On pourrait reprocher à Capra (ce qui vaut aussi pour son autre chef d’oeuvre It’s a wonderful life) son approche parfois manichéenne et moraliste de ses héros, dont la droiture et la naïve pureté peuvent en rebuter certains. On retrouve ici, un hymne glorificateur à cette amérique des boy-scouts, des pères fondateurs, qu’on peut trouver usante et artificielle après toutes ses années de soft power américain (et par l’absence des peuples amérindiens).
Sauf que le grand talent de Capra, par ses personnages (et acteurs), par ses grandes scènes, est de vous prendre par les tripes, et de vous emporter au-delà de ses défauts, de vous faire toucher au sublime par une exaltation du bon comme on en voit aujourd’hui peu. Car, même si on peut y trouver d’autres sujets fascinants (le rôle des médias, la complexité législative, la corruption, etc.) le coeur de son/ses films, c’est aussi ça, la bonté (love thy neighbors) et le vivre ensemble.
Et rien que pour ça, et pour James Stewart en Don Quichotte, le film devient grandiose.