Libre de nager, sans jamais se retourner

La réalisatrice Antoneta Alamat Kusijanovic crée un beau film. Un drame qui ne cesse de nous transporter vers des territoires de plus en plus sombres. Un cauchemar que l'on suit à travers ce père, Ante ( Leon Lucev ) violent. Interprété au plus juste, et qui exerce un contrôle sur sa fille, Julija ( Gracija Filipovic ) une sirène un peu rebelle, qui plonge à ses côtés, dans ces profondeurs de liberté. L'Océan, où elle apprend à respirer, afin d'oublier sa présence qui chaque jour tente de l'étouffer, ainsi que sa femme, Nela ( Danica Curcic ) une mère qui essaie malgré tout de protéger sa fille, Julija, contre toutes ces paroles et ces gestes qui humilient, cette envie d'être supérieur, une masculinité imposante.

Arrive cet homme, Javier ( Cliff Curtis ) un ami de longue date de Ante, pour des affaires importantes. Un moment essentiel du scénario, où tous devient électrique, les sentiments qui s'accélèrent, s'intensifient dans le mécontentement de Julija face à sa vie, et celle de sa mère qui se rappelle tous ces beaux souvenirs, et ses regards volés, le bleu des mers, qui ne peut s'empêcher à nouveau de plonger dans ces yeux, et de voyager le temps d'une danse, à bord de ce bateau. À la fois sensuel et brûlant, comme le soleil d'une romance qui ne s'est jamais vraiment éteinte. Elle qui n'a pas su partir, découvrir cette autre île, celle qui chavire le cœur. L'histoire d'une rencontre entre Nela et Javier, et le rêve maintenant pour Julija de s'enfuir, s'éloigner un peu plus d'une mère bien trop soumise, passive devant un mari qui sait être charmeur en public, mais aussi colérique et toxique en privé. Un homme dangereux, qui ne veut pas voir grandir sa fille, préférant la laisser figer devant cet horizon lointain. Javier et toutes ces idées d'ailleurs.

Murina semble vouloir représenter Julija, comme un symbole d'espoir et de pouvoir, où plus les mots sont durs, plus elle devient forte, malgré les éléments psychologique qui rendent certaines situations extrêmes, parfois difficile, elle continue de se battre. Une bravoure dans sa lutte émotionnelle, pleine de crainte, causé par tous ces abus. Un film qui laisse une impression de paysage, où le décor ne serait que terreur dans la beauté, quelque chose que l'on ressent en parcourant toutes ces images.

Elijazz
7
Écrit par

Créée

le 4 janv. 2024

Critique lue 1.9K fois

28 j'aime

2 commentaires

Elijazz

Écrit par

Critique lue 1.9K fois

28
2

D'autres avis sur Murina

Murina
Marlon_B
7

Tuer le père

Après avoir laissé le temps au récit de se construire, Murina gagne en tension et nous fait plonger dans les abysses sentimentales et psychologiques d’une famille, finissant en apothéose avec ce...

le 5 mars 2022

10 j'aime

Murina
may_h10
8

Le Mustang croate

Il n’y avait pas foule en ce début d’après-midi au théâtre croisette pour la projection du premier long-métrage de la réalisatrice croate Antoneta Alamat Kusijanović. La mer, la roche, les plages de...

le 14 juil. 2021

8 j'aime

Murina
Richard_Martin
4

Critique de Murina par Richard_Martin

Quel film ! L'histoire reprend le scénario du film "la piscine" avec Delon, mais a la sauce croate. Vous vous en doutez, plus de mafieux, plus d'action et moins de piscine ! Et c est très bien vu ...

le 22 avr. 2022

6 j'aime

2

Du même critique

Mes rendez-vous avec Léo
Elijazz
6

Nus dans cette chambre

Dans cette même chambre d'hôtel, deux inconnus qui se rencontrent, une manière discrète et amusante, pour des pensée inavouables. Lorsque la porte s'ouvre, et qu'il découvre son sourire hésitant, des...

le 4 janv. 2024

51 j'aime

2

Murina
Elijazz
7

Libre de nager, sans jamais se retourner

La réalisatrice Antoneta Alamat Kusijanovic crée un beau film. Un drame qui ne cesse de nous transporter vers des territoires de plus en plus sombres. Un cauchemar que l'on suit à travers ce père,...

le 4 janv. 2024

28 j'aime

2