, font partie de l'histoire pour être oubliés (le chien de berger qui vient trahir son maître, le colporteur allemand dont on n'entend plus parler alors que son rôle avait une certaine importance, …). Pour être plus précis, le début du film tient tout-à-fait bien la route. C'est la deuxième partie qui semble un peu bâclée. Et je ne parle pas de la toute dernière scène (un peu rapide) que seul un enfant de moins de 12 ans peut trouver très émouvante. On sent qu'il fallait terminer fissa. Comme si on avait dépensé le budget et qu'il faille vraiment limiter les dépenses (le film ne dure que 1 h 16 minutes)

Disons, que je veux bien en rester sur cette dernière impression pour justifier (un peu au forceps) que c'est un film que j'ai bien aimé même si je reconnais qu'il était facilement perfectible ou que si le budget avait suivi, il aurait été très bien…

C'est la chanson "Reckon I'm in love" chantée par Errol Flynn et Alexis Smith et le regard d'Alexis Smith capable de passer de terriblement méchant à terriblement doux qui vont m'aider à justifier la note (un "peu" surévaluée, j'avoue)