Il n'y a pas de raison que je ne fête pas à ma manière Mai 68, parodie de révolution, organisée et dominée principalement par des gosses pourris gâtés pour pouvoir joyeusement péter la gueule à des gens venant pour la plupart des classes populaires, aux conséquences en grande majorité désastreuses, qui a fait que les termes de "respect", d'"autorité", de "valeurs" et d'"amour de la patrie" sont devenus synonymes de "fascisme", et à, en plus, fortement contribué à ouvrir la voie aux dictatures du politiquement correct et de la pensée unique. C'était la pensée de quelqu'un qui, en dehors des domaines des mœurs, de l'égalité des sexes et de l'écologie, a des pensées réacs sur tout et qui l'assume de plus en plus.


Mais bon essayons d'avoir un peu de recul et de se plonger dans l'esprit de jeunes gens qui ont essayé de changer le monde mais qui ont été surtout changé par lui, pour paraphraser une très belle, très juste et intemporelle réplique du chef d'oeuvre d'Ettore Scola Nous nous sommes tant aimés.


Romain Goupil, le réalisateur de ce documentaire est un de ceux-là. Dans la première partie, il va surtout parler de lui, peut-être un peu trop, un peu trop longuement, avec la lucidité du recul des années, l'inévitable regard désabusé, sans jamais essayer de cacher son côté ridicule et naïf à vouloir combattre des moulins à vent. Et puis petit à petit, il va laisser la place à notre mort à 30 ans, Michel Recanati, pas assez longtemps je trouve, un pur, un acharné, qui croyait vraiment et sincèrement en son combat (non pas le genre à faire semblant de combattre en ayant pour but une parcelle minable d'exposition médiatique lui permettant d'exprimer en toute impunité un peu trop son "amour" des enfants !). Il va tomber de haut d'un coup. La réalité n'est pas forcément tout le temps si déplaisante et si repoussante, mais malheureusement dans notre cas, elle n'oubliera pas d'être ensuite très vite cruelle (d'ailleurs cette partie est beaucoup beaucoup trop survolé, d'autant plus que le regard cynique et moqueur que j'avais jusque-là a laissé la place à la tristesse et à l'émotion !).


On a un portrait pas tout le temps intéressant un peu trop long, un autre après très intéressant mais pas assez long, et sur l'ensemble, celui intéressant d'une époque qui a laissé des traces, majoritairement négatives, mais qui dans le même temps donne l'impression d'être définitivement révolue, le positif qui aurait pu en ressortir ayant été définitivement détourné en négatif par des opportunistes.

Plume231
6
Écrit par

Créée

le 4 mai 2018

Critique lue 547 fois

23 j'aime

17 commentaires

Plume231

Écrit par

Critique lue 547 fois

23
17

D'autres avis sur Mourir à trente ans

Mourir à trente ans
ChatonMarmot
10

...c'est bien plus facile que devenir un vieux gland

A voir pour se faire une idée de l'ambiance de certains milieux militants du Paris post-68. J'ai vu ce film dans mon adolescence, et c'était probablement mon premier aperçu sur cette période. Je me...

le 31 mai 2018

12 j'aime

2

Mourir à trente ans
Jaymes
8

Utopie versus Idéologie

Un film/documentaire qui marque avant tout par son esthétisme, ses plans, annonçant la naissance de Romain Goupil en tant que réalisateur. Une œuvre forte par son engagement (ah, la vivacité de la...

le 22 sept. 2016

3 j'aime

Du même critique

Babylon
Plume231
8

Chantons sous la pisse !

L'histoire du septième art est ponctuée de faits étranges, à l'instar de la production de ce film. Comment un studio, des producteurs ont pu se dire qu'aujourd'hui une telle œuvre ambitieuse avait la...

le 18 janv. 2023

286 j'aime

19

Oppenheimer
Plume231
3

Un melon de la taille d'un champignon !

Christopher Nolan est un putain d'excellent technicien (sachant admirablement s'entourer à ce niveau-là !). Il arrive à faire des images à tomber à la renverse, aussi bien par leur réalisme que par...

le 19 juil. 2023

209 j'aime

29

The Batman
Plume231
4

Détective Batman !

[AVERTISSEMENT : cette critique a été rédigée par un vieux con difficile de 35 piges qui n'a pas dû visionner un film de super-héros depuis le Paléolithique.]Le meilleur moyen de faire du neuf, c'est...

le 18 juil. 2022

137 j'aime

31