Mother of a Different Kind est le dernier film réalisé par David Chiang, l’acteur emblématique des studios Shaw Brothers. Celui-ci s’avère être l’un des plus dramatique. Outre son thème de prédilection, à savoir la comédie bon-enfant parfaitement caractérisée par ces pellicules que sont Double Fattiness, Mr Handsome ou encore The Wrong Couples, l’homme avait déjà tâté le terrain du drame social avec Silent Love ou bien encore My Dear Son, ce dernier mêlant habilement des genres diamétralement opposés. Ici, il signe un thriller d’ambiance qui empreinte les codes du slasher.

Et qui dit slasher, dit forcément un tueur psychopathe. Le récit, développé de façon sobre et efficace, nous dévoile l’identité du ce serial killer d’entrée de jeu. David Chiang a choisi de se concentrer sur la façon dont le tueur va s’y prendre pour réaliser avec sadisme ses méfaits plutôt que de développer une intrigue autour de celui-ci.
Et le rôle du psychopathe est endossé par le personnage d’une infirmière meurtrie par la mort de son fils, tué par un inspecteur de police en légitime défense dans le cadre d’une arrestation qui tourne mal. C’est Petrina Fung qui interprète ce personnage, une actrice qui a traversé les époques du cinéma de Hong Kong avec une carrière longue de plus de 50 ans et débutée à l’âge de 6 ans.
« Nurse Lam », qui était pourtant une personne sans histoire, va se retrouver métamorphosée par cette perte tragique et ne vivra désormais que pour une chose, la vengeance pure et simple, en transformant la vie du policier fautif, interprété par Lau Ching Wan (pas encore le monstre sacré local qu’il est aujourd’hui), en un véritable enfer.

Un face-à-face psychologique va se mettre en place entre les deux protagonistes principaux. Tout d’abord, on va suivre le personnage de Petrina Fung se rapprocher de celui de Lau Ching Wan en jouant la femme effacée et touchée moralement. Elle va devenir de plus en plus proche de l’entourage du flic pour gagner leur confiance, et ainsi petit à petit mettre en place son modus operandi en commençant par provoquer délibérément un accident de la route dans lequel la femme de Lau trouvera la mort. Elle dévoilera ensuite son vrai visage à notre héros tout en le faisant passer pour un parano vis à vis de ses proches qui ne le croiront pas lorsqu’il la désignera comme étant la personne coupable de cette mise en scène macabre. A partir de cette grosse demi-heure d’intro, on peut savourer et se laisser porter par l’histoire en suivant le pauvre Lau Ching Wan essayer de se sortir de ce mauvais pas.

Outre la prestation de Lau Ching Wan pour qui l’on éprouve une empathie profonde, le personnage de Petrina Fung est la grande réussite du métrage. Tout tourne autour d’elle et c’est tant mieux car c’est un personnage complexe comme on aime en découvrir. Imaginez un mélange entre la mère-courage dans Mother de Bong Joon Ho et la Kathy Bates sadique dans Misery.
On peut néanmoins regretter le choix du scénariste d’avoir inclut dans le récit une touche comique en la personne de l’actrice Veronica Yip, pour jouer ici la bouffonne de service qui casse l’aspect grave du film. Sans remettre en cause la prestation de l’actrice qui n’est pas mauvaise en soi, était-ce vraiment nécessaire ?

Mother of a Different Kind ponctue donc la carrière en tant que réalisateur de David Chiang. Il signe ici une réalisation correcte, exploite de bonnes idées mais son aspect très mid-90′s made in Hong Kong, à une période charnière de l’industrie cinématographique locale lui confère une ambiance parfois mollassonne. Je pense que si le film avait été réalisé 10ans plus tôt, le rythme aurait sûrement été plus pêchu. Mais je ne vais pas refaire l’histoire, et le résultat tient quand même correctement la route.
Supavince
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le 23 avr. 2014

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