Passé l’ébahissement de se retrouver devant ce casting 5 étoiles remplis d’acteurs aussi bons les uns que les autres (Éric Bana, Daniel Craig, MATHIEU KASSOVITZ ( !!!!!!!!), Geoffrey Rush…), il faut dire que le film ennuie un peu. Loin de la réussite de La Liste de Schindler, cela s’explique selon moi à cause de 2 principaux problèmes.
Le premier est que le film est construit de manière épisodique : ce sont surtout les scènes d’assassinats qui sont misent en valeur, ignorant les démarches de l’équipe du Mossad pour trouver ces hommes qui sont éparpillés aux 4 coins du monde. C’est pour cette raison que l’on n’a pas le temps de s’attacher réellement aux personnages (à part Avner et le personnage de Kassovitz, drôle et touchant) qui ont l’air de n’exister qu’à travers cette équipe. Cela est peut-être voulu par Spielberg, montrer la solidarité qui existe entre les hommes même dans le chaos, mais ici c’est « raté ». Hans (Hanns Zischler) passe complètement à la trappe, au milieu du film on se rend compte que lui aussi fait parti de l’équipe, ou encore Carl (Ciarán Hinds) qui est heureusement plus approfondi vers la fin du film.
Le deuxième problème découle du premier : il s’agit du rythme du film. On passe de scènes d’actions à de longs moments où il ne se passe pas grand-chose, comme la (très) longue séquence chez « papa » qui n’apporte absolument rien au film.
On peut aussi déplorer le fait que le film ne fait pas très « spielbergien » : un éclairage froid et moins travaillé à l’opposé de toute sa filmographie, le manque de plan ultra-inventif ou ultra-originaux, ou encore de plans séquences extrêmement bien millimétrés (à l’exception d’un seul, qui fait d’ailleurs plaisir à voir).
Cependant le film à quand même des qualités, à l’instar des personnages de Avner et de Robert (Kassovitz), ou encore les scènes d’assassinats qui arrivent à installer une grosse tension et expose le côté humain des Israéliens, tout comme la descente aux enfers de Avner. La musique de John Williams est très minimaliste, très peu présente, à part de temps en temps dans l’action avec la présence de tambours, qui souligne l’aspect Documentaire du film.
Mais Munich valait-t-il vraiment le coup ? Présenté comme étant inspiré de faits réels, il ne faut pas oublier que le Mossad n’a jamais parlé de cette mission et que donc les scénaristes ont pris la liberté de romancer par rapport à ce qui s’est réellement passé. D’ailleurs que s’est-il passé durant cette traque ? Nous ne le savons pas. Donc est-ce que Munich a lieu d’être ? Oui et non…
Oui parce que Spielberg est un réalisateur très attaché à l’Histoire et en particularité à l’Histoire des Juifs (comme le prouve La Liste de Schindler ou que lui même soit Juif) et que les Jeux Olympiques de 1972 ont marqués cette Histoire. Il est aussi très intéressant d’être du point de vu de ceux qui vont commettrent des attentas à l’encontre des terroristes Palestiniens, et de connaître ces personnes qui vivent et agissent dans l’ombre au service de grands pays, des gens comme vous et moi.
Non, car si le sujet de la haine entre Palestiniens et Israéliens est intéressant et mérite d’être traité au cinéma, cette partie de l’Histoire que raconte le film n’est pas avérée, il s’agit d’une création de l’auteur du livre et des scénaristes. Pourtant, tout l’intérêt de ce genre de film se trouve dans le fait qu’il raconte ce qu’il s’est réellement passé, et encore plus quand le film est « vendu » de cette façon.
Je pense que ce genre de débat à lieu d’être, et malgré ce film moins réussi que ses autres, je continue à admirer de toutes mes forces Steven Spielberg. Il ne faut absolument pas omettre le fait que suite à l’annonce que Spielberg allait réaliser Munich, celui-ci a reçu de nombreuses menaces de mort, mais qu’il a eu le courage d’allé au bout de sa démarche, rendre justice à ses personnes qui agissent dans l’ombre, en nous offrant un film certes décevant, mais rempli de bonnes intentions. Le tournage s’est déroulé dans des conditions très tendues suite aux menaces de morts qui planaient sur une partie de l’équipe.
C’est pour cette raison que je pense que Munich avait lieu d’être : il nous montre que le cinéma n’a pas de frontières et que rien, pas même la menace de mort, peut le faire plier, lui et tous les cinéastes. C’est un média fort, qui a une répercussion au-delà de la simple salle de cinéma.

Moilepatator
7
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le 2 janv. 2016

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