Mr. Ricco
Mr. Ricco

Film de Paul Bogart (1975)

Marchant dans les pas des polars urbains des années 70 avec flics ripoux, poursuite en bagnoles, méchants psychopathes, ville actrice et héros teigneux, Mr. Ricco est malheureusement en retrait de ses modèles, ce qui explique sûrement la relative confidentialité du film. L’ensemble ressemble d’ailleurs à un téléfilm qu’à un véritable film. Si le début est engageant, la suite tombe rapidement dans un faux rythme. Scènes intimes a priori peu utiles au récit, enquête lâche, personnages secondaires multiples sans lien avec l’intrigue principale, la deuxième partie tire en longueur et gâche une introduction qui annonçait un film bien plus nerveux qu’on ne pouvait le craindre. Cependant l’ultime ligne droite surprend par sa noirceur et ses quelques scènes d’action plutôt bien fichues.


On reste, malgré tout, les fesses posées entre deux chaises tout au long du film. Tantôt il s’emballe efficacement, tantôt il s’embourbe dans des scènes mal fagotées. Par ailleurs, Dean Martin, s’il demeure toujours aussi charismatique, peine à convaincre quand il donne le coup de poing, son corps paraissant plus douloureux qu’autre chose. Les personnages secondaires, hormis celui interprété par Eugene Roche, sont souvent trop difficiles à cerner pour convaincre vraiment. Mais le plus décevant vient sûrement d’un final surprenant qui laisse sur sa faim. Refusant d’expliquer les motivations d’un tueur qui a passé le film à cibler ses victimes, on reste pour le moins perplexe. Cette absence d’explication, si elle fait le sel de certains films, n’apporte ici que frustration et interrogation. C’est d’autant plus dommageable que Paul Bogart avait trouvé le bon rythme pour emballer son final.


Mr. Ricco est donc un petit film qui évoque une série typique de l’époque plus qu'un long métrage. L’ensemble n’est pas désagréable, loin de là, l’atmosphère est réussie, mais le scénario est trop brouillon et les écarts de température d’une scène à l’autre sont trop souvent déroutants. On regrette aussi que le film s’achève dans un contexte nébuleux alors qu’il n’a pas manqué de jouer la carte de la digression sans que cette dernière apporte une véritable plus-value. Distrayant malgré tout.


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le 11 nov. 2022

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