Mutants
Mutants

Court-métrage de Alexandre Dostie (2016)

Le personnage principal, Keven (Joseph Delorey) est un adolescent qui joue au baseball dans le club "Les Mutants" entrainé par un paraplégique (Francis La Haye) qui affiche d’emblée une gouaille ravageuse. L'ambiance générale est à l'avenant. Ce qui frappe avant tout ici, c'est un humour très percutant, qui ne craint pas d'aborder des sujets très scabreux (aspect sexuel décomplexé). De plus, Alexandre Dostie (le réalisateur) sait parfaitement ménager ses effets, sur une durée de 16 minutes qui permet au spectateur de s'attacher à différents personnages : outre Keven, on remarque Kelly (Tanya Quirion), une fille qui joue dans la même équipe et dont on sent rapidement l’intérêt qu’elle porte au jeune homme et puis bien sûr l'entraineur, handicapé mais pas impuissant...


En plus du savoureux vocabulaire imagé des canadiens, le ton est très décontracté et emporte immédiatement l'adhésion du spectateur pas trop coincé. On rit franchement dès le début, surpris par ce ton et par les situations, ainsi que par les personnages. Ce qui ne veut pas dire que le réalisateur ne chercherait qu'à mettre le spectateur dans sa poche en le faisant rigoler de bout en bout. En effet, la fin surprend avec son changement de ton. On le sentait venir, même si on n'imaginait pas forcément les circonstances. A cette occasion, le réalisateur montre sa capacité à filmer avec subtilité, puisque le spectateur observe deux événements qui se produisent en même temps (avec influence de l’un sur l’autre), au premier plan et en arrière-plan, deux personnages ayant une perception différente de ce qui se passe à quelques mètres d’eux.


Les personnes ne comprenant rien au baseball n’en apprendront pas plus avec ce court métrage (Canadian Screen Award 2017 du meilleur court métrage), signé Alexandre Dostie, réalisateur sans complexe qui dégage une incroyable énergie, ainsi qu’un bel appétit de filmer et de montrer des personnages hors normes. Un peu gonflé (à l’image de l’état d’esprit du réalisateur), le titre peut donner une idée un peu déformée de ce que le film montre, sans qu’on puisse lui reprocher quoi que ce soit au final. Par contre, ce final met mal à l'aise, car le réalisateur se montre capable d'un jusqu'au-boutisme qui va aussi bien dans le sens positif (humour) que négatif (noirceurs de l'existence). Mon interprétation est que l’humour, la décontraction et le vocabulaire à l’avenant reflètent un état d’esprit, une façon d’affronter la vie et ses difficultés (le film s’attache plus particulièrement à celles rencontrées par Keven). Tout cela peut cacher une grande sensibilité et une tuile comme l’existence en réserve peut jouer le rôle de révélateur.


Pour le voir : https://vimeo.com/220643959

Electron
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le 28 juin 2017

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