Visite guidée de la Clooney's Institution of Arts

Bienvenue à la CIA, Clooney's Institution of Arts !
Notre directeur, M. Georges Clooney et nos guides très-estimés, John Goodman alias Pierrafeu, Jean Dujardin alias OSS117, Bill Murray alias Ghostbuster, Cate Blanchett alias Galadriel, Hugh Bonneville alias Grantham et Matt Damon alias David Webb, sont heureux de vous accueillir !

Pour votre sécurité, cette visite se fera casque sur la tête et requiert une préparation de type parcours du combattant sous tirs à balles réelles.
La suite se faisant en terrain miné, comme vous l'expliquera M. Damon, expert en la question, il est recommandé aux personnes fragiles ou impressionnables de profiter de la salle d'accueil et de la boutique de souvenirs: la musique d'atmosphère d'Alexandre Desplat leur apportera confort et détente.
Avertissement aux amateurs d'Ocean's Eleven, notre établissement n'est pas de ceux que fréquentent Danny Ocean ou Linus Caldwell même s'il arrive de les croiser par instant.

Le catalogue de notre collection

Parmi nos oeuvres les mieux conservées, les visiteurs pourront trouver:
- un Autoportrait de Rembrandt,
peint par Rembrandt d'après Rembrandt.

• le Portrait d'un jeune homme de Raphaël Sanzio,
  d'une frâicheur enfantine ou féminine.




• un Autoportrait de Raphaël Sanzio,
  peint par Raphaël, d'après Raphaël, d'une fraîcheur enfantine ou féminine. Bref, COMBO !




• le Portrait de Coco de Pierre-Auguste Renoir,
  un portrait enfantin.




• Saint Mathieu et l'Ange du Caravage,
  la touche unique du Caravage qui rendrait épique la scène de petit déjeuner de tout un chacun !




• le Portrait d'Isabella Coymans de Frans Hals,
  un portait féminin.




• Méléagre et Atalante de Peter Paul Rubens,
  une scène mythologique comme on les adore !




• L'Agneau mystique (ou Polyptique de l'Autel de Gand) de Van Eyk frères (Hubert et Jan),
  qui vaut bien la collection des cartes représentant les joueurs de foot !




• L' Astronome de Johannes Vermeer,
  Méliès, en mieux.




• La Madone de Bruges de Michel-Ange Buonaroti
  qui persiste à attaquer Georges Clooney pour attouchements répétés et harcèlement sexuel.




• un détail des Ménimes de Diego Velasquez,
  que l'on présente comme un tableau unique.




• un Picasso (sans doute faux)?
  Ah, non ! C'est une carte échappée de la Bonne Paye !

Et la belle et charmante Dame à l'hermine de Léonard de Vinci !
Combien aussi élégante et mystérieuse que la Joconde !

Et, un charmant angle de maison, bleuté, avec sa petite fontaine, son arbre, intitulé Der Alte Hof de ... de personne. Si le tableau est beau, nous préférons taire le nom de l'artiste. Encore un artiste dégénéré !

Et puis des cendres ...
Cachées derrière les lingots d'or toujours bien en forme, toujours mis en avant.
Des cendres ...
Les cendres de nombreux tableaux brûlés par les nazis du temps où, Hitler ayant lu un livre intitulé Farenheit 451, déposé par erreur dans son bureau par des gens excentriques issus d'une boîte bleue, ils se prenaient pour les policiers d'un monde futuriste de Ray Bradbury.
Ces cendres comme les restes de ce que M. Clooney présente volontiers comme une shoah méconnue où les victimes d'autodafés étaient les livres, les tableaux, les oeuvres d'art, la fin de toute culture, c'est à dire la fin du monde.

Tel est d'ailleurs le but que s'est fixé notre établissement !

Fonction de la Clooney's Institution of Arts

Nous avons à coeur, ici, à la CIA, de prouver envers et contre tous que l'art est plus important que les victoires militaires, que la santé de la Bourse et qu'il vaut bien que des hommes se sacrifient pour lui.
C'est pourquoi, notre devise, que vous avez pu apercevoir gravée au fronton de notre établissement, rappelle cette fameuse saillie de ce grand homme qu'on nomme William Churchill à qui l'on disait que l'on ne se battait pas pour la culture et qui a répondu: "Alors, pourquoi nous battons-nous ?"

Nous le prouvons à l'aide de trois tableaux que nous jugeons bon d'exhiber et d'analyser devant nos visiteurs les plus pointus ou les plus obtus. Ce sont des tableaux de nos très-estimés guides.

Le Cheval de Jean-Claude par Jean Dujardin et John Goodman

Scène étrange que cette scène où deux Monuments Men, Walter et Jean-Claude, s'arrêtent dans un pré pour aller caresser un cheval qui provoque leur admiration. Un cheval à qui Jean-Claude propose une cigarette, ce qui a pour conséquence de le faire fuir.
Un cheval qui fait oublier aux deux hommes qu'ils sont entourés de soldats nazis embusqués.
Scène étrange ? Scène symbolique.
Un vibrant hommage à l'art cinématographique montré comme rejetant la guerre et peut-être même la réalité. Un art cinématographique pour lequel on peut mourir même si "C'est con de mourir comme ça".
Hommage équestre ? Oui, si l'on veut bien se rappeler les travaux précurseurs du cinéma de Muybridge qui, en s'inscrivant dans une polémique scientifique autour du mouvement du cheval en course, décide de trancher la question grâce à la photographie d'un cheval au galop. Les photos alignées constituent une séquence cinématographique.
Un cheval qui craint une cigarette ? Exactement ! Belle référence aux incendies provoqués dans les premières salles de cinéma par des spectateurs fumeurs qui ignoraient le potentiel inflammable des films dans les bobines.

Le Calumet de la paix de Richard par Bill Murray

Autre scène, plus amusante, où Preston, l'un des Monuments Men est mis en joue par un jeune soldat allemand craintif. Richard découvre la situation léthale et décide de la désamorcer par la détente, s'asseyant, invitant les deux autres hommes à le faire et distribuant des cigarettes. Les hommes ne parlant pas la même langue connaissent la culture du western du calumet de la paix des indiens. Ce lieu commun culturel leur sert de substitut de langage.
Hommage à la culture, à la peinture, à la bande dessinée, à la littérature mais aussi une nouvelle fois au cinéma, puisque le jeune allemand traduit cette drôle de situation en disant: "John Wayne !"

La Madone de Donald par Hugh Bonneville et Georges Clooney

Diptyque central représentant d'une part Donald - le Monuments Man mal nommé - luttant jusqu'à la mort pour défendre le chef-d'oeuvre de Michel Ange, d'autre part, Frank consacrant sa vie entière à retrouver la Madone, faisant de celle-ci le symbole même de l'action de son groupe de soldats peu communs.
La preuve parfaite d'un art qui mérite qu'on lui sacrifie tout mais aussi et surtout la réactivation d'un vieux topos du roman historique, consistant à faire des monuments et des oeuvres d'art résistant au temps les témoins d'événements racontés que l'on veut présenter comme réels.

Ainsi s'achève notre visite.
Nous espérons que vous avez apprécié ce court aperçu et que vous reviendrez nombreux pour contempler les trésors de la CIA !