En bon fanboy d'Orelsan, difficile de manquer un film auquel celui-ci prêtait sa voix. D'autant plus que les bande-annonces avaient quand même l'air d'envoyer du pâté. Et pendant le visionnage... j'ai eu l'impression d'un film très inégal dans ses éléments, mais tout de même divertissant dans l'ensemble. Explications.


Déjà, Mutafukaz a de nombreux points forts. Ce qui se remarque tout de suite, c'est la qualité des arrière-plans et du chara design. N'ayant pas lu la BD, je ne peux pas tenter de comparaison, mais les fonds dans les tons ocres/gris/rouges rendent très bien. L'atmosphère Dark Meat City, caricature du mode de consommation à base de déchets jetés n'importe où, fait réagir. On note également le dynamisme et la tension présente dans les scènes d'action, ces gunfights de ghettos particulièrement jouissifs, appuyés par une musique mélangeant allègrement trap, rap et dubstep, pour des résultats qui ne laissent pas de marbre (on remerciera The Toxic Avenger pour cette bande-son qui colle parfaitement à l'atmosphère globale). Ainsi, suivre la survie des protagonistes à travers ces scènes, où ils se tirent de situations désespérées, est plutôt grisant.
Tant que j'y suis, je pourrais aussi nommer quelques bonnes idées qui m'ont marqué : la musique du camion de glaces qui se mêle à l'instru comme un sample, le gangster qui récit du Shakespeare, le rapport de forces complexe-mais-pas-trop incluant des catcheurs-gardiens de l'ordre du monde...


Mais il y a aussi des points négatifs. Déjà, le film a du mal à trouver son ton, entre serious business autour de la capture d'Angelo et tentatives périodiques de briser le quatrième mur. En résulte un côté "passage du coq à l'âne" qui sort du film par moments. De plus, la conclusion est légèrement décevante : ce n'est pas parce que les ennemis principaux ne sont pas là que tout rentre dans l'ordre... et ce n'est pas le cliffhanger de la fin, certes assumé, qui prouvera le contraire. Autre problème, qui n'en est pas vraiment un : Angelino a la voix d'Orelsan. C'est ce qu'on se dit à chaque fois qu'il parle. Un peu comme pour Saitama dans One Punch Man, d'ailleurs. Du coup, difficile de faire abstraction de ce détail... Chose amusante : pour Gringe-Vinz, par contre, aucun problème. Peut-être sa voix est-elle moins particulière, ou peut-être son intentionation est-elle différente que pour son rap, je ne sais pas. Et dernier point : comme histoire d'amour, on aura vu mieux ! Peu développée, avec une fille qu'on ne voit presque pas à l'écran, introduite avec une certaine dose de cliché, et donnant lieu à la réplique la plus gênante du film vers la fin.


Le film alterne donc les hauts et les bas selon le critère analysé... mais le film reste assurément bon dans sa globalité. Je recommande le visionnage, en tout cas.

ChevalierPetaud
8
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le 10 mai 2018

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